Un dieu disparu, un renard rusé et un monde souterrain : une étude traduit le fragment d’un mythe sumérien vieux d’environ 4 400 ans




Extrait de l'article:

Une tablette d’argile oubliée, exhumée des ruines de la cité antique de Nippur, en Mésopotamie, intrigue les chercheurs depuis plus d’un siècle. Fragmentaire, à moitié illisible, cette tablette connue sous le nom de Ni 12501 dormait dans les collections sans jamais avoir été complètement analysée. Grâce aux travaux récents de la chercheuse Jana Matuszak, ce vestige de l’époque sumérienne refait surface, livrant les fragments d’un récit mythologique fascinant : celui d’un dieu de la pluie emprisonné dans les ténèbres, et d’un renard rusé qui tente de le sauver. Une histoire étonnamment riche pour une civilisation vieille de plus de 4 000 ans, qui éclaire d’un jour nouveau la pensée religieuse et la vision du monde des Sumériens.

Une civilisation complexe au cœur de la Mésopotamie

Vers 2400 avant notre ère, la région qui correspond aujourd’hui au sud de l’Irak était le berceau d’une des premières civilisations urbaines de l’histoire humaine : Sumer. Organisée en cités-États politiquement autonomes comme Ur, Uruk, Adab ou Nippur, cette civilisation partageait pourtant des pratiques religieuses, une langue écrite (le sumérien) et un panthéon commun. Chaque ville avait sa propre divinité tutélaire : à Nippur, c’était Enlil, le dieu du vent et chef suprême du panthéon.

C’est dans ce contexte que fut rédigée la tablette Ni 12501, datée de la période dynastique IIIb. Elle a probablement été créée à Nippur, centre religieux majeur de Sumer, dans un cadre rituel ou éducatif. Pourtant, malgré sa découverte dès le XIXe siècle, cette tablette n’avait jamais fait l’objet d’une étude approfondie, en partie à cause de son mauvais état de conservation. Ce n’est que récemment qu’elle a été déchiffrée, révélant un récit mythologique singulier.

Un dieu de la pluie emprisonné dans les profondeurs

Le cœur du récit inscrit sur la tablette Ni 12501 repose sur la disparition d’un dieu secondaire mais essentiel : Ishkur, dieu de l’orage et de la pluie. Dans une région semi-aride où l’agriculture dépendait principalement de l’irrigation, les précipitations restaient rares mais précieuses. C’est dire l’importance symbolique de ce dieu dans la vision du monde sumérienne.

L’histoire commence par une scène d’abondance : des rivières peuplées de poissons, des pâturages remplis de vaches colorées, appartenant à Ishkur. Puis, brusquement, tout bascule. Ishkur est capturé et emmené dans le kur, le monde souterrain sumérien. Avec lui, ses vaches sont également enlevées. Le texte laisse entendre que des enfants naissent mais sont aussitôt engloutis par le kur, peut-être une métaphore pour la famine ou la sécheresse qui s’installe après la disparition du dieu de la pluie.

Enlil, les dieux impuissants, et le renard qui ose

Face à la disparition de son fils, Enlil convoque une assemblée des dieux pour organiser une mission de sauvetage. Mais aucun dieu ne se porte volontaire. Seul un personnage inattendu accepte : le renard. À ce jour, Ni 12501 contient la plus ancienne mention connue de cet animal en tant que figure rusée dans un récit littéraire.

Le renard s’aventure dans le monde souterrain et accepte l’hospitalité de ses habitants — nourriture et boisson — mais les cache discrètement sans les consommer. Ce geste, à la fois rusé et prudent, semble lui permettre de poursuivre sa mission sans tomber sous l’envoûtement du kur. La suite du récit est malheureusement perdue, mais les chercheurs supposent qu’il parvenait à sauver Ishkur, rendant possible son retour et le retour des pluies.

Un mythe aux résonances agricoles et cosmologiques

Au-delà de son intrigue, ce récit fragmentaire est riche de significations symboliques. Il reflète probablement un mythe de la mort et du retour du dieu de la pluie, calqué sur le cycle agricole : la disparition de la fertilité, suivie de son retour grâce à l’intervention d’un médiateur. On retrouve ici une structure narrative proche de nombreux mythes du Moyen-Orient ancien, comme ceux de Dumuzi ou d’Inanna.

La figure du renard introduit aussi un motif littéraire universel : celui du héros inattendu, rusé, qui réussit là où des êtres puissants échouent. Ce thème connaîtra une longue postérité dans les contes populaires et la mythologie mondiale.

Une porte entrouverte sur la pensée sumérienne

Bien que très partiel, ce texte apporte un éclairage unique sur la richesse de la mythologie sumérienne, souvent éclipsée par les grands récits babyloniens plus tardifs. Il montre que même les divinités mineures pouvaient faire l’objet de récits élaborés, et que les Sumériens avaient déjà élaboré des récits complexes pour expliquer les cycles naturels et sociaux qui rythmaient leur existence.

La redécouverte de Ni 12501 souligne aussi l’importance du travail patient de déchiffrement et d’analyse des tablettes mésopotamiennes. Car au-delà des fragments, c’est toute une vision du monde qui se dessine — une vision où dieux, animaux et éléments naturels sont intimement liés dans un fragile équilibre que seule la ruse ou l’intervention divine peut rétablir.




 

Cette nouvelle espèce de dinosaure découverte ne rugissait pas (elle gazouillait comme un oiseau)



Extrait de la nouvelle:

Et si les dinosaures n’avaient jamais rugi ? Une nouvelle découverte paléontologique en Chine révèle qu’un petit dinosaure herbivore du Jurassique émettait probablement des sons proches de ceux des oiseaux modernes. Cette avancée remet en question l’image sonore des dinosaures, ancrée dans l’imaginaire collectif depuis des décennies.

Une découverte inattendue au cœur du biote de Yanliao

Dans le nord-est de la Chine, la formation de Tiaojishan, un site fossilifère d’exception appartenant au biote de Yanliao, a livré un fossile extraordinaire : un squelette quasi complet d’un petit dinosaure inconnu, long d’à peine 60 centimètres. Baptisé Pulaosaurus qinglong, en hommage à un dragon mythique chinois connu pour son cri, ce dinosaure a été daté du Jurassique supérieur, entre 150 et 165 millions d’années.

Il s’agit du tout premier néornithischien jamais découvert dans cette région, réputée pour ses fossiles de petits théropodes et d’oiseaux primitifs. Cette trouvaille vient donc combler une lacune majeure dans notre compréhension de l’évolution des dinosaures herbivores.

Un dinosaure qui chantait ?

Mais c’est surtout un détail anatomique qui a attiré l’attention des chercheurs : la présence d’os fossilisés du larynx. C’est extrêmement rare. À ce jour, seuls deux spécimens fossiles de dinosaures ont révélé des éléments du larynx, et Pulaosaurus est l’un d’eux.

Les structures allongées, en forme de feuilles, rappellent fortement celles des oiseaux modernes. Or, chez les oiseaux, le larynx joue un rôle essentiel dans la production vocale. Cette similarité suggère que Pulaosaurus qinglong pouvait émettre des sons, non pas puissants et gutturaux, mais peut-être aigus, légers, et proches de gazouillis.

Cette hypothèse remet en cause l’idée populaire — largement véhiculée par le cinéma — d’un monde de dinosaures dominé par des rugissements tonitruants. Au contraire, certains d’entre eux communiquaient peut-être comme des oiseaux, en utilisant des vocalisations plus subtiles pour interagir.

Une nouvelle pièce du puzzle évolutionnaire

Sur le plan évolutif, Pulaosaurus qinglong appartient au groupe des Néornithischia, un sous-ensemble des Ornithischiens, ces dinosaures herbivores au bassin orienté vers l’arrière, proche de celui des oiseaux. Jusqu’à présent, les fossiles de ce groupe étaient très peu représentés dans le biote de Yanliao. Cette découverte vient donc enrichir considérablement la diversité connue de la région et donne un aperçu précieux de l’évolution précoce de ces dinosaures.

Une analyse phylogénétique a confirmé que ce dinosaure était l’un des plus anciens néornithischiens connus. Son étude permet donc de mieux retracer l’histoire évolutive de ce groupe et de comprendre les dynamiques de diversification au Jurassique supérieur.

Une anatomie adaptée à la vie végétarienne

Au-delà de ses capacités vocales, Pulaosaurus intrigue également par ses habitudes alimentaires. L’analyse de la cavité abdominale a révélé la présence de petits cailloux ronds, semblables à ceux utilisés par certains oiseaux pour broyer leur nourriture, ainsi que des empreintes pouvant correspondre à des graines. La forme de ses dents, sa mâchoire et sa langue indiquent qu’il se nourrissait probablement de végétaux tendres, tels que des fougères ou de jeunes pousses.

Cette morphologie conforte l’idée que ce dinosaure occupait une niche écologique bien précise au sein de son environnement : celle d’un petit herbivore forestier, discret mais parfaitement adapté à son époque.

Un dinosaure miniature, mais une avancée majeure

La découverte de Pulaosaurus qinglong dépasse le simple cadre paléontologique. Elle nous oblige à reconsidérer en profondeur l’image que nous avons des dinosaures, non seulement en termes d’apparence — de plus en plus de preuves suggèrent qu’ils étaient couverts de plumes — mais aussi en termes de comportement et de communication.

Ce petit dinosaure au cri d’oiseau symbolise un tournant : celui d’une science qui avance à mesure que la technologie progresse et que de nouveaux fossiles émergent du passé. Et il rappelle que, parfois, les plus grandes révélations viennent des plus petites créatures.

Une nouvelle voix pour les dinosaures

Longtemps considérés comme de puissants colosses rugissants, les dinosaures révèlent aujourd’hui une tout autre facette de leur existence. Grâce à des découvertes comme celle de Pulaosaurus, nous comprenons que certains d’entre eux vivaient peut-être dans un monde sonore plus riche, plus varié — et plus familier qu’on ne l’imaginait.

La science continue de réécrire l’histoire des dinosaures, non plus à coups de griffes et de crocs, mais à travers les empreintes délicates d’un cri oublié depuis 150 millions d’années.




La roche Maranda (Guy Rousseau)



Sur l’Île d’Orléans, à la limite de Sainte-Pétronille et de Saint-Laurent, se trouve la roche Maranda, immense pierre de près de sept mètres de diamètre. La géante semble faire partie du décor depuis toujours. Or, elle a déjà voyagé sur des milliers de kilomètres avant de se poser dans le champ d’un insulaire. 

Trouvé ici.


Le site archéologique de l'Île-aux-Tourtes (Claudiane Thibaudeau)





Le site archéologique de l'Île-aux-Tourtes présente un intérêt patrimonial pour sa valeur archéologique. Plusieurs campagnes de fouilles y ont été menées au cours des années 1990 et 2000. Différentes phases d'occupation du site ont pu être documentées grâce à ces recherches. Certaines découvertes laissent croire que l'endroit a notamment servi de lieu de sépulture au cours de la préhistoire. Des os blanchis inhumés dans une fosse recouverte de pierres plates empilées rappellent un rituel funéraire associé à la période du Sylvicole inférieur (3000 à 2400 ans avant aujourd'hui). Des tessons de céramique et des outils lithiques découverts sur les lieux appartiennent à différentes époques préhistoriques. Une zone commerciale liée à la traite des fourrures, antérieure à la mission, a été identifiée. Divers éléments témoignent pour leur part de la mission du XVIIIe siècle. Les vestiges de l'église sont encore présents sur le site et plusieurs sépultures datant de l'époque de la mission ont été découvertes dans le cimetière établi à proximité. Des pierres ayant possiblement servi à soutenir les pieux de la palissade évoquent les ouvrages militaires qui ont été construits sur les lieux et la présence de plusieurs aires d'habitation suggère l'emplacement du village autochtone. Par ailleurs, le site, dont plusieurs sections n'ont pas encore été explorées, conserve un important potentiel de recherche.

Trouvé ici.


The Ordovician Shallow Seas Diorama (Smithsonian)




Ce diorama de la vie ordovicienne a été réalisé en 1955 par George et Paul Marchand, nés dans un monde de dioramas de musée et d'art détaillé. Leur père, Henri Marchand, a étudié la sculpture auprès du célèbre Auguste Rodin en France, puis s'est installé avec sa femme Clothilde pour travailler aux États-Unis au New York State Museum. George et Paul ont collaboré avec leur père pour créer des dioramas époustouflants du monde naturel. Les Marchand ont poursuivi leur travail au Buffalo Museum of Science et, dans les années 1930, George et Paul ont repris le travail de leur père sur les dioramas. Les Marchand ont été les pionniers de techniques de création de scènes réalistes, grandeur nature, qui trompaient l'œil avec leurs arrière-plans incurvés et leurs spécimens empaillés.

Depuis lors, on a beaucoup appris sur ces fossiles étonnants. Qu'ont découvert les scientifiques ?

L'algue verte est hypothétique et probablement erronée. Les éléments qui ressemblent à des algues dans les dioramas pourraient être des interprétations erronées de ce que nous savons aujourd'hui être des traces fossiles. Si de véritables algues étaient représentées, elles aussi seraient courbées par le courant.

Dans les années 1970, les scientifiques ont utilisé pour la première fois des submersibles en eaux profondes pour explorer l'océan. Grâce à ces observations directes, nous savons aujourd'hui que les crinoïdes modernes s'inclinent avec le courant, les bras écartés formant un large cône. Il est donc probable que ces crinoïdes préhistoriques n'étaient pas aussi droits et tournés vers le haut.

Les coraux rugueux (« cornes ») sont représentés à la verticale. Les coraux modernes de forme similaire sont enfouis, seul le polype étant exposé ; nous les représenterions donc désormais sur ou dans le fond marin.

Comme leurs cousins plus petits du diorama, les grands céphalopodes nautiloïdes à coquille droite ne se reposaient pas passivement sur le fond marin. Il s'agissait probablement de prédateurs mobiles, nageant (à reculons, par propulsion par réaction) et chassant au ras du fond.

Les ventouses sur les tentacules de ces nautiloïdes pourraient être incorrectes. Leurs tentacules auraient pu avoir des gaines tentaculaires (comme le Nautilus moderne) plutôt qu'aucune (comme la pieuvre moderne).

Trouvé ici.


Virtual Silurian Reef Site (Field Museum)



Dans cette mer silurienne, les stromatoporoïdes et les coraux tabulés ont construit d'anciens récifs. Les prairies de crinoïdes et les fourrés de bryozoaires ont déjoué les forts courants, tandis que les stromatoporoïdes et les bryozoaires encroûtants ont lié et cimenté les sédiments meubles et la vase. Les céphalopodes nautiloïdes orthoconiques sillonnaient les récifs à la recherche de leurs proies : les trilobites, des arthropodes rampants et fouisseurs de boue aujourd'hui disparus. Pendant ce temps, des bancs denses de milliers de brachiopodes pentamérides filtraient l'eau pour se nourrir. Dans le Wisconsin, les récifs atteignaient 10 mètres de haut dans des eaux peu profondes, tandis qu'au sud, dans l'Illinois, des eaux plus profondes ont permis aux récifs de prospérer et de dépasser les 100 mètres de haut. Jusqu'alors, il s'agissait des plus grandes structures biologiques produites et de la biodiversité la plus riche au monde.

Trouvé ici.


Honeyman's Silurian Paradise (Nova Scotia Museum)




Un diorama du musée de la Nouvelle-Écosse représentant le fond marin du Silurien montrant un trilobite, un nautiloïde orthocère, un brachiopode et des gastéropodes.

Trouvé ici.


Diorama de la vie marine du Silurien (Institut de recherche paléontologique d'Ithaca)



Diorama de la vie marine du Silurien, autrefois exposé au Musée national d'histoire naturelle de la Smithsonian Institution. Il est aujourd'hui conservé à l'Institut de recherche paléontologique d'Ithaca, dans l'État de New York.

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Chondrites



Trouvé sur l'île d'Anticosti.

Explication d'André Desrochers: Il s’agit de la trace fossile Chondrites, généralement conservée sous forme de petits terriers ramifiés, de diamètre uniforme, qui ressemblent superficiellement à des racines de plante. On observe ces structures fréquemment dans les roches sédimentaires de l’île d’Anticosti et, plus largement, dans les dépôts du Paléozoïque. L’organisme à corps mou à l’origine de ces structures demeure inconnu. Nous avons plusieurs beaux exemples dans nos collections. 


De la découverte au documentaire : les roches anciennes qui ont captivé le public



Extraits de l'article:

Les paysages époustouflants du Nunavik, un territoire inuit situé au nord du Québec, abritent des roches vieilles de 4,3 milliards d’années qui sont possiblement les plus anciens témoins de l’histoire primitive de la Terre. Les recherches du professeur Jonathan O’Neil ont attiré l’attention de Savoir média, qui a parlé de son travail dans La préhistoire du Québec. La série documentaire a ainsi permis de rendre accessibles et attrayantes des recherches géologiques complexes.

Le professeur O’Neil étudie la formation des roches ainsi que leur structure, leur composition chimique et leur âge pour éclaircir le mystère des débuts de la Terre. Ses recherches portent plus particulièrement sur l’Hadéen (entre 4,6 et 4,0 milliards d’années avant notre ère) et l’Archéen (entre 4,0 et 2,5 milliards d’années), pendant lesquels se sont formés la croûte terrestre et l’environnement primitif de la planète.

Son équipe étudie des affleurements rocheux anciens situés près de la communauté d’Inukjuak, au Nunavik. Ces roches, dont l’âge est estimé à environ 4,3 milliards d’années, agissent comme des capsules temporelles : elles contiennent des indices sur l’origine de la première croûte terrestre et offrent des rares pistes sur l’environnement tectonique qui régnait à l’époque. Puisque certaines d’entre elles se sont probablement formées au fond d’un océan ancien, elles pourraient même contenir des indices sur les premières réserves d’eau et sur les débuts de la vie sur Terre. « On étudie en quelque sorte l’ADN de la roche, explique le professeur O’Neil. Ça nous aide à avoir une idée plus claire de ce à quoi ressemblait la Terre et des mécanismes par lesquels la croûte terrestre s’est formée. »

Pour étudier et dater ces échantillons, le professeur O’Neil utilise une méthode fondée sur les radioactivités éteintes au lieu de la méthode à l’uranium et au plomb qui est généralement employée pour connaître l’âge des roches anciennes. « La datation uranium-plomb fonctionne bien pour les roches qui contiennent des minéraux précis comme le zircon, précise-t-il. Le problème, avec les roches qu’on étudie, c’est qu’elles ne contiennent pas ces minéraux. » Les techniques sophistiquées qu’il emploie permettent à son équipe d’étudier un passé lointain et d’en apprendre plus sur les premiers processus géologiques de la Terre. « Les roches sont un peu comme des livres : chaque couche est un chapitre qui raconte l’histoire de notre planète », ajoute le professeur.

La préhistoire du Québecnorth_eastlien externe, une docusérie de dix épisodes animée par Patrick Couture, enseignant et vulgarisateur scientifique, donne vie au passé lointain du Québec. Il s’agit d’une adaptation pour la télévision d’une série de livres pour enfants dont il est l’auteur et pour laquelle il a collaboré avec Savoir média. La série explore un éventail de sujets allant de la formation de la planète à l’arrivée des premiers êtres humains dans la province. Elle parle des créatures extraordinaires et des événements marquants qui ont fait du territoire ce qu’il est.

Le premier épisode, intitulé « La naissance du territoire », contient des séquences filmées à l’Université d’Ottawa et au Nunavik. L’animateur visite le laboratoire du professeur O’Neil pour savoir comment les roches anciennes qu’il étudie, des fragments de la première croûte terrestre, sont une source précieuse d’information sur l’histoire ancienne de la Terre. L’épisode traite aussi de nouvelles preuves de l’existence d’une vie microbienne ancienne qui suggèrent que la vie pourrait être apparue plus tôt qu’on le croyait jusqu’à maintenant et avoir été préservée dans les roches du Nunavik.

« La diffusion de chaque épisode a suscité un grand intérêt pour la géologie, observe le professeur O’Neil. De nombreuses personnes ont pris contact avec nous pour poser des questions et exprimer leur curiosité. Ce type d’engagement auprès du public est essentiel, car il aide les gens à comprendre en quoi nos recherches sont importantes. Il permet de transformer des idées scientifiques complexes en histoires fascinantes sans déformer les faits, suscitant ainsi la curiosité d’un vaste public. » La série a été mise en ligne au printemps 2023 et diffusée pour la première fois sur Télé-Québec en avril 2025.

L’équipe de recherche remercie sincèrement les Inuit d’Inukjuak de l’aide précieuse que la communauté lui a apportée. Elle est aussi reconnaissante qu’elle lui ait donné accès à son territoire. Sans cet accès, et sans la confiance et l’appui de la population locale, l’équipe n’aurait pas pu accomplir tout ce qu’elle a accompli. Le succès de ces recherches montre qu’il est important d’établir des relations de collaboration respectueuses dans la pratique de l’exploration scientifique.


Life's emergence from non-living matter found more complex than previously understood



Extrait de l'article:

A new study published in July 2025 tackles one of science's most profound mysteries—how did life first emerge from nonliving matter on early Earth? Using cutting edge mathematical approaches, researcher Robert G. Endres from Imperial College London has developed a framework that suggests the spontaneous origin of life faces far greater challenges than previously understood.

The study, published on the arXiv preprint server, focuses on the difficulty of assembling structured biological information under what could be reasonably expected prebiotic conditions, showing just how hard it would be for the first living cell to form naturally on early Earth. Think of it like trying to write an article about the origins of life for a well renowned space based website by randomly throwing letters at a page. The chances of success become astronomically small as the required complexity increases.

Endres applies information theory and algorithmic complexity to understand what it would take for the first living cell, called a protocell, to spontaneously assemble from chemical building blocks. This mathematical angle reveals just how improbable such an event would be under natural conditions.

The research suggests that relying purely on chance and natural chemical processes may not adequately explain life's emergence within the timeframe available on early Earth. The tendency for systems to become more disordered rather than more organized, presents significant obstacles to the formation of the highly organized structures necessary for life.

This doesn't mean life's origin is impossible, but rather that our current understanding may be incomplete. The study emphasizes that uncovering physical principles for life's emergence from nonliving matter remains a grand challenge for biological physics.

While maintaining scientific rigor, the paper acknowledges that directed panspermia, originally proposed by Francis Crick and Leslie Orgel, remains a speculative but logically open alternative. This hypothesis suggests that life might have been intentionally seeded on Earth by advanced extraterrestrial civilizations, though the author notes this idea challenges Occam's razor, the scientific principle favoring simpler explanations.

This research doesn't disprove the possibility of life emerging naturally on Earth though. Instead, it quantifies the mathematical challenges involved and suggests that we may need to discover new physical principles or mechanisms that could overcome these informational barriers. The work represents an important step toward making the study of life's origins more mathematically rigorous.

The study also reminds us that some of the universe's greatest mysteries still await solutions, and that combining mathematical precision with biological questions can reveal new depths to age old puzzles about our existence.



 

Manicouagan 5 (1964)

Ce vidéo mentionne la profondeur inattendue de la rivière Manicouagan (voir autour de 5:30 ey 16:30).

Le professeur Lajeunesse a publié un papier sur le sujet en 2014.






Un village pas comme les autres





Extrait de l'article:

De tous les villages iroquoiens connus dans la région du Saint-Laurent et des Grands Lacs, le site Mandeville est unique. Les fouilles effectuées pendant de nombreuses années ont permis de constituer l’une des plus imposantes collections de toute la Laurentie iroquoienne.

Vases domestiques, petits contenants, pipes… Nombreux et diversifiés sont les objets façonnés dans l’argile cuite. À elles seules, les collections céramiques justifient amplement l’étiquette de « site exceptionnel ».

Fouillé par les archéologues entre 1969 et 1975, le site Mandeville soulevait des questions quant à son emplacement en bordure de la rivière Richelieu, à 8 km en amont du fleuve Saint-Laurent. Était-ce un camp de pêche ? Cette terrasse naturelle surplombant une rivière riche en poissons laissait croire que des pêcheurs auraient pu s’y installer. Or, le site Mandeville accueillait plutôt un étonnant village d’environ 250 habitants répartis dans cinq maisons-longues.

En plus des cinq maisons-longues contemporaines, les chercheurs ont observé plusieurs superpositions d’habitations, ce qui laisse croire en une occupation prolongée au même endroit. Tous les indices de la culture matérielle comme la poterie et la datation au carbone 14 suggèrent une occupation du site entre 1500 et 1525 de notre ère.

Toutefois, la rivière Richelieu, qui s’appelait « rivière aux Iroquois » à l’époque de Samuel de Champlain, était empruntée pour se rendre au pays des Mohawks et de la ligue des Cinq Nations – Haudenosaunee. Comment alors expliquer que le site Mandeville, installé le long de cette rivière, ne soit pas entouré d’une palissade pour se protéger, comme c’était le cas pour d’autres villages iroquoiens, dont celui d’Hochelaga sur l’île de Montréal visité par Jacques Cartier en 1535? Les milliers d’artefacts récupérés sur le site de Mandeville témoignent d’une occupation qui s’est déroulée pendant une période de paix et de prospérité.

Des potières talentueuses

Le site Mandeville se démarque également sur le plan culturel, notamment par l’exceptionnelle production artistique des potières, qui s’avère d’une grande diversité.

Les vases domestiques figurent en grand nombre avec 537 contenants mis au jour. On compte au moins trois formats de vases domestiques : les gros vases d’entreposage, les vases réguliers et les vases emblématiques, richement décorés de motifs géométriques complexes.

Les petits vases sont des récipients de format réduit qui servent à différents usages, dont celui de l’apprentissage pour les jeunes filles. Cette collection de petits vases est de loin la plus imposante de toute la Laurentie iroquoienne.

Des pipes emblématiques

Les pipes du site Mandeville forment un corpus exceptionnel à l’échelle de la Laurentie iroquoienne. Contrairement aux vases, les pipes étaient, croient les chercheurs, fabriquées par les hommes de la communauté, comme ailleurs en Iroquoianie. On compte au total 365 pipes qui se divisent en 73 spécimens avec une effigie et 292 spécimens sans effigie.

Plante d’origine mexicaine, le tabac est emblématique de ce village, à en juger par la grande quantité de pipes mises au jour. Les pipes et le tabac jouent un rôle symbolique déterminant, mais le grand nombre de pipes suggère aussi une utilisation plus ludique.



Les scientifiques ont peut-être trouvé le plan du corps humain… au fond de l’océan !



Extraits de l'article:

Lorsque l’on pense à l’évolution du corps humain, on imagine souvent un cheminement complexe partant d’organismes relativement avancés, dotés de cerveaux et de systèmes nerveux sophistiqués. Pourtant, une découverte récente vient bouleverser cette vision en suggérant que certains des mécanismes fondamentaux à l’origine de notre organisation corporelle pourraient puiser leurs racines dans des créatures bien plus simples et éloignées de nous : les anémones de mer.

Ces organismes marins, membres de l’embranchement des cnidaires (qui comprend aussi les méduses et les coraux), sont loin d’être nos proches parents. Ils n’ont ni cerveau, ni système nerveux central, et leur corps est organisé de manière radiale, autour d’un point central, à l’inverse de la symétrie bilatérale qui caractérise les humains et la majorité des animaux complexes. Pourtant, une étude menée par une équipe de chercheurs de l’Université de Vienne révèle que les anémones utilisent un mécanisme moléculaire jusque-là associé aux bilatériens pour structurer leur corps. Cette découverte pourrait réécrire une partie de l’histoire de l’évolution animale.

Un mécanisme ancien partagé par des mondes éloignés

Le mécanisme en question est la « navette BMP médiée par la Chordine ». Derrière ce nom un peu technique se cache un processus clé du développement embryonnaire chez les bilatériens, c’est-à-dire les animaux qui présentent une symétrie gauche-droite, comme les humains, les grenouilles, ou les insectes. Ce système utilise des molécules appelées BMP (Bone Morphogenetic Proteins) qui agissent comme des messagers indiquant aux cellules leur position dans l’embryon et le type de tissu qu’elles doivent devenir.

Concrètement, l’inhibition locale des BMP par une autre molécule, la Chordine, crée un gradient de concentration dans l’organisme en développement. Selon la quantité de BMP présente, les cellules savent si elles doivent former le système nerveux central, les reins ou encore la peau ventrale. Ce processus établit ainsi un axe dorsal-ventral qui est fondamental pour organiser la structure corporelle des bilatériens.

Or, les chercheurs ont découvert que les anémones de mer, malgré leur organisation très différente, utilisent également ce même mécanisme de navette BMP médiée par la Chordine. Autrement dit, ce processus n’est pas une innovation propre aux bilatériens, mais un mécanisme évolutif beaucoup plus ancien, qui aurait existé bien avant la divergence entre cnidaires et bilatériens.

Une origine évolutive remontant à 600 millions d’années

La divergence entre cnidaires et bilatériens est l’un des événements majeurs dans l’histoire évolutive des animaux. Ces deux groupes ont des architectures corporelles radicalement différentes et sont séparés par des centaines de millions d’années d’évolution, estimées entre 600 et 700 millions d’années. La présence du même mécanisme moléculaire dans ces deux lignées suggère donc qu’il était déjà présent chez leur dernier ancêtre commun, un organisme préhistorique très ancien.

Cette hypothèse soulève plusieurs questions passionnantes. Premièrement, cela implique que les fondations moléculaires pour organiser un axe corporel complexe existaient bien avant l’apparition des bilatériens, ce qui réévalue notre compréhension de la complexité des premiers animaux. Deuxièmement, cela remet en question l’idée que les structures bilatérales se sont formées de manière totalement indépendante dans chaque groupe, laissant ouverte la possibilité que l’ancêtre commun des cnidaires et des bilatériens ait lui-même possédé une forme de symétrie bilatérale primitive.

Une complexité ancienne bien cachée

Ce que cette étude met en lumière, c’est que la simplicité apparente des anémones de mer masque en réalité une organisation biologique étonnamment sophistiquée. Sans cerveau ni système nerveux central, ces animaux utilisent néanmoins un système moléculaire avancé pour organiser leur corps dès le stade embryonnaire. Cette complexité ancestrale montre que certains outils évolutifs sont si fondamentaux qu’ils ont été conservés, voire partagés, entre des branches évolutives très éloignées.

David Mörsdorf, auteur principal de l’étude, souligne que ce mécanisme n’est pas universel même parmi les bilatériens. Par exemple, il est présent chez les grenouilles mais absent chez les poissons, ce qui suggère qu’il a pu apparaître et disparaître plusieurs fois au cours de l’évolution. Cette plasticité et cette longévité font de la navette BMP médiée par la Chordine un excellent candidat pour un mécanisme évolutif ancestral clé dans la structuration du corps animal.

Vers une nouvelle compréhension de l’évolution corporelle

Cette découverte est plus qu’une simple curiosité scientifique. Elle invite à repenser l’évolution du développement corporel chez les animaux, en intégrant des mécanismes très anciens partagés entre des groupes qui semblaient jusqu’ici très éloignés. En étudiant des organismes comme les anémones de mer, les scientifiques peuvent remonter aux origines profondes des processus biologiques qui ont permis l’émergence de formes corporelles complexes, y compris la nôtre.

Ainsi, ce sont peut-être au fond des océans, chez ces créatures sans cerveau, que se trouve le véritable plan du corps humain, écrit il y a des centaines de millions d’années.



 

Sciences pour tous



Mon éditeur m'apprend toute une nouvelle! Mon livre Ton ancêtre est un poisson fait partie de la sélection officielle de Sciences pour tous... en FRANCE! 

Le Prix du livre Sciences pour tous a été créé par le ministère de l’Éducation nationale et le Syndicat national de l’édition et est parrainé par l’Académie des sciences!

C'est vraiment tout un honneur d'avoir été sélectionné! Quel bonheur de savoir qu'on est lu même de l'autre côté de l'Atlantique! 😁🤩😍😁❤️


 

Placenticeras Ammonite (rlkrich)




Trouvé ici.


Hadrosaure (artbyjrc)




Trouvé ici.


A Neanderthal-shaped skull may explain why some people get headaches




Extrait de l'article

A skull abnormality that squeezes the lower brain, often causing headaches and other neurological problems, might be part of our genetic inheritance from Neanderthals.

People with Chiari malformations have a smaller and flatter base of the skull around the area where it connects to the spine. As a result, part of the brain – the cerebellum – is squashed into the spinal canal in the neck.

Type 1 Chiari malformations, the mildest form, are thought to affect up to 1 in 100 people. They can cause symptoms like headaches, neck pain, sleep apnoea and numbness, but some people never show signs at all.



Dromaeosaurus (Jaime Chirinos)




 

Scrupules



Que signifie avoir — ou ne pas avoir — des scrupules ?

« Scrupuleux » est l’un des mots les plus fascinants de notre vocabulaire. Sa définition première est : « un doute ou une hésitation qui frappe la conscience quant à ce qui est bien ou mal. »

Mais d’où vient vraiment ce mot ?

Scrupolo vient du latin scrupulus, qui signifie littéralement « petite pierre pointue ». Dans la Rome antique, les légionnaires, lors des longues marches, trouvaient souvent des cailloux traîtres dans leurs caligae, les sandales militaires. Ces petites pierres se glissaient entre la semelle et le pied, provoquant une gêne constante.

À ce moment-là, le soldat devait faire un choix difficile : supporter la douleur et continuer à marcher, ou s’arrêter pour retirer le caillou, au risque d’être puni pour avoir ralenti la troupe.

Pendant ce temps, les sénateurs, les tribuns et autres puissants voyageaient confortablement à cheval ou en char : pas de cailloux à supporter. Rien pour les gêner. Sans scrupules.

C’est de là que vient l’idée que les puissants sont souvent « sans scrupules » : ils ne ressentent pas cette gêne morale qui freine les gens ordinaires.

Avec le temps, cette petite pierre est devenue un symbole de la conscience : un doute intérieur qui nous titille lorsque quelque chose ne semble pas juste. Ainsi, « avoir des scrupules » est devenu le signe d’une sensibilité morale.

Au bout du compte, ceux qui n’ont aucun scrupule sont simplement ceux qui ne sentent même plus le petit caillou éthique dans la chaussure de leur conscience.

Zaki Benameur 

Trouvé ici.


Des dépôts coquilliers uniques au monde et peu connus le long du fleuve Saint-Laurent




Extraits de l'article:

Il y a trois ans de cela, un collègue m’a parlé de dépôts coquilliers gigantesques redécouverts le long d’une vallée tout près de Baie-Comeau, dans la région de la Côte-Nord, au Québec.

Après avoir visité le centre d’interprétation Jardin des glaciers, ce collègue m’a dit: « André, toi qui s’intéresses aux coquillages marins du Canada et aux invertébrés marins du golfe du Saint-Laurent, il faut que tu voies ces dépôts coquilliers. » Ma curiosité était piquée.

Après tout, la Côte-Nord est un coin de pays que je suis censé connaître assez bien. J’ai fait une maîtrise sur la reproduction et le comportement du buccin commun, Buccinum undatum, dans l’archipel des îles Mingan, sur la Basse-Côte-Nord (Québec). Dans le cadre de mes recherches, de 1982 à 1985, j’ai fait de nombreuses plongées sous-marines dans ce secteur, étudiant les animaux du fond marin. Pourtant, durant toutes ces années à parcourir la longue route jusqu’à Havre-Saint-Pierre, je n’avais jamais entendu parler de ces dépôts coquilliers. Il était trop tôt pour les connaître, car aucune étude scientifique ni publicité n’en avait parlé.

C’est pourtant vers 1917 que ces dépôts coquilliers ont été découverts, lors de l’installation de lignes téléphoniques le long de la rivière aux Anglais, à quelques kilomètres au nord-est de Baie-Comeau. Mais ce n’est que beaucoup plus tard, en 1999, qu’est parue la première publication scientifique sur ces dépôts. Son auteur, Pascal Bernatchez, est maintenant titulaire de la Chaire en géosciences côtières à l’Université du Québec à Rimouski.

C’est en sa compagnie que j’ai visité le centre d’interprétation Jardin des glaciers pour la première fois, à l’été 2010. Je voulais voir par moi-même ces dépôts de coquillages marins uniques au monde. Ils représentent les vestiges d’animaux marins qui vivaient au fond de l’estuaire et du golfe Saint-Laurent il y a environ 10,000 ans!

Les dépôts coquilliers, entre autres les dépôts 1 et 2, sont de gigantesques amoncellements de coquillages, dont un bon nombre sont encore intacts, sans cassure.

Le dépôt 1 est particulièrement spectaculaire. Sa bordure est exposée comme une falaise, sur le bord de la vallée, telle une carrière de sable. Sauf qu’au lieu du sable, ce sont d’innombrables coquillages empilés les uns sur les autres qui forment la paroi.

Ce dépôt de coquillages, le plus grand du genre connu sur la planète, se trouve à 80 mètres au-dessus du niveau actuel de la mer. Il mesure plus de 10 m d’épaisseur et plus de 180 m de largeur, et il se prolonge sous le sol forestier sur une distance de 275 m. Cela représente un volume d’environ 495 000 m3. Un camion à 10 roues devrait faire environ 64 000 voyages pour déplacer tous ces coquillages!

Les dépôts coquilliers de Baie-Comeau ne sont pas seulement vastes, ils sont aussi d’une pureté remarquable. Le dépôt 1, en particulier, est composé à 90 % de coquillages. Il contient seulement 10 % de sable grossier. Rien de semblable n’a été découvert jusqu’à présent.

On connait encore mal la façon dont ces dépôts se sont formés. À l’époque, le Québec et tout le reste du Canada sortaient d’une longue ère glaciaire et le climat se réchauffait rapidement. La calotte glaciaire fondait donc très rapidement. Elle laissait derrière elle une zone côtière dont la croute terrestre avait été écrasée par l’énorme poids de la glace. La mer a pu alors envahir, temporairement, les basses terres adjacentes au golfe actuel. Les dépôts coquilliers se seraient formés à ce moment.

C’était l’époque de la mer de Goldthwait, une version un peu élargie de l’estuaire et du golfe Saint-Laurent actuel. Les dépôts coquilliers, bien que retrouvés jusqu’à 90 m au-dessus du niveau de la mer actuel, représentent donc la zone de rivage de cette ancienne mer postglaciaire.

À mesure que la glace a libéré la croûte terrestre, celle-ci a remonté de plusieurs dizaines de mètres, laissant de grands dépôts de coquillages marins à l’emplacement de l’ancien rivage.

Mon intérêt personnel pour ce site s’est développé après que j’eu observé du matériel fin sous la loupe binoculaire. À ma grande surprise, j’ai pu constater que même les petits stades juvéniles des différentes espèces de bivalves et de gastéropodes avaient été parfaitement conservés depuis 10 000 ans!

Cet été, à la fin d’août, je reprends la route de Baie-Comeau, en compagnie de collègues, pour aller étudier à nouveau ces merveilleux dépôts coquilliers.

Dans une prochaine communication, je vous parlerai de trouvailles récentes sur les différentes espèces de coquillages qui y ont été retrouvés, dont des buccins, des natices, des littorines, des moules, des myes et des pétoncles.


 

Une nouvelle étude confirme que les plus vieilles roches de la Terre se trouvent au nord du Canada




Ces roches formées pendant l’Hadéen sont situées au Nunavik en haut du 55e parallèle dans la province du Québec

Une équipe de chercheurs canadiens et français vient de confirmer que le nord du Québec abrite les plus anciennes roches connues sur Terre, datant de 4,16 milliards d’années.

Dirigée par Jonathan O’Neil, professeur agrégé au Département des sciences de la Terre et de l’environnement à l’Université d’Ottawa, cette découverte majeure est le fruit d’une collaboration entre Christian Sole (qui a terminé sa maîtrise à l'Université d'Ottawa en 2021), Hanika Rizonorth_eastlien externe (professeure à l’Université Carletonnorth_eastlien externe), Jean-Louis Paquette (chercheur au Centre national de la recherche scientifique (CNRS),north_eastlien externeau Laboratoire Magmas et Volcans de l’Université Clermont-Auvergnenorth_eastlien externe, France, maintenant décédé), David Benn (ancien étudiant au baccalauréat à uOttawa) et Joeli Plakholm (ancienne étudiante au baccalauréat à l’Université Carleton).

Le professeur O’Neil, qui a supervisé l’étude originale, explique : « Les résultats obtenus lors de la maîtrise de Christian Sole étaient extrêmement prometteurs. Nous avons poursuivi la recherche après la finalisation de sa maîtrise pour confirmer l’âge exceptionnel de ces roches.»

Un site géologique exceptionnel

Les échantillons ont été collectés en 2017 près de la municipalité d’Inukjuak, au Nunavik, dans le cadre du projet de maîtrise de Christian Sole. Après des analyses préliminaires, des travaux additionnels ont été menés à l’Université d’Ottawa et à l’Université Carleton afin de confirmer l’ancienneté des roches. 

« Depuis plus de 15 ans, la communauté scientifique débat de l’âge des roches volcaniques du nord du Québec. Nos recherches antérieuresnorth_eastlien externe suggéraient qu’elles pourraient dater de 4,3 milliards d’années, mais ce n’était pas un consensus », rappelle le professeur O’Neil.

Une fenêtre sur la Terre primitive

L’étude actuelle démontre que des roches intrusives traversant ces formations volcaniques sont âgées de 4,16 milliards d’années, ce qui confirme que les roches volcaniques sont nécessairement plus anciennes, et donc que cette région du nord canadien abrite bel et bien les plus vieilles roches terrestres connues. « Cette confirmation positionne la ceinture de Nuvvuagittuq comme le seul endroit sur Terre où l’on retrouve des roches formées pendant l’Hadéen, soit pendant les premiers 500 millions d’années de l’histoire de notre planète », précise le professeur O’Neil.

Pour établir l’âge de ces roches, les chercheurs ont combiné la pétrologie et la géochimie et employé deux méthodes de datation radiométriques utilisant différents isotopes des éléments samarium et néodyme comme deux chronomètres indépendants donnant le même âge de 4,16 milliards d’années. Cette avancée offre une fenêtre unique sur la Terre primitive. « Comprendre ces roches, c’est remonter aux tout débuts de notre planète. Cela nous aide à mieux saisir comment les premiers continents se sont formés et à reconstituer l’environnement où la vie aurait pu émerger », conclut le professeur O’Neil.

Pour en savoir plus, consultez l’étude publiée dans le journal « Science », intitulée « Evidence for Hadean mafic intrusions in the Nuvvuagittuq Greenstone Belt, Canada north_eastlien externe»



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