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The Ordovician Shallow Seas Diorama (Smithsonian)




Ce diorama de la vie ordovicienne a été réalisé en 1955 par George et Paul Marchand, nés dans un monde de dioramas de musée et d'art détaillé. Leur père, Henri Marchand, a étudié la sculpture auprès du célèbre Auguste Rodin en France, puis s'est installé avec sa femme Clothilde pour travailler aux États-Unis au New York State Museum. George et Paul ont collaboré avec leur père pour créer des dioramas époustouflants du monde naturel. Les Marchand ont poursuivi leur travail au Buffalo Museum of Science et, dans les années 1930, George et Paul ont repris le travail de leur père sur les dioramas. Les Marchand ont été les pionniers de techniques de création de scènes réalistes, grandeur nature, qui trompaient l'œil avec leurs arrière-plans incurvés et leurs spécimens empaillés.

Depuis lors, on a beaucoup appris sur ces fossiles étonnants. Qu'ont découvert les scientifiques ?

L'algue verte est hypothétique et probablement erronée. Les éléments qui ressemblent à des algues dans les dioramas pourraient être des interprétations erronées de ce que nous savons aujourd'hui être des traces fossiles. Si de véritables algues étaient représentées, elles aussi seraient courbées par le courant.

Dans les années 1970, les scientifiques ont utilisé pour la première fois des submersibles en eaux profondes pour explorer l'océan. Grâce à ces observations directes, nous savons aujourd'hui que les crinoïdes modernes s'inclinent avec le courant, les bras écartés formant un large cône. Il est donc probable que ces crinoïdes préhistoriques n'étaient pas aussi droits et tournés vers le haut.

Les coraux rugueux (« cornes ») sont représentés à la verticale. Les coraux modernes de forme similaire sont enfouis, seul le polype étant exposé ; nous les représenterions donc désormais sur ou dans le fond marin.

Comme leurs cousins plus petits du diorama, les grands céphalopodes nautiloïdes à coquille droite ne se reposaient pas passivement sur le fond marin. Il s'agissait probablement de prédateurs mobiles, nageant (à reculons, par propulsion par réaction) et chassant au ras du fond.

Les ventouses sur les tentacules de ces nautiloïdes pourraient être incorrectes. Leurs tentacules auraient pu avoir des gaines tentaculaires (comme le Nautilus moderne) plutôt qu'aucune (comme la pieuvre moderne).

Trouvé ici.


Virtual Silurian Reef Site (Field Museum)



Dans cette mer silurienne, les stromatoporoïdes et les coraux tabulés ont construit d'anciens récifs. Les prairies de crinoïdes et les fourrés de bryozoaires ont déjoué les forts courants, tandis que les stromatoporoïdes et les bryozoaires encroûtants ont lié et cimenté les sédiments meubles et la vase. Les céphalopodes nautiloïdes orthoconiques sillonnaient les récifs à la recherche de leurs proies : les trilobites, des arthropodes rampants et fouisseurs de boue aujourd'hui disparus. Pendant ce temps, des bancs denses de milliers de brachiopodes pentamérides filtraient l'eau pour se nourrir. Dans le Wisconsin, les récifs atteignaient 10 mètres de haut dans des eaux peu profondes, tandis qu'au sud, dans l'Illinois, des eaux plus profondes ont permis aux récifs de prospérer et de dépasser les 100 mètres de haut. Jusqu'alors, il s'agissait des plus grandes structures biologiques produites et de la biodiversité la plus riche au monde.

Trouvé ici.


Honeyman's Silurian Paradise (Nova Scotia Museum)




Un diorama du musée de la Nouvelle-Écosse représentant le fond marin du Silurien montrant un trilobite, un nautiloïde orthocère, un brachiopode et des gastéropodes.

Trouvé ici.


Diorama de la vie marine du Silurien (Institut de recherche paléontologique d'Ithaca)



Diorama de la vie marine du Silurien, autrefois exposé au Musée national d'histoire naturelle de la Smithsonian Institution. Il est aujourd'hui conservé à l'Institut de recherche paléontologique d'Ithaca, dans l'État de New York.

Trouvé ici.


Fossiles d'organismes à corps mous trouvés au Québec

Christopher Cameron et Mario Cournoyer








Paleocerianthus neuvillii
famille des cérianthides, un cnidaire, cousin des coraux
Ils vivent aujourd'hui dans nos océans, mais nos fossiles sont vieux de 450 Ma, et ont ne connais pas d’intermédiaires entre nos fossiles ordoviciens et les descendant modernes!


Extrait de l'étude intitulée Morphology and paleobiology of Paleocerianthus neuvillii n. sp., an exceptionally preserved tubicolous sea anemone from the Upper Ordovician, Neuville Formation of Québec par Greta Ramírez-Guerrero, Huda Alghalid, Louis-Philippe Bateman, Jean-Bernard Caron, Mario Cournoyer et Christopher B. Cameron:
 
We studied exceptionally preserved fossils of the Upper Ordovician Period from the Neuville Formation in the St. Lawrence platform of Québec that are curated at the Musée de Paléontologie et de l’Évolution, Montréal. A significant aspect of this finding is that the locality and the fossil represent a new fossil deposit in the Ordovician period with Burgess Shale-type preservation. The collection is comprised of trace fossils and 22 genera, including cnidarians, bryozoans, brachiopods, mollusks, arthropods, and echinoderms. From this biota, we described an exceptionally preserved soft bodied cerianthid tubicolous sea anemone Paleocerianthus neuvillii n. sp. Fifteen slabs of limestone containing approximately 135 P. neuvillii fossil specimens were examined. P. neuvillii was a tubicolous organism and the tubes often shared a base with two or three additional tubes, one specimen clusters 15 conjoined tubes. The total length of the tubes ranged from 24.9 mm to 51.0 mm (+ 36.9 mm) with little change in their widths (~6.0 mm, N=39) demonstrating allometric growth. These lived in fine sediment associated with brachiopods, trilobites and echinoderms. Individuals appear to have been buried rapidly by a sedimentary flow. This is the oldest record of a fossil tubicolous sea anemone.




Étoile de mer (Marc R. Haensel)



Here's something pretty special: a pyritized starfish from the Upper Ordovician (450 Ma) of Quebec City, Canada (Neuville Formation). If you look closely, you'll see just how incredibly fine details are perfectly preserved.

Trouvé ici.


Crinoïde (Marc R. Haensel)



A colorful Gaurocrinus, a crinoid from the Upper Ordovician of Quebec, Canada. It's roughly 448 million years old.




Crinoïde, région de Québec (Marc R. Haensel)




Here's one of the prettiest fossils I've ever prepared: a Cheirocystis from the Quebec City area (Neuville Formation). Over 2hrs of work went into this, often using the very finest tips and highest magnification.

I photographed it under water (not me - the fossil lol) to really enhance the color contrast.

Trouvé ici.


Crinoïdes



This crinoid colony from Baden-Württemberg (Germany) is about 195Mio years old - lower jurassic (Toarcium) The 4 x 5meters big specimen is now on display at the museum in Houston.

Photo: Martin Goerlich/ Eurofossils
 


Crinoïdes : les fossiles qui ont inspiré 'Alien'




Extraits de l'article:

Crinoids  are commonly known as sea lilies due to their "flower-like" appearance , though they are animals, not plants.

Crinoids are part of a large group of marine invertebrate animals called echinoderms. Other echinoderms are starfish, brittle stars, sand dollars, sea urchins, and sea cucumbers. All living echinoderms have what is called pentameral symmetry, which means their bodies are organized in patterns of five; for example, the five arms of the common starfish. Crinoids may have as few as five arms, but usually they have arms in multiples of five.

Crinoids derived in the Cambrian Period from pelmatozoan ancestors.

All echinoderms also have calcite plates (ossicles) embedded in their skin, which form their skeleton. That is why living starfish feel scratchy when you touch them. The skeletons of fossil crinoids are very representative of what the animals looked like a-live because only the outer skin layer is missing.

The largest Sea Lily has a large calyx which with its arms gives it a diametrer of 1.5 metres. The largest Feather star has an armspan of 35 cm. The smallest Crinoids are around 3 cm in diameter.
Most species are nocturnal filter feeders consuming plankton and decaying organic matter.

To feed they spread their feeding arms to sieve the passing sea water for microscopic organisms and detritus. Mucus, on the tube feet traps their food which is passed down the arms into the mouth by beating cilia. They have a U-shaped digestive system with the anus next to the mouth.

Not much is known about what eats them although fish and other Echinoderms (especially Sea urchins) are known predators. Sea lilies have been observed crawling away from Sea urchins.

Crinoids are either male or female with fertilization taking place in the water. The eggs hatch to form free-swimming larva which do not feed and settle on the bottom after a few days after which they metamorphise into an adult in 8 to 12 months. Some hatch as miniature adults, while some females even hold the eggs in their arms until they hatch.

The first true Crinoids appeared during the Lower Ordovician. Following the global mass extinction at the Silurian boundary, they and underwent several major radiations at the early Devonian, Missisippian (peak) and Pennsylvanian. They almost became extinct at the end of Paleozoic Era in the Permian, but recovered to flourish again during the Mesozoic, in the Triassic and Jurassic (Lias, Dogger, Malm). Decreasing numbers in the Cretaceaous, fossil record of crinoidsis rare in the Tertiary. More than 6,000 fossil species, belonging to more than 800 genera, have been described.

Today, approximately 600 living species are known; most free-living feather stars or comatulids living in the shallow seas.  About 80 species of stalked sea lilies are restricted to the deeper water of today`s ocean.

Crinoids were very successful in the Paleozoic. They were most abundant and diverse in the Mississippian when several continents were covered with shallow seas. Thick layers of limestone stratigraphy throughout North America and Europe are full of crinoid stems.



 

Anticosti révèle le secret de la première extinction massive



Extraits de cet article du Devoir:

Les extraordinaires bancs fossilifères de l’île d’Anticosti ont permis d’élucider ce qui aurait provoqué la première extinction de masse survenue sur Terre, il y a 445 millions d’années. Les chercheurs croient que cette découverte fondamentale viendra étoffer le dossier de candidature d’Anticosti pour son accession à la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO.

« Anticosti est le meilleur laboratoire naturel du monde pour l’étude des fossiles et des couches sédimentaires de la période géologique allant de la fin de l’Ordovicien au début du Silurien, soit de 447 à 437 millions d’années, durant laquelle a eu lieu la première extinction de masse de la vie sur Terre », souligne le géologue, stratigraphe et paléontologue André Desrochers de l’Université d’Ottawa. Ce dernier est coauteur d’un article paru dans Nature Geoscience qui relate les résultats d’une étude cherchant à mettre en lumière la cause de cette première extinction.

Rappelons qu’au moment de cette extinction, la vie était surtout concentrée dans les mers peu profondes près des continents. Et Anticosti était alors une mer tropicale peu profonde, située un peu au sud de l’équateur. « Si on avait fait de la plongée en apnée dans une mer de l’Ordovicien, on aurait vu des groupes familiers comme des palourdes, des escargots, des éponges, des coraux, mais aussi de nombreux autres groupes dont la diversité est aujourd’hui très réduite, et même des groupes qui sont complètement éteints, comme les trilobites, les brachiopodes et les crinoïdes : donc beaucoup d’invertébrés, mais pas tout à fait les mêmes qu’aujourd’hui, et peu de vertébrés comme tels, donc très peu de poissons. Et sur les terres émergées, que des plantes très primitives », décrit M. Desrochers.

Cette extinction massive de la fin de l’Ordovicien — la première des cinq extinctions de masse qu’a connues la vie sur Terre — entraîna la disparition d’environ 85 % des espèces en l’espace de plusieurs centaines de milliers d’années, voire d’un million d’années. « Cette extinction fut plus longue que celle qui a provoqué la disparition soudaine des dinosaures à la fin du Crétacé, il y a 65,5 millions d’années, mais d’un point de vue géologique, elle est assez rapide », commente le géologue.

La piste du refroidissement

Selon une hypothèse avancée, ce serait une diminution de la concentration en oxygène dans l’eau de mer qui aurait engendré l’extinction survenue à la fin de l’Ordovicien. Une équipe multidisciplinaire de chercheurs français, américains, canadiens et chinois, parmi lesquels figure André Desrochers, s’est donc appliquée à vérifier cette hypothèse dans les roches sédimentaires qui affleurent sur l’île d’Anticosti.

Comme il était impossible de mesurer directement les quantités d’oxygène qui étaient présentes dans l’eau de mer à partir des roches d’aujourd’hui, on a fait appel à un indicateur géochimique indirect, appelé proxie, qui est le rapport entre la concentration d’iode et celle de calcium.  « Ce rapport qui est mesuré dans les roches calcaires varie en fonction de la quantité d’oxygène qui était présente dans l’eau de mer », précise le géologue.

À partir des données recueillies dans les roches, les chercheurs se sont aperçus que les mers peu profondes étaient bien oxygénées immédiatement avant l’extinction massive, et qu’elles le sont restées pendant et après celle-ci. « Ce fut une surprise pour nous, parce que selon l’interprétation traditionnelle, l’anoxie [c’est-à-dire la diminution d’oxygène] était la cause de la dégradation des écosystèmes », relate le chercheur.

L’étude a également révélé que tandis que les mers peu profondes étaient demeurées bien oxygénées pendant toute cette période, l’anoxie s’était quant à elle grandement accrue dans les parties profondes des océans.

Alexandre Pohl, un expert de la modélisation climatique dans les temps géologiques anciens, qui est le premier auteur de l’article, a ensuite procédé à une modélisation avec les données géochimiques obtenues, en y ajoutant des informations sur la paléogéographie des continents et des océans d’il y a 445 millions d’années et les caractéristiques du climat de l’époque qui traversait une intense période glaciaire.

« Cette modélisation est venue corroborer nos hypothèses élaborées à partir des proxies géochimiques. Donc, oui, à la fin de l’Ordovicien, on a vu se mettre en place un océan stratifié, dont la partie supérieure où vivaient la plupart des organismes était toujours oxygénée, alors que la partie inférieure était devenue anoxique. Et comme la vie était concentrée dans les parties peu profondes, l’anoxie n’a donc pas joué le rôle qu’on pensait dans l’extinction », résume M. Desrochers.

Les chercheurs pensent plutôt que c’est un grand refroidissement des parties peu profondes qui aurait entraîné l’effondrement de la biodiversité, car on sait qu’il y a eu de grandes glaciations à cette époque.

La modélisation a justement montré que le refroidissement du climat aurait probablement modifié la circulation océanique, qu’il aurait vraisemblablement interrompu le flux des eaux froides et riches en oxygène des mers peu profondes vers l’océan plus profond, d’où l’apparition de cette stratification des océans.

Pour s’assurer que le signal géochimique qu’ils avaient mesuré à Anticosti était le même à l’échelle de la planète, les chercheurs ont également mesuré les mêmes rapports géochimiques au Nevada. Ces derniers se sont avérés similaires à ceux d’Anticosti, alors que le Nevada était pourtant situé à plus de 1000 kilomètres d’Anticosti à cette époque et qu’il ne baignait pas dans le même océan. « Cela confirme donc que le signal est bien global et non pas simplement local », conclut le chercheur.

« Il y a peut-être d’autres facteurs qui se combinent à ce refroidissement global, mais ce sont les études des prochaines années qui nous permettront de les connaître », affirme le géologue tout en faisant valoir que le fait de comprendre les conditions environnementales qui ont mené à de telles extinctions de masse pourrait nous aider à prévoir et à prévenir qu’un événement similaire se produise à nouveau.

Candidature à l’UNESCO

Chose certaine, c’est sûrement à Anticosti que les chercheurs trouveront la réponse à ces énigmes. Étant donné l’immense valeur stratigraphique et paléontologique des roches sédimentaires de l’île, qui « renferment 10 millions d’années de l’histoire de la vie sur Terre », les chercheurs souhaitent vivement que ce site figure sur la Liste du patrimoine mondial afin qu’il soit protégé à perpétuité et que l’UNESCO accorde un financement pour que quelques professionnels assurent la protection, la conservation et l’interprétation du site.

La municipalité d’Anticosti et ses nombreux partenaires (parmi lesquels des ministères québécois et des représentants de la nation innue) doivent soumettre un dossier de candidature d’ici la fin de l’année à l’UNESCO dans l’espoir que 550 kilomètres de littoral et les affleurements des rivières Jupiter et Vauréal soient inscrits sur la Liste du patrimoine mondial.

« Anticosti est sans contredit le meilleur endroit au monde pour l’étude de la première extinction massive qu’a connue la vie sur Terre. Parmi la quarantaine de sites du même âge, il est le plus riche, le plus complet, le mieux conservé et où les strates sont très bien exposées », note M. Desrochers. Il relève que plus de 1450 espèces ont été décrites dans ses roches, alors qu’à peine une centaine ont été répertoriées sur le site le plus intéressant après Anticosti.

Les paléontologues renommés le reconnaissent sans équivoque : les sites fossilifères d’Anticosti « se démarquent des autres par leur abondance, leur niveau de préservation et la grande diversité des spécimens de fossiles qu’on y retrouve », poursuit le professeur. « La valeur paléontologique exceptionnelle de l’île est reconnue depuis plus d’un siècle, et elle continue aujourd’hui d’attirer des chercheurs du monde entier. L’étude que nous venons de publier renforcera sûrement le dossier de candidature », fait valoir M. Desrochers.

Des experts sont censés venir l’été prochain à Anticosti pour faire une évaluation sur le terrain, affirme celui qui, avec sa longue expérience de 30 ans de recherche à Anticosti, guidera ces évaluateurs vers les affleurements les plus représentatifs de l’île.





Fossiles montréalais

Partir à la chasse aux fossiles en plein centre-ville, qui l'eut cru? Désolé, mais je suis incapable de m'empêcher de reproduire en totalité cet article de Marie-Soleil Desautels:


Pas besoin de chercher loin pour trouver des traces de vie préhistorique. Même le centre-ville montréalais en regorge. Petit voyage dans le temps, à une époque où Montréal était sous les tropiques.

Des édifices du Vieux-Montréal, des églises ou le chalet du Mont-Royal recèlent des secrets que peu observent: des fossiles dans leurs murs de pierre. Là, un gastéropode, une sorte de gros escargot. Ici, la coquille d'un céphalopode, un parent éloigné des pieuvres et des calmars. Plus loin, un arrière-arrière-cousin de la crevette, des éponges ou des coraux. Et ces autres pierres regorgent de coquillages, animaux de la famille des brachiopodes.

«Tellement de gens ignorent qu'il y a des fossiles à Montréal. Ils sont toujours surpris de l'apprendre», dit Albert Cornu, directeur de la paléontologie au Club de minéralogie de Montréal (CMM). M. Cornu approfondit le sujet dans deux livres, Les fossiles de Montréal et des environs, édités par le CMM.

Il y a 450 millions d'années, Montréal se situait sous les tropiques, au niveau de l'Équateur. Une mer peu profonde inondait les basses terres du Saint-Laurent. Elle foisonnait d'organismes marins qui, en mourant, se déposaient au fond de l'eau. Les carcasses d'invertébrés et les sédiments se sont accumulés, formant des dépôts calcaires. C'est dans ces roches sédimentaires que des blocs de pierre ont été taillés à Montréal, dès le XIXe siècle. Aujourd'hui, on peut observer les cadavres fossilisés de ces organismes sur des édifices montréalais.

Montréal «la Grise»

«Au début du siècle, on surnommait Montréal, «la Grise», dit Albert Cornu. Prisé en architecture, le calcaire du sous-sol montréalais est d'une couleur caractéristique gris-bleu. Il porte le nom de «pierre grise de Montréal».

Cette roche sédimentaire a notamment servi lors de la construction du musée Redpath (859, rue Sherbrooke Ouest). Sur le mur de pierre du côté ouest, un coquillage blanc avec de fines stries, semblable à une coquille Saint-Jacques de la grosseur d'une pièce de 10 cents, se distingue. D'autres fossiles de mollusques se démarquent sous une fenêtre de la maison Atholston (1172, rue Sherbrooke Ouest). Avec un peu d'observation, on en perçoit rapidement sur les murets du chalet du Mont-Royal. La cathédrale Marie-Reine-du-Monde, l'église Saint-Édouard de Rosemont et la gare Windsor montrent aussi des silhouettes de fossiles. En général, mieux vaut chercher sur les murs latéraux: les constructeurs considéraient comme imparfaites les pierres sur lesquelles figuraient des traces de fossiles et les dissimulaient.

Les roches sédimentaires du sous-sol montréalais se sont formées il y a entre 450 et 490 millions d'années. Elles ne sont pas uniformes. Leur période de formation, leurs fossiles ou leur composition chimique les distinguent, explique Albert Cornu. Elles témoignent chacune à leur façon d'une page de l'histoire. Les géologues divisent les strates par groupe, formation, etc. À Montréal, le sous-sol se compose en majorité du calcaire du groupe Trenton, concentré dans le centre et l'est de l'île. On reconnaît le groupe Trenton jusqu'à Québec.

Une ville trouée

«Montréal, c'est un paquet de trous!», affirme M. Cornu. Il ne parle pas des fameux nids-de-poule, mais bien de la centaine de carrières d'où l'on exploitait le calcaire. La rue des Carrières, dans Rosemont-La Petite-Patrie, rappelle d'ailleurs que nombreuses d'entre elles se situaient de part et d'autre de ce chemin. Elles ont fourni la majorité de la pierre grise de Montréal utilisée entre 1800 et 1880, avant d'être supplantées par d'autres sites d'exploitation.

Les plus anciennes carrières ont disparu. Remblayées, elles se terrent sous des espaces verts, comme les parcs Père-Marquette, Lafond, Sir-Wilfrid-Laurier, etc. Le Jardin botanique, où s'observent tant des fossiles que des traces de dynamitage dans certains murets, comprend une ancienne carrière. Le complexe environnemental de Saint-Michel trône sur la carrière Miron. Et 60% de la neige de Montréal est déversée dans une partie de l'ancienne carrière Francon.

Le développement de Montréal s'est d'abord appuyé sur la pierre de taille locale. Puis, elle a été importée de Saint-Marc-des-Carrières (à mi-chemin entre Trois-Rivières et Québec), de Winnipeg ou de l'Alabama, etc. C'est ainsi que des restes de crinoïdes, ou «lis de mer», se profilent dans un calcaire provenant de l'Indiana sur l'édifice Holt Renfrew (1300, rue Sherbrooke Ouest).

À Montréal, on peut aussi observer des fossiles sur le bord de routes, du pont Champlain ou du tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine. Ou encore sur le site naturel fossilifère de la Coulée verte du ruisseau De Montigny, dans le nord-est de Montréal, dont l'eau coule sur du roc calcaire. Une promesse de voyage dans le temps, pour qui sait observer.

Club de minéralogie de Montréal, www.clubmineralogiemtl.com

Musée Redpath, www.mcgill.ca/redpath

Où aller?

Chalet du Mont-Royal (1196, voie Camillien-Houde): cherchez des mini reproductions de coquilles Saint-Jacques dans les murets du chalet construit en 1932.

Club Mont-Royal (1175, rue Sherbrooke Ouest): près du trottoir, des moules d'escargots sont visibles sur cet édifice de 1905, dans le calcaire de Trenton, exploité à Saint-Marc-des-Carrières.

Édifice square Dominion (1010, rue Sainte-Catherine Ouest): des lignes foncées dans le calcaire de l'Alabama témoignent des mouvements de la croûte terrestre. Ce calcaire ne contient pas de fossiles. L'édifice date de 1928.

Appartements Le Château (1321, rue Sherbrooke Ouest): des coraux et des ancêtres d'escargots, de pieuvres et de calmars pimentent le mur qui longe la rue de la Montagne. Le calcaire a été extrait près de Winnipeg pour construire cet édifice de 1925.

Le musée Redpath répertorie, dans un guide publié en 2002 et sur son site internet, 14 édifices d'intérêt où l'on peut notamment observer des fossiles.




Fossiles québécois (collection de Marc R. Hänsel)

Quelques trésors québécois du Cambrien (~510 millions d'années) jusqu'au Silurien (~440 millions d'années).

Ceraurus pleurexanthemus
Formation Neuville:



Crinoïde
Formation Ellis Bay:



Crinoïde
Formation Jupiter:



Crinoïde - Ectenocrinus geniculatus
Formation Nicolet:



Deux Flexicalymene / Gravicalymene cf. granulosa
Formation Nicolet:



Calymene gamachei
Formation Jupiter:



Hadromeros edgecombei
(Chatterton & Ludvigsen, 2004)
Formation Jupiter:



Flexicalymene / Gravicalymene cf. granulosa
Formation Nicolet:



Ceraurus milleranus (?)
Formation Pontgravé:



Nucleurus anticostiensis
Formation Jupiter:



Acernaspis orestes (?)
Formation Jupiter:



cf. Prozacanthoides sp.
Formation Lauzon
*Un trilobite unique de son genre - le plus ancien trilobite complet du Québec:



Cryptolithus tesselatus
Formation Nicolet:




Trouvé ici.


Des fossiles de 450 millions d’années trouvés à Québec

Extraits de cet article:

Un homme de Québec a découvert des fossiles vieux de plus de 450 millions d’années en creusant près de la rivière Saint-Charles pour y enterrer son chat décédé.

(...) Si les pierres que M. Bourdages a ramassées peuvent sembler tout à fait ordinaires pour un œil non exercé, quelques-unes renferment en fait un véritable vestige du monde animal.

«On peut déceler des petits morceaux de brachiopode. Un animal lophotrochozoaires qui s’apparente un peu à des coquillages et qui a vécu 200 millions d’années avant les dinosaures», a expliqué le président du club de minéralogie de Québec, Éric Lamiot.

D’ailleurs, ce dernier assure que le port de Neuville, au sud-ouest de Québec, regorge d’une quantité impressionnante de ces fossiles.

(...) Les basses terres du Saint-Laurent sont riches en fossiles d’invertébrés, affirme Richard Cloutier, professeur du département de biologie, chimie et géographie à l’Université du Québec à Rimouski.

Dans cette région, lorsqu’on part de La Pocatière et qu’on s’arrête un peu avant le lac Ontario, on peut retrouver, entre autres, des brachiopodes, des céphalopodes, des crinoïdes, des trilobites et des gastropodes.

«Ça remonte à une époque où un grand bassin recouvrait l’espace entre le Bouclier canadien et les Appalaches. À ce moment, le Québec se trouvait au sud de l’équateur», a précisé M. Cloutier.

L’absence de végétation et le climat très pluvieux de l’époque auraient créé le bassin sédimentaire grâce auquel on peut retrouver ces petits animaux fossilisés aujourd’hui.




Un site fossilifère dévonien en Beauce

L’intérêt des chercheurs pour ces calcaires fossilifères est manifeste, surtout parce que les roches calcaires du Dévonien moyen sont relativement rares au Québec.

(...) Les fossiles trouvés indiquent un âge Dévonien moyen, soit environ 375 millions d’années.

(...) La Formation de Famine affleure d’abord à Saint-Georges sur une distance de 5 kilomètres, puis à Morisset-Station sur une distance de 4 kilomètres et finalement entre Sainte-Rose-Station et Saint-Camille-de-Bellechasse sur près de 20 kilomètres. 

(...) Plus de 40 espèces de fossiles ont été identifié dans les différents affleurements. Ils comprennent surtout des coraux et des brachiopodes mais on y trouve aussi des crinoïdes, des bryozoaires, des mollusques, des trilobites et des stromatopores.

Parmi les fossiles qui ont été trouvé en abondance, on peut mentionner les coraux Favosites basalticus, Cyathophyllum sp., Syringopora sp. et Heliophyllum, les brachiopodes Atrypa reticulariset Spirifer lucasensis.

(Ghismond Martineau)





Cliquez ici pour plus de détails.


Le Québec sous les tropiques


Extraits de cet article:

Imaginez le Québec bordé par un récif corallien, recouvert d’une mer chaude peu profonde où s’épanouit une riche biodiversité aquatique tropicale. Ce n’est pas un scénario futuriste, mais le Québec tel qu’il était il y a 450 millions d’années, alors qu’il se trouvait près de l’équateur. 

(...) L’exposition Le Québec, une mer de fossiles nous transporte dans l’Ordovicien, une ère géologique précédant de longtemps celle des dinosaures, où la végétation terrestre n’existait pas encore. Difficile de se représenter à quoi ressemblait notre belle province à cette époque. Heureusement, la nature nous a laissé des preuves de l’existence des espèces qui peuplaient notre planète : les fossiles. Le Québec regorge de sites paléontologiques. « De Montréal à l’ile d’Anticosti, en passant par le Témiscamingue, les fossiles se cachent partout », nous apprend Alexandre Guertin-Pasquier, coprésident du musée.

À cette époque, coraux, étoiles de mer, oursins, mollusques, lis de mer, éponges et tant d’autres créatures plus fascinantes les unes que les autres peuplaient les fonds marins. Les géants de l’Ordovicien, tel que le plus gros trilobite au monde — qui mesure plus de 70 cm — (...) « Cet ancêtre des crustacés s’appelle Isotelus rex, ce qui veut dire “roi des trilobites”. 

(...) Parmi les autres géants de l’exposition, le scorpion des mers et le nautile sont tout aussi impressionnants. Le nautile, qui ressemblait à un calmar dans une coquille protectrice droite, pouvait mesurer jusqu’à 10 mètres de longueur. Saviez-vous que le siphon qui traversait toute sa coquille lui permettait d’ajuster sa flottabilité ? Quand il se remplissait d’air, cela lui permettait de flotter, et d’eau de couler.

Dans notre quotidien, on retrouve de nombreuses formations rocheuses riches en fossiles qui proviennent du territoire des Basses-Terres du Saint-Laurent. Par exemple, certaines de ces formations, telles que le Potsdam ou le Beekmantown, peuvent accumuler des réserves d’eau potable et devenir des sources d’eau minérale embouteillée. Les schistes d’Utica, quant à eux, sont le groupe géologique privilégié des forages exploratoires pour le gaz de schiste. En effet, à l’époque de l’Utica, les cadavres des organismes se sont décomposés dans les sédiments et progressivement transformés en gaz naturel. D’autres formations rocheuses encore servent dans la construction, comme le shale de Lorraine, riche en argile et utilisé pour la fabrication de briques. Les calcaires de Trenton et de Chazy, autrement nommés la « pierre grise de Montréal », sont quant à eux couramment utilisés dans la construction d’édifices.

De nombreux édifices de Montréal, tels que la Cathédrale Marie-Reine-du-Monde et les appartements Le Château, cachent dans leurs pierres de curieux fossiles. Figés dans le passé et à la vue de tous, ils racontent le Québec tropical de l’Ordovicien. Saurez-vous les repérer ?