Torvosaurus (Cincinnati Museum)



Among the incredible fossil skeletons that made their debut in the Cincinnati Museum's Dinosaur Hall (2018) is the Torvosaurus, one of the apex predators that roamed North America, Portugal, Germany, and possibly England during the Mid to Late Jurassic era. Previous Torvosaurus  specimens were known only through isolated bones but CMC’s is what paleontologists call “fully associated,” meaning it was found largely intact. The rarity and presentation of the 35-foot, four-ton carnivore is truly amazing.

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A Pivotal Human Ancestor Walked With Dinosaurs, Study Finds



There's been a long-standing debate about whether or not the key features that define placental mammals like ourselves emerged in our ancestors before or after the extinction event that wiped out the dinosaurs.

Now that debate may have finally been settled, following an analysis by researchers from the University of Bristol in the UK and the University of Fribourg in Switzerland.

No definitive placental mammal fossils have been found before the dino-killing Cretaceous-Paleogene (K-Pg) mass extinction, 66 million years ago. But the fossil record has yielded molecular clock data that suggests the lineage stretches further back in time, alongside the dinosaurs.

Analyses of molecular clock data 'wind back' genetic changes that occur steadily over time, to pinpoint the common ancestors of species.

Using a new statistical analysis approach, researchers have been able to show how the earliest forms of placental mammals probably emerged in the Cretaceous period, mingling with the dinosaurs for a short period.

"We pulled together thousands of fossils of placental mammals and were able to see the patterns of origination and extinction of the different groups," says Emily Carlisle, a paleobiologist from the University of Bristol.

"Based on this, we could estimate when placental mammals evolved."

The model used by the researchers also shows it was only after the asteroid hit that more modern lineages of placental mammals started to emerge. It's therefore possible that the conditions were better for diversification after the dinosaurs (and a vast number of other species) went extinct.

What's known as a Bayesian Brownian bridge model was used as a basis to estimate the ages of clades – groups of organisms with a common ancestor. This type of statistical model applies probabilities to figure out evolutionary patterns across time spans where there's no hard evidence to be found.

Based on a dataset representing 380 placental mammal families, the researchers estimate that 21.3 percent of them could have stretched back to the Cretaceous.

This included the groups that gave rise to primates, dogs and cats, rabbits and hares. What's more, the simulations matched up well with previous molecular clock data that suggest placental mammals had similarly ancient roots.

"The model we used estimates origination ages based on when lineages first appear in the fossil record and the pattern of species diversity through time for the lineage," says evolutionary biologist Daniele Silvestro, from the University of Fribourg in Switzerland. "It can also estimate extinction ages based on last appearances when the group is extinct."

The team suggests that the model used here is more accurate than using fossil records or molecular data to work out paths of evolution for species, particularly when the number of available fossils is low.

Only a very small number of animals make it to fossil status – it needs a very particular combination of conditions for an organism to be preserved as a fossil – so it's perhaps not surprising that these placental mammals don't appear in the record in their earliest form.

Now the researchers are hoping that the model they've developed can be deployed in other studies too. As more work is done on fossil digitization and organism classification, the results produced by this statistical approach should continue to improve.

"By examining both origins and extinctions, we can more clearly see the impact of events such as the K-Pg mass extinction or the Paleocene-Eocene Thermal Maximum (PETM)," says University of Bristol paleobiologist Phil Donoghue.

The research has been published in Current Biology.


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Trilobites (Marc R. Hänsel)



Un trilobite de l'Ordovicien supérieur (450 millions d'années), trouvé près de Québec.
 


Les Trilobites de la Formation de Neuville

Rangée 1:

Isotelus gigas: Un trilobite assez commun, pouvant atteindre une taille impressionnante (30 cms+). Les spécimens complets sont pourtant rares dans la formation de Neuville, mais plus fréquents dans des strates équivalentes en Ontario et à New York.

cf. Cyphoproetus wilsonae: Un trilobite très rare dans la formation de Neuville, connu à partir de moins de 5 spécimens complets. Bien que similaire à Cyphoproetus, il pourrait en fait être quelque chose de différent.

Cryptolithus tesselatus: Un trilobite généralement commun en fragments, mais connu de la formation de Neuville par très peu de spécimens complets. Cette espèce est commune dans les formations de Nicolet, Montréal et Tétreauville.

Rangée 2:

Flexicalymene senaria: Le trilobite le plus commun de la formation de Neuville. Cette espèce est également présente dans toutes les autres formations du Groupe de Trenton, au Québec, en Ontario et à New York.

Meadowtownella trentonensis: Un trilobite rare dans la formation de Neuville, difficile à trouver grâce à sa petite taille (5-10mm)

Gravicalymene sp.: Un trilobite très rare présent uniquement à l'est, où la faune de la formation subit un changement majeure et qui est encore mal compris. L'espèce reste à être déterminée.

Rangée 3:

Diacanthaspis sp.: Un trilobite extrêmement rare faisant parti de la faune de l'est, connu grâce à ce spécimen complet unique. L'espèce reste à être déterminée.

Ceraurus cf. pleurexanthemus: Un trilobite commun. Bien que l'espèce soit généralement appelée "pleurexanthemus", l'espèce exacte du Ceraurus de Neuville n'a pas encore été formellement décrit!

"Acidaspis" horani: Le trilobite le plus commun de la faune de l'est, mais très rarement trouvé complet.
Hypodicranotus striatulus: Un trilobite très rare dans la formation de Neuville, connu à partir de moins de 8 spécimens complets.


Métissage ethnique dans la vallée du Saint-Laurent



MÉTISSAGE ETHNIQUE DANS LA VALLÉE DU SAINT-LAURENT (PARTIE I) : UNE PORTÉE PLUS LARGE QU’IL N’Y PARAIT

Bien que les unions entre Canadiens et Autochtones dans la vallée du Saint-Laurent aient été moins fréquentes qu’en Acadie ou dans la région des Grands Lacs, il n’en demeure pas moins que leur nombre fut suffisamment significatif pour qu’elles fassent partie intégrante de la société canadienne. 
Dans ces carrefours culturels que constituaient les établissements de Montréal, Trois-Rivières et Québec, des femmes et des hommes aux traits caucasiens étaient désormais, culturellement, des Autochtones et, bien que cela ait été plus rare, des habitants aux traits autochtones étaient des Canadiens. 

Cependant, il est aujourd’hui difficile de rendre compte avec précision de l’ampleur du métissage ethnique qui se produisit dans l’ensemble de la Nouvelle-France, car les sources sont insuffisantes. 
D’abord, dans les premières décennies de la colonie, on ne trouve que des mentions singulières de Métis, ce qui rend difficile, voire impossible, de remonter aux origines généalogiques et géographiques de ces personnes. Sous les encouragements de la politique coloniale, il y eut aussi de nombreuses adoptions d’enfants autochtones, mais il est aujourd’hui pratiquement impossible de détecter leurs traces dans les annales. 

Certes, les registres paroissiaux permettent de mesurer le nombre de mariages mixtes bénis par le clergé, mais très incomplets, ils les sous-évaluent largement en raison du fait que l’origine ethnique des Autochtones ayant des noms de famille français n’aurait pas été documentée. 

Par ailleurs, ces archives ne tiennent compte que des mariages chrétiens et non des autres formes d’unions célébrées en dehors du contrôle des autorités cléricales. Qu’il s’agisse de liaisons passagères ou de mariages « à la façon du pays », c’est-à-dire selon les coutumes autochtones, ces unions non répertoriées étaient fréquentes, notamment dans les communautés autochtones domiciliées, alors que des Canadiens et Canadiennes s’y établissaient avec leurs conjoints autochtones. 

L’analyse des registres coloniaux confronte également les historiens à une dissonance importante entre un mode d’enregistrement occidental et catholique appliqué à des sociétés animistes et souvent nomades. Par exemple, les Autochtones n’avaient pas de patronymes, ne disaient pas leur nom et celui-ci pouvait changer au cours de leur vie, tandis que les surnoms étaient nombreux.

À ce jour, nous ne connaissons pas la véritable proportion autochtone dans la généalogie québécoise. Selon la démographe Mylène Vézina, dans les régions comme le Saguenay, la Gaspésie et la Côte-Nord, au moins 50 à 70% des Québécois ont un ancêtre autochtone. Même son de cloche de la part de la directrice du projet BALZAC, Hélène Vézina, et de ses collaborateurs qui établissaient en 2012 que la proportion des généalogies où est identifié au moins un ancêtre autochtone dépasse les 50% dans toutes les régions du Québec et doit être majorée à trois quarts pour celles de Montréal et de la Côte-Nord. 
À suivre…

Pour en savoir plus : http://marco-wingender.ca/


Neuropteris



Amazing Neuropteris Fossil with Exceptional Preservation From Grundy County, Illinois.
Pennsylvanian (~300 m.y.a.).
Photo Copyright ©️ juarezfossil/IG


 

Carte génétique de la population québécoise d’ascendance française



Nos gènes peuvent révéler qui nous sommes, mais aussi d’où nous venons ! Grâce aux registres paroissiaux de l’Église catholique, des scientifiques ont réussi à concevoir une carte génétique de la population québécoise d’ascendance française à une résolution encore jamais vue dans le monde ! Leurs résultats ont été publiés dans Science.

Une carte génétique est un modèle généré par ordinateur qui permet de comprendre comment la diversité génétique se répand sur le territoire à travers le temps.

« Le modèle le plus simple pour une population en est un qui n’a pas de barrières spatiales, où chacun choisit au hasard le partenaire avec qui se reproduire, indique Simon Gravel, professeur en génétique humaine à l’Université McGill et un des auteurs de l’étude. Mais dès que l’on commence à prendre en compte le fait qu’en réalité, il est généralement plus facile de voyager dans une direction que dans une autre, on se retrouve avec tellement de paramètres que cela devient difficile à modéliser. »

Sauf au Québec! En effet, les Québécois et Québécoises d’ascendance française, dont les ancêtres se sont surtout établis ici aux 17e et 18e siècles, possèdent une généalogie précise grâce aux paroisses catholiques. « Dans les actes de mariage anglicans, on écrivait le nom de l’homme et de la femme alors que chez les catholiques, on notait aussi celui de leurs parents, explique Simon Gravel. Ce petit détail fait toute la différence! » Seuls quelques peuples dans le monde ont accès à de telles informations.

Les scientifiques ont donc associé des données génétiques (provenant principalement des bases de données CARTaGENE, Genizon et SUVIMAX) et généalogiques (de la base de données BALSAC) – pour comprendre comment cette population s’est distribuée au Québec.

Suivre les cours d’eau
Sans surprise, on voit que les migrations suivent les cours d’eau. Si la ville de Québec s’avère le lieu fondateur principal de cette nation, l’équipe en a tout de même déniché quelques autres d’importance dans certaines régions.

Par exemple, le Saguenay aurait été établi à partir du village de Baie-Saint-Paul et des terres de l’astroblème de Charlevoix. Les dix premiers colons seraient responsables de 37 % de «l’apparentement» (quand deux personnes partagent un ancêtre commun) dans la région !

Saint-Joseph-de-Beauce et la rivière Chaudière ont joué ce rôle pour la Beauce et Rivière-Ouelle fut une pierre d’assise dans le Bas-Saint-Laurent.

Pour s’assurer que cette généalogie rédigée au cours des derniers siècles ne comprenait pas trop d’erreurs, les scientifiques ont simulé la dispersion de la variété génétique et ont comparé ce modèle informatique à ses résultats expérimentaux.

Coup de théâtre, les deux s’agençaient presque parfaitement. « C’est la première fois que cela a été fait, dit Simon Gravel. J’en ai encore des frissons. »

Analyses sophistiquées
Pavel Hamet, professeur à la Faculté de médecine de l’Université de Montréal et spécialiste des questions touchant la génétique, a été impressionné par la sophistication de l’analyse présentée dans l’article scientifique.

Du même souffle, il regrette que l’étude n’approfondisse pas davantage l’aspect pratique de la création d’une telle carte: celui qui a trait aux maladies. « C’est peut-être volontaire d’avoir laissé la pathologie de côté, mais c’est pour la pathologie qu’ils l’ont fait », croit-il.

Son souhait pourrait bien être exaucé. L’équipe désire désormais utiliser la même méthode pour identifier les variants génétiques responsables de maladies tout en évitant les biais pouvant être causés par la géographie et l’environnement.

Une autre preuve que prendre des notes exhaustives est payant !

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Dimetrodon (New Mexico Museum of Natural History & Science)




 

Gastornis (New Mexico Museum of Natural History, Albuquerque)




 

Pourquoi les Vikings ont-ils quitté le Groenland ? La fin d’un mystère



Jusqu’ici, le consensus dictait que le déclin des colonies Vikings au Groenland était dû aux températures extrêmes du petit âge glaciaire. Or, une nouvelle étude, examinant pour la première fois les sols du site où a vécu cette ancienne colonie, apporte une autre hypothèse : c’est une sécheresse, et non pas le froid qui aurait chassé les Scandinaves de ce territoire.

Des anthropologues, historiens et scientifiques ont longtemps cherché à comprendre pourquoi les Vikings, après des centaines d’années de prospérité, ont quitté le Groenland au début du XV siècle. Appelée par les Scandinaves, « colonie de l’Est », la fertilité des terrains groenlandais permettait de planter de l’herbe, qu’ils utilisaient comme pâturage pour leur bétail. Les Vikings ont ainsi prospéré pendant 400 ans et leur population a atteint environ 2000 habitants à son pic.

Des études antérieures avaient estimé qu’une période de froid extrême avait rendu la vie agricole des colonies Vikings insoutenable. Toutefois, ces recherches se sont basées sur des échantillons pris à plus de 1000 kilomètres au nord du lieu colonisé par les Scandinaves. Une nouvelle étude, parue dans la revue Science Advances, a essayé de régler cette erreur méthodologique. « Avant cette étude, il n’y avait aucune donnée sur le site réel des colonies Vikings » signale dans le communiqué, Raymond Bradley, professeur émérite universitaire de géosciences à l’Université du Massachusetts Amherst et l’un des co-auteurs de l’étude.

Quels étaient les conditions climatiques rencontrées par la civilisation viking au Groenland ?
Pour dévoiler ce mystère, les chercheurs de l’Université du Massachusetts ont examiné les variations de climat qui ont frappé les fermes de cette civilisation. Ils se sont donc rendus au Lac, intitulé « Lake 578 », où il y a eu l’une des concentrations majeures de fermes Vikings. Pourquoi examiner les sédiments d’un lac? Parce que leur analyse chimique expose les températures subies par ces sédiments depuis 2000 ans.

Les sédiments du lac ont été analysés avec deux marqueurs différents. Le premier, un lipide nommé « BrGDGTé ». Il a permis de reconstruire les changements de température enregistrés par les sédiments. Le deuxième marqueur est un revêtement cireux qui se trouve sur les feuilles des plantes. Il enregistre le taux d’évaporation d’eau de ces plantes, permettant ainsi de déterminer l’humidité ou la sécheresse enregistrées au long des années.

Le résultat? Les changements de température étaient à peine perceptibles! L’élément qui a marqué les chercheurs était plutôt la sécheresse qui a frappé ces territoires. «Ce que nous avons découvert, c’est que, alors que la température a très peu changé au cours de la colonisation nordique du sud du Groenland, elle est devenue de plus en plus sèche au fil du temps» relate Boyang Zhao, chercheur et auteur principal de l’étude. Les auteurs de l’étude suggèrent que cette sécheresse a affamé le bétail de la civilisation Viking.

Cette étude aide à mieux comprendre un grand mystère de, et montre également comment les facteurs environnementaux peuvent avoir un rôle crucial dans la prospérité ou le déclin des civilisations humaines.


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Appalaches



One pretty cool geological fun fact is that the Scottish Highlands, the Appalachians, and the Atlas are the same mountain range, once connected as the Central Pangean Mountains.
More details/photos: http://bit.ly/3msH4yn

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Julius Csotonyi III



This is a piece I prepared for the Deep Time exhibit at the Smithsonian National Museum of Natural History, featuring a Silurian reef. The fish are Nerepisacanthus, the giant eurypterid (sea scorpion) in the background is Pterygotus, and the smaller foreground eurypterid is Eusarcana. This artwork was incorporated into the big spiral timeline at the entrance to the exhibit, next to which sits Darwin's famous quote, "...endless forms most beautiful and most wonderful have been, and are being, evolved"
It was a great honour to be selected to participate in the creation of artwork to support this amazing exhibit on the deep history of life on Earth.


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Plus malins qu'on ne le pensait, les Néandertaliens savaient fabriquer une colle à base de goudron de bouleau



Non, les Hommes de Néandertal (Homo neanderthalensi) n'étaient pas des êtres primitifs. C'est en tout cas ce qu'ont montré les récentes études réalisées par les paléontologues sur ces hominidés longtemps dépeints comme inférieurs, alors qu'ils possédaient, semblerait-il, des capacités cognitives avancées, similaires à leurs contemporains les Hommes modernes (Homo sapiens).

En témoignent les dernières recherches en date sur le sujet, publiées dans la revue Archaeological and Anthropological Sciences le 22 mai 2023 : des chercheurs de l'université Eberhard Karls de Tübingen (Allemagne) sont parvenus à démontrer que les Néandertaliens utilisaient des processus complexes pour la fabrication de leurs outils et de leurs armes. Plus précisément, pour la confection du goudron de bouleau, employé comme adhésif entre les pierres et les os ou le bois des manches.

Le goudron de bouleau, plus vieille substance synthétisée

Autrefois, la capacité à manipuler des matériaux pour les employer comme outils était considérée comme l'un des attributs principaux de l'intelligence humaine. Mais depuis que des animaux ont été observés en train de faire de même, la faculté à synthétiser des substances et matériaux introuvables dans la nature est devenue l'un des aspects les plus importants de cet avantage cognitif, comme un signe unique du comportement intelligent humain. Pour cause, "elle nécessite une réflexion, une planification et une compréhension sensibles de nos actions pour convertir les matières premières par un processus appris", expliquent les auteurs des nouvelles recherches dans un communiqué.

Le goudron de bouleau est ainsi, selon les chercheurs, la plus ancienne substance synthétique conçue par les premiers Hommes. Il est obtenu par la pyrolyse du bois (aussi appelée distillation), c'est-à-dire sa décomposition chimique grâce à une augmentation importante de sa température. Or, les plus anciens artefacts retrouvés avec cette colle — qui a l'avantage d'être résistante à l'eau et à la décomposition organique, une aubaine pour les archéologues — ne sont pas associés aux Hommes modernes, mais aux Hommes de Néandertal dès le Paléolithique moyen.

Technique de production souterraine "de pointe"

Seulement, les scientifiques pensaient jusque-là que les Néandertaliens obtenaient ce fameux goudron de façon opportuniste ou avec des méthodes simples de l'âge de pierre, en grattant la substance sur les roches après un incendie fortuit, par exemple. Mais l'étude ici réalisée montre qu'ils en ont fait d'une autre manière.

Ses auteurs se sont pour cela lancés dans de l'archéologie expérimentale : ils ont recréé cinq techniques différentes d'extraction de goudron de bouleau, deux en surface et trois en sous-sol. La substance obtenue a ensuite été analysée et comparée (par des techniques de spectroscopie infrarouge, de chromatographie en phase gazeuse, de spectrométrie de masse et de tomographie assistée par ordinateur) aux "traces" chimiques extraites sur les vieux artefacts, qui en comportaient quant à eux une version bien plus ancienne.

La colle de ces objets millénaires, ont finalement découvert les chercheurs, a été obtenue par une méthode bien plus efficace qu'ils ne l'imaginaient : une technique de transformation souterraine plus délicate à exécuter que celles en surface, "un processus par étapes de distillation limitée à l'oxygène du chauffage souterrain pour extraire l'adhésif synthétique", écrivent-ils. Pour simplifier, du goudron était distillé dans un environnement souterrain — des sortes de "fours en terre" — créé intentionnellement pour limiter la circulation de l'oxygène et rester invisible pendant le procédé.

"Première manifestation documentée de ce type dans l'évolution humaine"
Compte tenu de la complexité de ce savoir-faire néandertalien, qui précède de 100 000 ans celui connu pour l'Homme moderne, il est probable que cette production du goudron de bouleau n'ait pas vu le jour spontanément, mais à force d'expérimentations, sur la base de méthodes antérieures plus simples. Elle donne toutefois un aperçu édifiant des capacités remarquables des Hommes de Néandertal.

Il n'y a que quelques autres techniques de transformation qui peuvent être comprises pour documenter l'évolution culturelle à un degré similaire. Le traitement thermique de la pierre pour la taille des outils en fait partie. Alors que [celui-ci] est antérieur en Afrique [...], il a été démontré qu'en Afrique du Sud, il n'impliquait pas de processus souterrains invisibles. Ainsi, si les dates [...] d'environ 200 000 ans sont correctes, la fabrication de goudron de bouleau de Néandertal semble être la première manifestation documentée de ce type dans l'évolution humaine.

Pour les chercheurs à l'origine de l'étude, cette découverte remet donc en question notre perception de l'intelligence humaine "moderne" et de son caractère exceptionnel. De plus en plus de preuves archéologiques vont d'ailleurs dans ce sens, soulignent-ils, appuyant une à une le fait que les Néandertaliens pouvaient utiliser diverses méthodes complexes de fabrication — alors qu'il a longtemps été imaginé qu'elles étaient l'apanage de nos ancêtres, seuls survivants du genre Homo.

D'autres recherches récemment publiées par l'université de Cambridge (Angleterre) suggèrent que l'Homo neanderthalensi et l'Homo sapiens auraient aussi partagé des capacités cognitives liées au feu — "différentes formes de pensée causale, de transmission culturelle et de répétition, ainsi qu'une coopération dans la collecte et la gestion du feu", développent-ils — ce qui pourrait laisser entendre que "ces capacités peuvent avoir précédé la scission évolutive entre les espèces il y a plus de 500 000 ans". Une étude qui, encore une fois, rend à Néandertal une forme d'intelligence auparavant minimisée.


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Les origines génétiques françaises du Québec élucidées par des chercheurs



Le Québec est une province très particulière du Canada, étant le seul territoire de l’Amérique du Nord où le français est encore la langue dominante (il s’agit de la langue maternelle pour six millions et demi de Québecois, sur un total de 8,8 millions d’habitants). Une particularité qui reflète l’héritage culturel de la France dans cette région. Mais il ne s’agit pas uniquement d’une transmission culturelle due aux liens entre le Québec et la France, cet héritage se retrouve aussi dans la génétique des Québecois : la grande majorité de la population de cette région francophone descend directement des premiers colons français, qui ont accosté sur les rivages du fleuve Saint-Laurent au 17e siècle, remplaçant les Amérindiens qui y habitaient. Une étude publiée le 25 mai 2023 dans la revue Science met en lumière l’origine de ces premiers français, et le parcours qu’ils ont sillonné lors de la colonisation de la plus grande province du Canada.

Les premiers français au Québec viendraient des régions portuaires de l’Hexagone

Cette étude, dirigée par Luke Anderson-Trocmé de l’Université de McGill au Canada (en collaboration avec l’Université de Québec et les universités françaises de Nantes et Sorbonne-Paris-Nord) ont couplé les données disponibles d’état civil et mariages catholiques au Québec depuis l’arrivée des Européens dans cette région, à des données génétiques et généalogiques de plus de 20.000 Canadiens francophones. L’ensemble de ces données montrait une forte corrélation entre héritage génétique et localisation géographique, ce qui a permis d’inférer la généalogie de toute la région. "Avoir à la fois des données génétiques et généalogiques a permis de simuler la génétique de l’ensemble de la population", explique Christian Dina, ingénieur de recherche au CNRS au laboratoire de l’Institut du Thorax du CHU de Nantes, de Nantes Université et de l’Inserm, qui a participé à l’étude.

Cette analyse a mis en évidence que la majorité de l’héritage génétique des Québecois actuels vient de la France, alors que le passé amérindien de la région a été presque complètement effacée des génomes, représentant moins de 1 % de la génétique des Québecois francophones. En comparant ces données avec ce que l’on sait sur la génétique des régions françaises, les chercheurs ont pu mettre en évidence que la plupart des premiers Français au Québec venaient des régions portuaires de Poitou et de Normandie, ainsi que d’Île-de-France. Ils seraient arrivés principalement dans la ville de Québec, d’où ils auraient colonisé le reste de la province. "Il n’y a pas une région de France qui a fondé directement une région du Québec. Le peuplement du Québec semble être une suite d’événements fondateurs à partir de la ville de Québec, où il y a eu un grand mélange génétique de ces premiers Français, qui après se sont éparpillés dans la région", ajoute Christian Dina.

La colonisation du Québec a été influencée par les rivières...

La ville de Québec (premier site d’implantation permanent des Français) aurait servi donc de point d’ancrage, à partir d’où les descendants de ces premiers colons français seraient partis explorer le reste de la province, suivant notamment le grand fleuve Saint-Laurent et ses affluents. Selon les auteurs, ces territoires étaient occupés par des communautés amérindiennes, telles que les Iroquois. Les colons auraient donc utilisé comme stratégie d’occuper les rivières, créant une colonie fluviale avec quelques implantations sur les rivages. "Les rivières ont eu un rôle structurant car elles servaient d’autoroute au Québec, abonde-t-il. Les familles qui ont créé ces effets fondateurs sont probablement arrivées par les fleuves."

… et des éléments cosmiques !

La géographie aurait donc été très importante lors de la colonisation de cette province, ainsi que la géologie. C’est par exemple le cas d’un ancien cratère causé par la chute d’une météorite près de Charlevoix, au nord-est de la ville de Québec, il y a environ 400 millions d’années. La formation géologique produite par cet impact a créé une poche de terre fertile au milieu de cette région montagneuse. La fertilité de cette zone aurait entrainé une concentration démographique importante, où plusieurs effets fondateurs auraient eu lieu. Lorsque la pression démographique a été trop importante, une partie de la population serait partie le long de la rivière Saguenay, répandant l’héritage génétique des premiers arrivés dans cette zone. "C’était surprenant de voir l’influence d’un élément cosmique sur la structure génétique d’une région !", s’amuse Christian Dina.


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Göbekli Tepe



LES SUMÉRIENS N'ÉTAIENT PAS LES PREMIERS
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Jusqu'à il y a une vingtaine d'années, on pensait que la "civilisation" était apparue avec les Sumériens, il y a environ 7 000 ans. Puis, à la frontière turco-syrienne, on a découvert Göbekli Tepe et les villages voisins. Depuis, tout a changé.
...
Les vestiges les plus anciens de Göbekli Tepe remontent à au moins 12 000 ans. Mais certains des monolithes découverts dans les ruines représentent des êtres humains vêtus uniquement de pagnes. Or, il y a 12 000 ans, nous étions en plein Dryas inférieur (une mini-période glaciaire). Il est donc impossible que des gens se soient promenés uniquement vêtus de pagnes. Pour se promener ainsi vêtus, il fallait que la température soit clémente. Or, la dernière période "douce" avant le Younger Dryas s'est terminée vers 110 000 avant J.-C., lorsque la dernière période glaciaire a commencé. Certaines parties de Göbekli Tepe pourraient donc remonter à cette période.
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Göbekli Tepe a été gravé d'idéogrammes, des sculptures qui ne représentent pas des animaux ou des objets, mais des concepts abstraits. Ils pourraient constituer le plus ancien exemple d'écriture humaine, précédant celle des Sumériens d'au moins 5 000 ans. Les bâtiments de Göbekli Tepe ne sont pas faits de bois ou de paille, mais de calcaire. Certains piliers pèsent jusqu'à 20 tonnes. Les habitants de Göbekli Tepe ont pu construire des maisons et des villages en pierre des milliers d'années avant les Sumériens.
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Sur une dalle de pierre connue sous le nom de "stèle des grues", les sages de Göbekli Tepe racontent une rencontre entre eux et des "êtres extérieurs" venus du ciel, alors qu'une comète traversait le ciel. De plus, le récit gravé fait allusion à une époque où un bombardement de comètes a causé d'immenses destructions sur Terre. Quelle est la fiabilité de ce récit, qui date d'au moins 12 000 ans ?
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L'article se poursuit dans le livre :
HOMO RELOADED - L'histoire cachée des 75 000 dernières années


Fossiles du Québec (Marc R. Hänsel)




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“Lost World” Of Early Ancestors Revealed In Billion-Year-Old Fossilized Fat Molecules




Fossilized fats that date back over a billion years have revealed a whole community of previously unknown organisms that were shaping Earth’s ecosystems during the planet’s middle age. They were abundant in marine ecosystems, and while we don’t know what they would’ve looked like, they were considerably more complex than bacteria – something they may have used to their advantage.

“We believe they may have been the first predators on Earth, hunting and devouring bacteria,” said Jochen Brocks from the Australian National University (ANU), who shares first authorship of the study, in a statement sent to IFLScience.

The “Protosterol Biota”, which produced the “protosteroids” found, belong to a group of organisms known as eukaryotes, which is a massive umbrella that also encompasses fungi, plants, single-celled organisms, and animals – that’s us! They were very different from the eukaryotes we know today, however, as they evolved on a planet where there was very little oxygen.

Finding them involved studying fossilized fat molecules trapped within rock that formed at the bottom of what’s now Australia’s Northern Territory around 1.6 billion years ago. Inside the molecules, scientists detected primordial chemical signatures that hinted they had stumbled across something significant.

If you’re wondering what fats could have to do with anything, there is a logical reason scientists are looking inside these molecules for clues about early life.

“Almost all eukaryotes biosynthesize steroids, such as cholesterol that is produced by humans and most other animals,” said Benjamin Nettersheim from MARUM, University of Bremen, Brock's co-first-author, in another statement.

“Due to potentially adverse health effects of elevated cholesterol levels in humans, cholesterol doesn’t have the best reputation from a medical perspective. However, these lipid molecules are integral parts of eukaryotic cell membranes where they aid in a variety of physiological functions. By searching for fossilized steroids in ancient rocks, we can trace the evolution of increasingly complex life.”

In the evolutionary tree, the lineage of plants, animals, and fungi all link back to the last shared ancestor. Since that’s all the eukaryotes, it’s known as the Last Eukaryotic Common Ancestor (LECA). The biomarker signatures found trapped within the fossilized fat molecules indicated to researchers that these protosteroids may have come from that same LECA which gave rise to everybody else. So, if you’re partial to embroidery, it looks like it's time to get stitching at the base of our family tree.

“The highlight of this finding is not just the extension of the current molecular record of eukaryotes,” added Christian Hallmann, one of the participating scientists from the German Research Center for Geosciences (GFZ) in Potsdam.

“Given that the last common ancestor of all modern eukaryotes, including us humans, was likely capable of producing ‘regular’ modern sterols, chances are high that the eukaryotes responsible for these rare signatures belonged to the stem of the phylogenetic tree”.

Trying to study ancient microbial worlds represents an enormous challenge for scientists, but discoveries such as this one bring us closer to tracing back to our roots and the microscopic eukaryotes that lived there. The team hopes next to zoom in on early eukaryotic life by shooting lasers at rocks coupled to an ultra-high resolution mass spectrometer.

Now there’s a Bond-esque methodology we can all get behind.


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Ce n'était pas nous les Sauvages (Daniel N. Paul)





Lecture intéressante traduite de l’anglais et dont l’auteur Daniel N. Paul est Micmac. L’extrait que je joins en dit long…

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Voici la preuve du plus ancien peuplement humain jamais découvert au Québec (Journal de Québec)










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À quoi ressemblait le monde des Néandertaliens ?



Jusqu’à il y a environ 40 000 ans, l’Homo sapiens partageait la planète avec ses plus proches parents connus, les Néandertaliens. Ces derniers, plus petits et plus trapus que les humains modernes, habitaient des régions allant de l’Europe de l’Ouest à l’Asie centrale. Les découvertes archéologiques révèlent que ces Homininis étaient remarquablement ingénieux : ils fabriquaient des outils en pierre, chassaient de grands animaux, utilisaient le feu, portaient des vêtements et adoptaient certains comportements symboliques, tels que l’inhumation probable de leurs morts.

Malgré ces capacités, les Néandertaliens ont rapidement décliné à la suite d’une importante migration d’Homo sapiens en Europe. Aujourd’hui encore, les scientifiques se demandent si la principale cause de cette extinction a été la concurrence avec notre espèce ou l’évolution de l’environnement. Les indices recueillis sur les sites néandertaliens pourraient aider à répondre à cette question, mais aussi à résoudre bien d’autres mystères concernant nos anciens parents.

En Italie, de nouveaux détails sur la vie des Néandertaliens ont par exemple été mis au jour dans les cavernes, les abris et les campements temporaires qu’ils utilisaient. Dans la grotte Guattari, près de la ville côtière de San Felice Circeo, au sud de Rome, des restes néandertaliens, probablement recueillis par des hyènes tachetées, ont récemment été découverts. Les hyènes amassent en effet des os dans leur tanière, et cet assemblage qui comprenait sept hommes, une femme et un jeune garçon néandertaliens, a amené les chercheurs à conclure qu’une communauté néandertalienne entière avait pu vivre dans la région.

Cette région d’Italie, montagneuse et riche en grottes calcaires, était apte à fournir un abri aux populations humaines ancestrales. Ces dernières, qui vivaient un mode de vie nomade et traquaient leurs proies au gré des saisons, revisitaient probablement ces grottes pour s’en servir comme abris.

Par le passé, les chercheur.ses s’appuyaient sur les ossements et sur des fragments d’outils ou d’armes pour en savoir plus sur les Néandertaliens. Aujourd’hui, en revanche, les expert.es disposent d’outils sophistiqués leur permettant de fouiller ces habitations anciennes à la recherche d’une multitude d’informations sur leur vie, et ce même lorsque les restes fossiles sont rares.

Grâce aux progrès de la technologie, les nombreuses traces du passé dont regorgent les grottes autrefois habitées par les Néandertaliens sont bien plus visibles par les spécialistes. Certaines des découvertes les plus remarquables de ces dernières années proviennent de détails de débris néandertaliens autrefois ignorés. Les cendres de foyers suggèrent par exemple l’utilisation du feu, les os d’animaux jetés révèlent des traces de techniques de boucherie, et la forme des éclats de pierre indique la sophistication de la production d’outils par les Néandertaliens. Des pigments datés chimiquement ont même suggéré que les Néandertaliens avaient réalisé des peintures rupestres.

De nombreux mystères subsistent au sujet de cette espèce ancestrale, tels que la fréquence de leurs comportements symboliques et les causes exactes de leur disparition. Cependant, grâce aux nouvelles découvertes scientifiques qui révèlent des détails extraordinaires sur leur vie, nous pouvons désormais dévoiler la vie de nos lointains parents avec bien plus de précision que jamais auparavant.




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Pompeii (Diane Aldrich)




 

Découverte exceptionnelle de statues gauloises et d’une tombe néolithique à Artenay



Sur le site archéologique d'Artenay, en région Centre-Val de Loire, les chercheurs de l'Inrap ont récemment découvert un immense complexe rural de l'époque gauloise. Parmi les restes de structures mis au jour figurent deux statues pour le moins intrigantes. Une tombe néolithique, très particulière, a également retenu leur attention.

Sur le site d’Artenay, près d’Orléans, plusieurs siècles d’histoire s’entremêlent, du Néolithique à la Gaule romaine. Dans cet espace de 9 hectares, investigué depuis août 2020, les archéologues de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) ont découvert deux ensembles agricoles de l’époque gauloise, entourés par de profonds fossés, comprenant chacun une résidence aristocratique. Ces ensembles ont révélé deux fragments de statues, fait très rare pour ce qui concerne la Gaule, d’autant plus dans cette région. Une tombe néolithique, contenant un squelette en position fœtale serrant un bois de cerf, a aussi été mise au jour. Cet immense site, qui accueillera bientôt la ZAC d’Artenay-Poupry, pose de très nombreuses questions aux archéologues, notamment sur les liens entre les deux fermes gauloises.


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A Day on Earth Used to Be Just 19 Hours Long



Today, the planet spins at a comfortable 24 hours a day. But that’s a surprisingly new phenomenon, geologically speaking. During the Mesozoic Era (252 to 66 million years ago), the world spun on its axis once every 23 hours. Turn the clock back 1.4 billion years ago—a cool billion years before life on Earth really took off—and a day was only 18 hours and 41 minutes long.

The Earth’s rotation is impacted most by Earth’s only natural satellite, the Moon, which formed during the fiery days of the Hadean Eon. As the Moon formed—likely from the debris of Earth’s collision with an ancient planet named Theia—it was only 14,000 miles away. That’s 17 times closer than it is today, and this closeness caused the Earth to spin more rapidly.

But since those early days, the Moon has slowly created some distance from its host planet. So, that means Earth’s days have only been getting longer and longer, right? If only it was that easy.

For decades, some scientists have theorized that, for about a billion years (between 2 billion and 1 billion years ago), the length of an Earth day actually stayed put at around 19 hours, flouting the assumption that Earth days only increased in length as the Moon moved toward its modern orbit. This long stretch of time, smack dab in the middle of the Proterozoic era, is known affectionately to scientists as the “boring billion” because not much happened on Earth (relatively speaking).

Now, scientists from the Chinese Academy of Sciences and Australia’s Curtin University say they’ve figured out why the Earth pressed pause on its daily length. Using newly gathered data—especially via cyclostratigraphy, where researchers us patterns in sediment to study climate cycles forced into being by astronomical events—and performing a statistical analysis, the scientists discovered that fluctuations in the Earth’s atmosphere at the time provided enough opposing forces to counteract any day length changes created by the Moon’s gravitational influence. The results were published on Monday in the journal Nature Geoscience.

“Because of this, if in the past these two opposite forces were to have become been equal to each other, such a tidal resonance would have caused Earth’s day length to stop changing and to have remained constant for some time,” co-author and Curtin University’s Uwe Kirscher said in a press release.



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Rencontre de deux plaques



Boundary of North American and Eurasian Plate.
Aerial of Almannagja fissure, Thingvellir National Park, Iceland . 
Almannagja- 7.7 km long, width 64 m, maximum throw is 30-40 m. It marks the eastern boundary of the North American plate. Its equivalent across the graben, marking the western boundary of the Eurasian plate is Hrafnagja. It is 11 km long, 68 m wide and a maximum throw of 30 m. Thingvellir is also renowned for its geological significance. The area is located on the Mid-Atlantic ridge, where the continents of Europe and America drift apart, causing earthquakes and volcanic activity. Standing in the Almannagja fissure, the visitor is literally situated between the continental plates.


Le destin des Celtes : histoire et déclin



Les morts gisaient, décapités. Les chevaux, les bovins et les moutons avaient été sacrifiés. Les habitants avaient empilé les cadavres dans des fosses ou les y avaient déposés au cours de cérémonies rituelles.

La colline du Mormont, en Suisse, connut réellement des scènes aussi effroyables, selon les archéologues Gilbert Kaenel et Lionel Pernet, dans ce qui semble avoir été un camp de réfugiés celtes situé au-dessus du lac Léman. Gilbert Kaenel, encore récemment directeur du Musée archéologique du canton de Vaud, a dirigé les travaux de préservation et de restauration des fosses du Mormont. Lionel Pernet a pris sa suite.

Les archéologues ont entrepris de fouiller la colline en 2006, en préalable à l’ouverture d’une carrière d’exploitation de calcaire. Ils ont alors découvert 250 fosses. Elles recelaient d’innombrables vestiges de récipients à boire en céramique et en bronze, ainsi que des outils de forgeron et six haches de menuisier, sans compter plus de 150 meules qui n’avaient pas beaucoup, voire jamais servi. Mais il y avait très peu  de traces d’armes. En revanche, des ossements ont été mis au jour, dont ceux de chevaux particulièrement précieux, importés d’Italie et symboles de prestige chez les Celtes. Mais d’autres ossements appartenaient à des humains.

Une cinquantaine de personnes ont été découvertes, allongées comme dans une tombe ou inhumées en position assise. Plusieurs crânes étaient privés de leur mâchoire inférieure, souvent retirée par les Celtes dans un cadre rituel.

Kaenel et Pernet ont cru avoir découvert un lieu de culte sur le Mormont, avant d’être pris de doutes. En effet, les sites sacrés se caractérisent par une certaine permanence. Or, d’après ce qu’ils en savaient, l’endroit ne resta peuplé que durant quelques mois. Et ce n’était pas une colonie, ne fût-ce que parce que la géologie de cette montagne calcaire ne se prête pas à la constitution de réserves d’eau. Il fallait donc l’apporter péniblement sur place. Mais pour quelle raison ces gens avaient-ils tué des animaux de valeur ? Pourquoi avaient-ils abandonné là des outils et des meules ?


« Tous ces objets étaient pourtant d’une utilité vitale, remarque Gilbert Kaenel. Ils ne s’en seraient pas débarrassés sans raison. »

Voici ce que suppose l’archéologue : aux abois, les Celtes se réfugièrent sur le Mormont – tous, peut-être, à l’exception des hommes aptes au combat. Dans leur désespoir, ils sacrifièrent même leurs biens les plus chers, allant jusqu’à immoler des humains pour implorer le secours des dieux. En ce temps-là, en effet, vers la fin du IIe siècle av. J.-C., des changements se profilaient en Europe centrale. Des bandes de Cimbres et de Teutons, des peuplades germaniques, écumaient le territoire celte du sud de l’Allemagne et de la Suisse actuelles. Rome elle-même dut se défendre contre ces intrus – et en profita pour élargir sa propre aire de domination.

« Ce fut une époque dramatique, un véritable tournant, affirme Gilbert Kaenel. Elle marque le début du déclin des Celtes. »

Cette nouvelle civilisation avait émergé en Europe sept siècles plus tôt, lorsque le fer avait remplacé le bronze au premier rang des métaux employés pour la fabrication d’armes et d’outillage.

Sur un territoire allant de la Bohême à la Bourgogne, en passant par le sud de l’Allemagne, les hommes adoptèrent un mode de vie similaire. Ils bâtirent des tumulus, élaborèrent des rituels comparables, créèrent un art figuratif marqué par des représentations d’animaux et d’humains, et adoptèrent l’usage d’agrafes typiques pour fermer leurs vêtements. Ils furent également à l’origine d’une révolution technologique, avec l’invention d’outils tels que le tour de potier à rotation rapide et la meule à bras.

Les Celtes vivaient en groupes tribaux distincts. Qu’ils se soient considérés comme une communauté et aient développé un sentiment collectif est peu probable. Historiens et archéologues conviennent qu’ils ne créèrent jamais d’empire cohérent. Nombre de chercheurs vont jusqu’à remettre en cause l’existence même d’une entité que l’on pourrait appeler « les Celtes ».

Beaucoup préfèrent parler de culture de l’âge du fer – aussi appelée cultures de Hallstatt et de La Tène. Mais la plupart acceptent le terme «Celtes », ne serait-ce que comme nom collectif d’usage désignant un peuple qui s’étendit, d’un côté, jusqu’à la Turquie, et, de l’autre, jusqu’à l’Espagne, et atteignit même les îles Britanniques.

Les Celtes se livraient au commerce à longue distance. Ils assimilèrent les connaissances et le mode de vie des civilisations d’Europe du Sud, et importaient du vin. Ils étaient également de remarquables bâtisseurs, à qui l’on doit les premières villes au nord des Alpes. Pourtant, ce peuple est le seul de toute l’Europe centrale antique qui ne laissa pas de nation.

Les Celtes ne disposaient pas de langue écrite. Les chercheurs doivent donc s’appuyer sur les récits –souvent politiquement motivés et partiaux – de leurs contemporains grecs et romains, tels que l’historien Hérodote et le général Jules César. Mais leurs principales sources d’information sont les fouilles archéologiques, comme celles entreprises par Dirk Krausse.

Cet archéologue du land de Bade-Wurtemberg, dans le sud-ouest de l’Allemagne, se tient sur le point le plus élevé de la Heuneburg, à mi-chemin entre le lac de Constance et Ulm. Il parcourt du regard un système de puissantes fortifications et de fossés, édifié là par les Celtes voilà 2500 ans. Le dispositif devait assurer la protection de leur bourgade, construite sur un plateau incliné, juste au niveau d’un gué sur le Danube.

La Heuneburg fut fondée vers 620 av. J.-C., au début de l’époque celte. Elle était bâtie sur le  cours supérieur du fleuve, à son point de rencontre avec une ancienne route marchande qui conduisait à la rivière Neckar et, plus loin, jusqu’au Rhin. La Heuneburg devint une plaque tournante du commerce avec des pays lointains, via les cols alpins menant à l’Italie.

Ce fut également par ce point de passage que les marchandises et les idées arrivèrent dans le Nord –à l’instar des connaissances techniques nécessaires pour édifier l’enceinte en briques d’argile de la cité. On n’avait jamais vu cela en Europe centrale, pas plus que dans une grande partie de l’Italie : un mur long de 750 m et haut de 4 m, crépi de blanc, équipé de tours, d’un chemin de ronde et de deux portes.

Krausse contemple l’éminence sur laquelle se dressent quelques bâtiments reconstitués. «Jusqu’à 3500 habitants ont pu vivre ici, estimet-il. Rome n’était pas beaucoup plus grande, à l’époque, et la population d’Athènes ne dépassait sans doute pas 10000 personnes. » Il est convaincu que la Heuneburg, située dans le sud de l’Allemagne, n’est autre que la légendaire ville celte de Pyrène mentionnée par Hérodote.

Derrière le mur d’enceinte, les artisans fabriquaient de coûteuses céramiques. Ateliers, maisons et entrepôts se jouxtaient, en une forme précoce de vie urbaine. Toutes les découvertes archéologiques suggèrent une période de paix relative, malgré quelques mystérieux bouleversements. La citadelle fut rénovée et, 170 ans plus tard, subitement abandonnée par ses habitants. Peut-être les routes marchandes s’étaient-elles déplacées encore une fois, faisant perdre de leur importance à la ville des Celtes et à ses établissements extérieurs.

Un site illustre la position qu’elle occupa, et fascine particulièrement Krausse et son équipe. L’archéologue se retourne pour désigner deux tumulus couverts d’herbe, à proximité de la Heuneburg : «Ceux qui franchissaient jadis la porte principale et portaient le regard entre ces tumulus apercevaient au loin un éperon rocheux blanc étincelant. C’est l’Alte Burg. Une voie de communication directe le reliait à la Heuneburg.»

L’aménagement réalisé par les Celtes il y a 2500 ans sur l’Alte Burg («Vieux Château»), situé sur un escarpement du Jura souabe, est à peine croyable. Avec des moyens techniques rudimentaires, ils défrichèrent et nivelèrent cette éminence allongée sur 340 m de longueur et 60 m de largeur. Puis ils protégèrent cet espace avec plus d’une centaine de bastions. Sur les deux longueurs, ils construisirent deux terrasses, et creusèrent un fossé à leur pied. Le blanc éclatant de l’éperon rocheux calcaire se détachait sur le paysage environnant–un signe de domination et de pouvoir visible de loin. Sur l’un des côtés du plateau que la forêt a reconquis depuis longtemps, une fosse profonde de 5 m a été dégagée voilà plus d’un siècle. Les restes de six individus y ont été découverts, mais ont disparu depuis. En reprenant des fouilles sur place, au milieu des années 2000, les archéologues ont exhumé d’autres ossements.

Les chercheurs s’interrogent sur la fonction possible du site. L’Alte Burg était-il un lieu de culte ? Krausse avance une hypothèse hardie. Il pense que les habitants de la Heuneburg ont emprunté à l’Italie non seulement la technique de construction de leur enceinte, mais aussi les spectacles de courses de chars.

L’Alte Burg était-il un équivalent celte du cirque Maxime de Rome et utilisé, en outre, pour certaines cérémonies rituelles, dont des sacrifices humains? Y organisait-on des compétitions pour rapprocher les Celtes de la région et cimenter une identité commune ? Si Dirk Krausse l’envisage, il ajoute avec prudence : « Nous ne savons pas grand-chose du monde intellectuel et spirituel de ces individus. Beaucoup d’éléments restent obscurs. »

À l'époque de l'édification de la Heuneburg, un autre site celte avait déjà pris de l’importance: le Glauberg, un plateau qui s’élève dans un paysage ondulé, juste au nord de l’actuelle Francfort. Par-delà la baie vitrée du musée local s’étend le paysage légèrement vallonné de la Vettéravie, avec des bosquets et de petites forêts. « Sans doute la forêt y était-elle déjà clairsemée, selon Axel Posluschny, qui  dirige les recherches sur le Glauberg. Il y avait deux ou trois fermes de quatre ou cinq bâtiments, ici et là des villages un peu plus gros. Ces établissements étaient séparés par des terres fertiles, où l’on cultivait l’orge, l’engrain, l’épeautre et les lentilles. »

La polyculture réduisait sans doute le risque de perdre toute une récolte. Et l’analyse des os retrouvés là a établi qu’ils étaient ceux de porcs, de chèvres et de poules.

Trois êtres humains avaient été inhumés au pied du Glauberg. Au cours des dernières décennies, les fouilles des tombes ont livré des restes de squelettes et des accessoires d’une richesse toute particulière : épées, pointes de lances, bracelets et colliers en or, un bouclier et deux pichets contenant encore des restes d’hydromel.

Au pied du plateau, les chercheurs ont également découvert une statue en grès, haute de près de 2 m et coiffée d’une couronne de gui. Unique en son genre, la statue est devenue le symbole du site. Il lui manque les pieds, comme si elle avait été abattue de son piédestal.Mais les archéologues du Glauberg sont encore plus intrigués par un gigantesque fossé d’enceinte et par le « chemin de procession». Celui-ci est aligné avec précision sur l’azimut le plus au sud du lever de lune. Or cette situation astronomique ne se produit que tous les 18,6 ans. Qu’est-ce que tout cela signifie ? «Murailles et fossés sont pure frime, affirme Axel Posluschny. Il n’empêche, le savoir est toujours une source de pouvoir, et cette installation est un symbole de ce pouvoir. Elle nous montre aussi que les Celtes avaient déjà de remarquables connaissances scientifiques et effectuaient des observations des phénomènes naturels sur le long terme. »

Ces observations étaient sans doute la tâche des druides, une caste particulière. On sait toutefois beaucoup moins de choses sur eux que ne leur en attribuent leurs fans d’aujourd’hui. Des chroniqueurs grecs, comme le philosophe Posidonios, ont décrit ces hommes mystérieux, et César a donné les noms des dieux avec lesquels ils cherchaient à entrer en contact: Mercure, Minerve ou Mars. Nous ne possédons cependant aucune information sur les druides émanant des Celtes eux-mêmes.

Les druides ne transmettaient leur savoir que sous forme orale. Nous ne disposons d’aucune note écrite. L’archéologie elle-même ne fournit aucun témoignage de l’existence de ces guides spirituels. Nulle sépulture n’atteste leur réalité. Les sanctuaires et les lieux de sacrifices laissent toutefois penser qu’un clergé organisé existait.

« Les druides étaient indéniablement les érudits de leurs temps, décrit l’archéologue Susanne Sievers, spécialiste des Celtes. Ils s’intéressaient à l’astronomie aussi bien qu’à la politique et à l’économie. Ils servaient de conseillers aux dirigeants. » Aussi peut-être étaient-ils impliqués dans les projets de construction. Et peut-être furent-ils consultés sur la création et l’orientation du chemin de procession du Glauberg.

S’ils étaient très écoutés pour toutes les questions qui avaient trait à la paix et à la guerre, ils le furent aussi probablement au moment de la marche sur Rome, un événement dont les conséquences allaient être dramatiques, pour les Celtes comme pour les Romains.

Des guerriers celtes avaient déjà combattu comme mercenaires dans d’autres armées, et même dans les rangs romains. Les marchands racontaient des récits sur le luxe méridional. Attirés par la perspective d’une vie meilleure, et sans doute poussés par de mauvaises récoltes dues à des conditions climatiques défavorables, plusieurs dizaines de milliers de Celtes se rassemblèrent vers l’an 400 av. J.-C. et franchirent les Alpes en direction du Sud.

En juillet de l’an 387 av. J.-C., ils atteignirent Rome. Là, ils trouvèrent les rues et les places désertes. Des milliers d’habitants avaient fui. Il ne restait dans les maisons que des vieillards, des femmes et des enfants. Les Celtes investirent le Forum, avant de piller et de massacrer.

Les Romains ne s’avouèrent cependant pas vaincus. Au terme de longs combats, les intrus furent chassés. Mais l’humiliation d’avoir été menacés sur leur propre sol resta gravée dans l’esprit des Romains. Elle marqua l’attitude des Romains à l’égard des Celtes jusqu’à la défaite ultime de ces derniers, 330 ans plus tard.

Entre-temps, les plus importants centres économiques des Celtes prospérèrent au pied des Alpes orientales. En effet, cette région recelait du sel. Dans la haute vallée de Hallstatt et à proximité de Dürrnberg, on en trouve relativement près de la surface du sol. Le sel est un produit essentiel pour les hommes comme pour le bétail. Il servait à relever les plats, à conserver la viande et à tanner le cuir. Or Dürrnberg se trouve à proximité de la Salzach, une rivière navigable, qui permettait de transporter l’« or blanc » jusqu’à ses débouchés.

Tendant le bras tantôt à gauche, tantôt à droite, Holger Wendling, directeur de recherches au Keltenmuseum (musée des Celtes) de Hallein, près de Salzbourg, en Autriche, conduit sur une départementale qui traverse cette région de moyenne montagne fragmentée. Il connaît parfaitement les sites où les gens vivaient dans des petites agglomérations et des fermes.

Le Dürrnberg fait l’objet de recherches depuis des décennies. On estime qu’un millier d’individus étaient établis alentour, vivant de l’extraction du sel, ou bien comme menuisiers, tanneurs et marchands. Important centre du commerce du sel, Dürrnberg fournissait une grande partie de l’Europe centrale. C’était «une sorte de zone économique spéciale pour l’exploitation minière et d’autres industries », explique Wendling.

L’extraction du sel était coûteuse et exigeait un important investissement, ce qui présupposait l’existence d’une classe dirigeante prospère. Il fallait d’abord repérer les veines de sel gemme. On creusait ensuite dans la roche des galeries longues de 200 à 300 m, étayées avec des troncs d’arbres. On devait assurer leur ventilation et alimenter les mineurs. Il faisait chaud et les torches ne fournissaient qu’une faible lumière. Le sel était détaché à l’aide de pioches ordinaires, et l’on peut supposer que femmes et enfants étaient chargés de transporter les lourds blocs de sel à l’air libre. Un travail très pénible.

Le sel ne permit pas seulement la conservation de la viande ; il a également préservé des objets que les Celtes laissèrent derrière eux. Les archéologues ont retrouvé dans la montagne des chaussures en cuir en bon état, avec leurs lacets, ainsi que des excréments humains. L’analyse de ces derniers a révélé que les mineurs se nourrissaient de légumineuses et de céréales, et qu’ils étaient nombreux à souffrir de parasitoses telles que des nématodoses et des douves du foie. Ce qui n’en empêcha pas certains de vivre jusqu’à 80 ans. En 1573, des mineurs qui travaillaient dans les galeries y avaient déjà découvert deux cadavres bien conservés.

On peut penser que les marchands de sel de Dürrnberg fournissaient aussi Manching, alors la plus grande ville au nord des Alpes. C’est aussi l’un des exemples les plus connus d’oppidum –nom donné par les archéologues aux grandes cités fortifiées des IIe et Ier siècles av. J.-C., où les Celtes associaient vie profane et spirituelle, habitations, commerces et sanctuaires.

Susanne Sievers travaille depuis plus de trente ans à l’Institut archéologique allemand de Manching, près d’Ingolstadt, et elle a reconstitué la vie qu’on y menait. Une fois franchi le mur d’enceinte édifié vers 125 av. J.-C., on découvrait une agglomération avec des caractéristiques plus ou moins rurales. Les habitants avaient cependant établi un système complexe reposant sur une hiérarchie et sur la division des tâches. Ils frappaient monnaie et se livraient au commerce à longue distance, y compris avec les Romains; ils utilisaient l’écriture latine et maîtrisaient le travail du métal et du verre. La cité a pu abriter jusqu’à 10000 habitants, organisés en petites unités qui occupaient chacune une surface de 100 m sur 100 m.

« Les Celtes étaient au seuil d’une civilisation avancée », estime Susanne Sievers. Mais c’est alors que leur destinée bascula.

À peu près à l'époque où le groupe celte chercha refuge sur le Mormont, les habitants de Manching renforcèrent la porte est de la ville, qui en était l’accès principal. Ils attendaient peut-être des ennemis venus du Nord : les Cimbres et les Teutons (qui avaient eux-mêmes quitté le Jylland, dans l’actuel Danemark, sans doute après une série de mauvaises récoltes), ou bien d’autres groupes de Celtes.

Une longue phase de déclin s’amorça peu après. Les recherches archéologiques tendent à montrer que l’importation d’amphores diminua à Manching, et qu’on y fabriqua moins de céramiques avec du graphite originaire d’autres contrées. Peut-être les routes marchandes n’étaient-elles plus sûres.

En ce temps-là, la crise frappa également les habitants de Dürrnberg. Ne pouvaient-ils plus transporter leur sel en toute sécurité ? Avaient-ils perdu leurs débouchés ?

Et voilà que, vers 50 av. J.-C., la porte est de Manching brûla. Elle ne fut pas reconstruite. Plus inquiétant encore, les habitants ne prirent même pas la peine de déblayer les débris.

C’était le temps de la guerre des Gaules – nom que Jules César donna à cette campagne contre les Celtes dans le plus connu de ses écrits.

En 58 av. J.-C., il avait engagé la lutte contre les ennemis du Nord. Son objectif était d’imposer la domination romaine sur toute la Gaule, et d’accroître la gloire et l’honneur de Rome, tout en assurant son avenir politique personnel. La honte, le traumatisme même, de la défaite de Rome, trois siècles auparavant, étaient encore présents dans toutes les mémoires.

Pour les Celtes, c’était leur avenir qui se jouait. Pourraient-ils continuer à vivre libres ? Ou leur territoire deviendrait-il une nouvelle province romaine, comme la Tunisie et la Libye actuelles, en Afrique, la Turquie occidentale, en Asie, ou l’Hispanie (péninsule Ibérique) ?

À l'été 52 av. J. - C., une bataille décisive se déroula à Alésia, en Bourgogne. Vercingétorix, le chef des Celtes, s’y était retranché avec des dizaines de milliers de guerriers. César et ses soldats édifièrent un puissant dispositif de siège, composé de constructions en bois et de fossés.

Dans cette situation désespérée, Vercingétorix parvint enfin à souder des groupes celtes isolés et rivaux. Une force armée de 20000 hommes environ, venus de toute la Gaule, se précipita à son secours. La bataille fit rage, mais les Celtes furent finalement obligés de reconnaître leur défaite face à des troupes romaines tactiquement supérieures et mieux entraînées.

César rendit compte de la défaite celte en quatre mots prégnants : « Vercingetorix deditur, arma proiciuntur [Vercingétorix est livré, les armes sont jetées]. » Toutefois, l’infériorité des Celtes face aux Romains n’était pas seulement d’ordre militaire.

Avant le début du Ier siècle av. J.-C., les Romains avaient établi des provinces dans le sud de la France, renforçant les liens économiques avec certaines régions de Gaule. Le commerce du vin et de plusieurs autres produits avait connu un grand essor. Ces échanges profitèrent aux négociants romains, mais aussi aux Celtes.

Ce ne fut cependant pas le cas partout. C’est ce qu’a constaté l’archéologue Sabine Hornung, professeure à l’université de la Sarre, lors de ses recherches. Ainsi la citadelle d’Otzenhausen, dans l’ouest de l’Allemagne, jusqu’alors modeste colonie de peuplement, prit un important essor vers l’an 100 av. J.-C. Un demi-siècle plus tard, elle connut un déclin soudain, et fut peut-être même entièrement désertée par ses habitants.

Sabine Hornung n’exclut pas que les Romains les aient affamés, à moins que cette agglomération, située dans l’est du territoire des Trévires celtes, fût restée à l’écart de l’évolution en raison de sa position géographique excentrée.

À la fin de l’époque celte, les fluctuations économiques entraînèrent une plus grande mobilité générale. Des populations périphériques vinrent s’installer dans les nouveaux centres, comme les ruraux d’aujourd’hui sont attirés par les métropoles. Des régions entières furent abandonnées – peut-être pas en raison d’épidémies qui auraient décimé les populations, comme l’ont suggéré certains chercheurs, mais parce que les habitants avaient perdu leurs moyens de subsistance.

La guerre des Gaules s’acheva par la défaite militaire des Celtes. Les transformations économiques contribuèrent à intégrer ceux-ci dans la vie romaine, et les Romains n’eurent pas grande difficulté à se les concilier. Les élites furent les principales bénéficiaires des temps nouveaux. « Pourquoi auraient-elles été hostiles aux nouveaux maîtres ? », demande Sabine Hornung. Et l’attitude des classes aisées influença sans nul doute celle du commun des mortels.

Aussi les archéologues pensent-ils que la transition vers la civilisation gallo-romaine et, enfin, l’extinction quasi complète du mode de vie celte, se déroulèrent plutôt en douceur. Les Romains manœuvrèrent intelligemment.

« Ils permirent à de nombreuses villes de garder leur autonomie administrative. Ils laissèrent aussi aux Celtes leurs sanctuaires et autorisèrent leurs chefs de tribus à continuer à siéger, tout en gardant le dernier mot, décrit Günther Moosbauer, archéologue spécialiste des Romains. Ils créèrent aussi des forums où l’on pouvait acheter des marchandises romaines, comme des étoffes, des lampes et du vin, persuadant ainsi les Celtes des avantages du mode de vie romain.»

Comment vivaient les Celtes ? Quelles furent leurs réalisations ? Comment disparurent-ils ? Grâce à leurs découvertes, les chercheurs ont pu se forger une idée relativement précise de cette civilisation antique. De nombreuses questions demeurent cependant en suspens, et certaines hypothèses attendent d’être confirmées.

Par exemple, on ignore encore si l’Alte Burg fut réellement un cirque celte précoce et si, en Suisse, le Mormont fut bien un camp de réfugiés. Là où, il y a quelques années, les archéologues dégageaient encore du sol des ossements et des céramiques, de grosses excavatrices éventrent aujourd’hui la montagne calcaire du site.

De retour du sommet du Mormont, Gilbert Kaenel emprunte une étroite route qui en longe le versant postérieur. Les monts du Jura se dressent sous les rayons du soleil. Les fleurs de pissenlit émaillent les prés ; çà et là surgit une petite forêt. Une atmosphère paisible. L’archéologue parcourt le paysage du regard tandis qu’un sourire espiègle éclaire son visage : « Qui sait ce qu’il y a encore à découvrir ici ? »


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