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Vos cellules immunitaires sculptent votre intelligence avant même votre naissance – et ça ne marche que chez les humains !



Extrait de l'article:

Une équipe de scientifiques vient de faire une découverte qui pourrait révolutionner notre compréhension de l’évolution humaine et expliquer pourquoi notre cerveau est si différent de celui des autres espèces. En étudiant le développement cérébral dans l’utérus, les chercheurs ont en effet révélé que nos cellules immunitaires jouent un rôle totalement inattendu : elles orchestrent littéralement la construction de notre intelligence. Cette trouvaille, publiée dans la prestigieuse revue Nature, pourrait non seulement éclairer les origines de nos capacités cognitives exceptionnelles, mais aussi ouvrir de nouvelles pistes pour comprendre des troubles comme l’autisme, l’épilepsie et la schizophrénie.

(...) Les résultats ont révélé un mécanisme d’une élégance surprenante. La microglie, traditionnellement considérée comme la « police » du cerveau chargée de détecter et éliminer les menaces, s’avère également jouer le rôle d’architecte du développement neuronal. Ces cellules immunitaires produisent massivement une substance appelée IGF1 (facteur de croissance analogue à l’insuline 1).

Cette découverte de l’IGF1 comme signal déclencheur transforme complètement notre vision du développement cérébral. Lorsque la microglie libère cette molécule, elle provoque une multiplication spectaculaire des interneurones inhibiteurs, créant littéralement les fondations neurales de notre intelligence future.

L’expérimentation a confirmé ce lien de causalité : quand les chercheurs bloquent la signalisation IGF1, la prolifération des interneurones s’arrête brutalement. Plus fascinant encore, ce mécanisme semble totalement absent chez la souris, suggérant une adaptation évolutionnaire spécifiquement humaine.

Cette spécificité humaine ouvre des perspectives vertigineuses sur notre évolution cognitive. Les chercheurs proposent que cette collaboration entre microglie et développement neuronal représente une adaptation évolutionnaire répondant aux besoins particuliers du cerveau humain. Notre cortex, plus complexe et plus étendu que celui de nos proches parents primates, nécessiterait cette production massive d’interneurones pour maintenir son équilibre fonctionnel.

Cette hypothèse pourrait expliquer comment notre lignée a développé des capacités cognitives si exceptionnelles : langage complexe, pensée abstraite, créativité artistique, raisonnement mathématique. Toutes ces facultés reposent sur des circuits neuronaux d’une sophistication inégalée dans le règne animal, circuits dont la construction dépendrait de cette orchestration immunitaire unique.


La chair de poule : quel était son avantage évolutif ?



Extraits de l'article:

La chair de poule, ce phénomène qui nous traverse parfois en réponse à un choc émotionnel, un changement de température ou une mélodie poignante, peut sembler anodine. Néanmoins, derrière cette réaction physique se cache une histoire fascinante qui remonte à l’évolution de nos ancêtres et qui pourrait bien avoir des applications médicales étonnantes.

La chair de poule : un réflexe vestigial

La chair de poule est avant tout un réflexe corporel, un phénomène qui survient principalement lorsque nous avons froid ou lorsque nous ressentons une émotion forte, comme la peur ou l’excitation. Ce phénomène est causé par la contraction des petits muscles situés à la base des follicules pileux. Ces muscles, appelés arrecteurs du poil, se contractent sous l’effet d’un signal nerveux provenant du système nerveux sympathique qui gère de nombreuses fonctions involontaires de notre organisme, comme la respiration ou la circulation sanguine.

Pour comprendre l’origine de ce réflexe, il faut remonter à l’évolution. En effet, nos ancêtres les primates, tout comme certains animaux modernes, avaient un pelage épais qui leur permettait de se défendre contre les prédateurs. Lorsqu’ils se sentaient menacés, la réaction consistait à redresser leurs poils pour paraître plus imposants et ainsi effrayer leurs ennemis. Si l’on y réfléchit, la fonction originelle de la chair de poule devient plus compréhensible : elle était un mécanisme de défense, un moyen de faire face à une menace en accentuant l’apparence de taille. Cependant, aujourd’hui, en raison de la perte de poils sur le corps humain, cet effet est largement inefficace. Néanmoins, le réflexe persiste, comme une relique de notre passé évolutif.

Les émotions et la chair de poule : une réponse physique aux stimulations émotionnelles
Si la chair de poule était initialement un réflexe de défense, elle peut aussi être déclenchée aujourd’hui par des stimuli émotionnels. Par exemple, de nombreuses personnes ressentent des frissons lorsqu’elles écoutent de la musique poignante ou qu’elles assistent à une scène émotive dans un film. Ce phénomène, surnommé frissons musicaux, est encore plus fascinant lorsqu’on l’examine sous l’angle de l’évolution.

Des études neurologiques ont révélé que les individus qui ressentent ces frissons possèdent une activité cérébrale plus intense dans certaines régions associées aux plaisirs et à la gratification, telles que celles qui sont activées par des expériences agréables, comme manger du chocolat ou avoir des rapports sexuels. Ainsi, bien que les émotions suscitées par la musique ou un film ne soient pas liées à un danger immédiat, elles entraînent une activation de circuits cérébraux similaires à ceux qui étaient à l’origine associés à des réponses de survie.

Cette activation particulière pourrait être une extension de la fonction primaire du mécanisme de la chair de poule. En effet, l’activation de ces circuits émotionnels pourrait avoir contribué, dans une perspective évolutive, à renforcer les liens sociaux au sein des groupes humains. Le fait de ressentir des émotions de manière plus intense aurait facilité l’empathie et la cohésion au sein du groupe, ce qui favorise ainsi la coopération et la survie collective.

De la défense à la régénération : des applications potentielles

Plus surprenant encore : une étude récente suggère que la chair de poule pourrait avoir un rôle biologique plus subtil et bénéfique. En 2020, des chercheurs ont montré que ce réflexe pourrait stimuler la régénération des follicules pileux, notamment en réponse au froid. Lorsque les muscles arrecteurs du poil se contractent en raison du froid, ils stimulent l’activité des cellules souches dans les follicules pileux, favorisant la repousse des cheveux.

Bien que ce phénomène ne soit plus essentiel à la défense contre le froid ou face aux prédateurs, cette régénération des cellules souches pourrait avoir des applications thérapeutiques, notamment dans le traitement de la perte de cheveux ou de blessures de la peau. Ainsi, la chair de poule, une relique de notre passé évolutif, pourrait un jour être exploitée dans des traitements médicaux pour favoriser la régénération des tissus.



La signification évolutive de la calvitie


The evolutionary significance and social perception of male pattern baldness and facial hair
(Frank Muscarella, Michael R. Cunningham)

Abstract
Both male facial hair and male pattern baldness are genetically based, suggesting that they contributed to fitness. The multiple fitness model provides an evolutionary interpretation of the social perception of male pattern baldness and beardedness in terms of the multidimensional meaning of physical maturational stages. Male facial beardedness is associated with the sexual maturation stage and is hypothesized to signal aggressive dominance. Male pattern baldness, by contrast, is associated with the next stage of physical maturation, termed senescence. Pattern baldness may signal social maturity, a non-threatening form of dominance associated with wisdom and nurturance. We tested these hypotheses on social perceptions using manipulated male facial stimuli. We presented faces with three levels of cranial hair, including full, receding, and bald, and two levels of facial hair, beard with moustache and clean shaven. Consistent with the model, a decrease in the amount of cranial hair was associated with increased perceptions of social maturity, appeasement, and age, and decreased perceptions of attractiveness and aggressiveness. Targets with facial hair were perceived as more aggressive, less appeasing, less attractive, older, and lower on social maturity than clean shaven faces.


(New Scientist)

Mike Follows, Sutton Coldfield, West Midlands, UK:

A 1996 study suggested male pattern baldness signals maturity and gravitas. This may be a legacy from our past. Grooming that takes place among great apes can involve plucking hair – higher status apes receive more grooming and can exhibit alopecia.

What’s more, in 2008, a study suggested that because it increases the area of skin exposed to sunlight, male pattern baldness may have evolved to increase the production of vitamin D. This vitamin protects against prostate cancer, which interferes with reproduction and can lead to premature death.

But the onset of male pattern baldness tends to be after men reach fatherhood, so too late to remove bald men from the potential gene pool. This suggests it doesn’t bestow any evolutionary advantage or disadvantage.

However, they may be seen as superior mates and better marriage material because they are perceived as more nurturing towards offspring and less likely to attract rival females.

Greying hair may have a similar association. For example, dominance in a gorilla troop is signalled with a silver patch of hair on the backs of older males.

 


La théorie du "stoned ape" de Terence McKenna



There seems to have been a profound difference in cognitive abilities between early Homo sapiens and our immediate predecessor, Homo erectus. Sure, erectus stood upright — a big, um, step forward — but with the emergence of Homo sapiens, we see traces of art, pictography, and tool usage, and we believe humankind made its first forays into language.

In the early 1990s, psychedelic advocate and ethnobotanist Terence McKenna published his book Food of the Gods in which he surmised that Homo sapiens‘ cognitive leap forward was due to their discovery of magic mushrooms. The scientific community never took McKenna’s theory very seriously, considering it mostly trippy speculation — these days, his ideas have largely been relegated to the spacier corners of Reddit. Now, however, the idea has acquired a new advocate, psilocybin mycologist Paul Stamets, who’s suggesting McKenna was right all along.

The stoned ape

In McKenna’s Stoned Ape hypothesis,” he posited that as humans began to migrate to new areas, at some point they came upon psychedelic mushrooms growing in cow droppings, as is their wont, and then ate them. After ingesting them, and more specifically the psilocybin they contained, their brains kicked into overdrive, acquiring new information-processing capabilities, and a mind-blowing expansion of our imaginations in the bargain. Many modern users of psychedelics claim the world never looks the same again after such an experience. As McKenna put it, “Homo sapiens ate our way to a higher consciousness,” and, “It was at this time that religious ritual, calendar making, and natural magic came into their own.”

The return of the stoned ape

Regarding this theory, Stamets presented “Psilocybin Mushrooms and the Mycology of Consciousness” at Psychedelic Science 2017. In his talk he sought to rehabilitate McKenna’s hypothesis as a totally plausible answer to a longstanding evolutionary riddle. “What is really important for you to understand,” he said, “is that there was a sudden doubling of the human brain 200,000 years ago. From an evolutionary point of view, that’s an extraordinary expansion. And there is no explanation for this sudden increase in the human brain.”

Why not mushrooms? Stamets portrayed a group of early humans making their way through the savannah and happening across “the largest psilocybin mushroom in the world growing bodaciously out of dung of the animals.” It needn’t have been unusually large to have its effect, of course. In any event, he invited the crowd to suspend their disbelief and admit that McKenna’s idea constitutes a “very, very plausible hypothesis for the sudden evolution of Homo sapiens from our primate relatives,” even if it’s an unprovable one.

The audience’s response was reportedly enthusiastic, though it’s fair to note that these were people attending a conference on psychedelic science, and thus pre-disposed toward such chemicals’ importance.

Just tripping?

Certainly, there’s general agreement on the mystery Stamets cited, if not so much on timing details. And consciousness, the “hard problem” even in its modern form, is an area rife with unanswered questions. What is consciousness, anyway? Is it a simple enough thing that it could have a single root cause as McKenna and Stamets say? Many experts suspect our brains gained new capabilities as the result of early community ties and the requirements of social interaction, but when?

Anthropologist Ian Tattersall tells Inverse that the where seems obvious enough: Africa, “For it is in this continent that we find the first glimmerings of ‘modern behaviors’. . . But the moment of transformation still eludes us and may well do so almost indefinitely.”

There are other researchers who’ve studied early humanity’s use of drug plants but who are skeptical of the stoned ape notiion. Elisa Guerra-Doce, an expert in the field, considers the idea too simplistic, potentially a reduction of a complex evolutionary process into a single “aha” — or maybe “oh, wow” — moment. She’s also troubled by there being little evidence of such a pivotal moment, or of drug use at all, so early in the archeological record.

Amanda Feilding of the psychedelic think tank Beckley Foundation says, however, that the stoned ape theory is at the very least a valid reminder that humans have always been drawn to and fascinated by mind-altering substances: “The imagery that comes with the psychedelic experience is a theme that runs through ancient art, so I’m sure that psychedelic experience and other techniques, like dancing and music, were used by our early ancestors to enhance consciousness, which then facilitated spirituality, art, and medicine.”

Just how early our love affair with hallucinogenic states began may have something to say about the plausibility of McKenna’s hypothesis, but, alas, we don’t know when that would have been. And, as the saying about the 1960s goes, even if any of these people were still around to ask, anyone who was really there wouldn’t be able to remember.


Trouvé ici. 



Évolution des menstruations



Extraits de l'article:

Why do only some animals have periods?

Humans are not the only organisms that have periods — some animals do too, but scientists still aren't sure why.

The menstrual cycle plays an essential role in human reproduction. However, most other animals don't experience menstruation.

So, which other species have periods, and what's the evolutionary point of bleeding periodically?

According to Deena Emera, an evolutionary biologist at the Buck Institute for Research on Aging, scientists know of around 85 mammal species, or less than 2% of mammals, that have a menstrual cycle. Most of these are primates, including our closest living relatives chimpanzees (Pan troglodytes) and bonobos (Pan paniscus). Scientists have also discovered menstrual cycles in a few species of bats, elephant shrews and most recently spiny mice (Acomys cahirinus).

Because these animals aren't all closely related, the trait likely evolved convergently, meaning there must be some evolutionary benefit to it, Emera told Live Science.

Beyond these creatures, there are other animals that periodically bleed through their reproductive organs. Owners of unspayed dogs may know the unfortunate experience of finding blood on their favorite couch and realizing their pet has gone into heat, also called estrus. However, the bleeding that dogs experience comes from a different source than in menstruating animals.

In animals that bleed while in estrus, an increase in the hormone estrogen while the animal is fertile causes the blood vessels inside the vagina to dilate. This results in small amounts of blood leaking out of the vessels and getting expelled.

In menstruating animals, periods happen because of estrogen and a second hormone called progesterone. Additional hormones are also involved in maturing and releasing an egg in the lead-up to menstruation.

Progesterone is a hormone needed to maintain a pregnancy, and in menstruating animals, it starts to increase before the animal is pregnant. And before that increase happens, a rise in estrogen causes the uterine lining to thicken and new blood vessels to develop. Then, once an egg is released, progesterone starts to rise as estrogen falls.

If pregnancy doesn't then occur, the female's progesterone levels drop, and the newly formed blood vessels and other new tissues slough off in the form of period blood and bits of tissue. In non-menstruating mammals, the uterus does not transform in response to progesterone levels until after the female becomes pregnant, Emera said.

To Emera, this difference is intriguing from an evolutionary perspective. "The question isn't really, 'Why do we menstruate?'" Emera said. "The question is, 'Why do we prepare our uterus for pregnancy before we're even pregnant?'"

Nobody is quite sure what the answer is. But according to Emera, it could have to do with the fact that menstruating animals all give birth to small litters. Humans, primates, bats and elephant shrews usually have just one offspring at a time, while spiny mice have just one to four pups — far fewer than most mouse species.

Menstruating animals also have longer pregnancies, or "gestation periods" than their non-menstruating counterparts. Spiny mice, for example, have a gestation period of nearly double that of other mice. Because these animals devote so much time and energy to so few offspring, it's important that their offspring survive.

Researchers have found that, when the uterine lining is transformed for pregnancy, it can detect chemical cues released by the embryo that raise or lower its chances of successfully implanting. These chemical signals reflect aspects of an embryo's viability. This quality-assurance step happens in all mammals, but in menstruating animals that pre-build their lining, it happens much earlier.

"When you have a situation where a female is investing a lot, you totally expect systems to evolve to screen as early as possible against those offspring that aren't going to make it," Emera explained.

Robert Martin, a retired evolutionary biologist and academic guest at the University of Zurich, thinks menstruation may also play a role in sperm storage. Bats, for example, can store sperm in their reproductive tract for up to 200 days before fertilization, and humans have been documented to store sperm for up to nine days in the female reproductive tract.

When sperm stick around for too long, however, they start to degrade, which could cause chromosomal issues should they fertilize an egg, Martin told Live Science. He hypothesizes that the shedding of the uterine lining enables animals to shed this old sperm and make space for newer, more-robust sperm.

There are other theories as to why menstruation happens, but there is no concrete proof for one theory over the others. Martin said that more research needs to be done on menstruation, both in humans and other animals.

"There's been very little research, but there are so many practical applications," he said.



Abstract
According to a recent hypothesis, menstruation evolved to protect the uterus and oviducts from sperm-borne pathogens by dislodging infected endometrial tissue and delivering immune cells to the uterine cavity. This hypothesis predicts the following: (1) uterine pathogens should be more prevalent before menses than after menses, (2) in the life histories of females, the timing of menstruation should track pathogen burden, and (3) in primates, the copiousness of menstruation should increase with the promiscuity of the breeding system. I tested these predictions and they were not upheld by the evidence. I propose the alternative hypothesis that the uterine endometrium is shed/resorbed whenever implantation fails because cyclical regression and renewal is energetically less costly than maintaining the endometrium in the metabolically active state required for implantation. In the regressed state, oxygen consumption (per mg protein/h) in human endometria declines nearly sevenfold. The cyclicity in endometrial oxygen consumption is one component of the whole body cyclicity in metabolic rate caused by the action of the ovarian steroids on both endometrial and nonendometrial tissue. Metabolic rate is at least 7% lower, on average, during the follicular phase than during the luteal phase in women, which signifies an estimated energy savings of 53 MJ over four cycles, or nearly six days worth of food. Thus the menstrual cycle revs up and revs down, economizing on the energy costs of reproduction. This economy is greatest during the nonbreeding season and other periods of amenorrhea when the endometrium remains in a regressed state and ovarian cycling is absent for a prolonged period of time. Twelve months of amenorrhea save an estimated 130 MJ, or the energy required by one woman for nearly half a month. By helping females to maintain body mass, energy economy will promote female fitness in any environment in which fecundity and survivorship is constrained by the food supply. Endometrial economy may be of ancient evolutionary origin because similar reproductive structures, such as the oviducts of lizards, also regress when a fertilized egg is unlikely to be present. Regression of the endometrium is usually accompanied by reabsorption, but in some species as much as one third of the endometrial and vascular tissue is shed as the menses. Rather than having an adaptive basis in ecology or behavior, variation in the degree of menstrual bleeding in primates shows a striking correlation with phylogeny. The endometrial microvasculature is designed to provide the blood supply to the endometrium and the placenta, and external bleeding appears to be a side effect of endometerial regression that arises when there is too much blood and other tissue for complete reabsorption. The copious bleeding of humans and chimps can be attributed to the large size of the uterus relative to adult female body size and to the design of the microvasculature in catarrhines.


Michel Schittecatte




Extraits:

(45:30) Dans la conscience corporelle, il y a aussi les émotions et les cognitions. Uniquement sentir le corps et mobiliser le corps n'a pas d'intérêt. C'est cette conjonction du corps avec l'émotion avec les sensations avec les mouvements et avec les pensées qui donne un accès. (...) C'est cette capacité curieuse qu'a l'être humain qui doit gérer trois cerveaux en même temps qui sont apparus à des époques radicalement différentes. Le cerveau sensori-moteur date de 4 ou 500 millions d'années, le cerveau émotionnel de 80 millions d'années et le cerveau cognitif 100 000 ans. Il est tout récent. Ces trois cerveaux doivent fonctionner en même temps et ça c'est la grande difficulté. Mais ils peuvent fonctionner en même temps si on les laisse fonctionner en même temps et si on ne donne priorité à aucun d'eux. Être un être humain, ce n'est pas être un être cognitif, ce n'est pas non plus être un être émotionnel, c'est pas être un être instinctuel et sensori-moteur, c'est être les trois en même temps de manière harmonieuse. Et c'est un défi. 

(47:50) Tout notre fonctionnement est lié au fonctionnement antagoniste des deux branches du système nerveux. (...) Quand tout va bien et que nous ne sommes pas en danger, notre organisme est géré par le système parasympathique qui s'occupe de toutes les fonctions qui sont importantes pour assurer notre survie quand nous ne sommes pas en danger: le sommeil, l'alimentation, la digestion, la reproduction et plus tard l'engagement social. Le système orthosympathique prend les commandes quand nous sommes dans un danger immédiat. Ce modèle-là n'explique pas deux choses: ni le figement, ni la négociation. 

(49:00) Le modèle de Stephen Porges ajoute quelque chose qui permet de comprendre ce qu'est le figement et ce qu'est la négociation. (...) C'est un cardiologue, c'est pas du tout un psychiatre ou un psychologue. Il étudie les morts prématurées chez les nourrissons et il a une capacité de mesurer le système parasympathique chez les nouveaux-nés. Ce qu'il observe, c'est un paradoxe: les nouveaux-nés qui ont un tonus parasympathique élevé ont plus de chances de survie (...) ce qui est normal puisque le tonus parasympathique est protecteur généralement. Mais quand ils meurent, ils meurent d'un tonus parasympathique élevé. Donc là, il y a un paradoxe. Voilà un système qui peut à la fois protéger et tuer l'individu. 

(50:10) Lui est venue l'idée qu'il y avait deux systèmes parasympathiques, ce qu'il appelle la branche dorsale et la branche ventrale, laquelle serait apparue chez les mammifères avec le système limbique et qui permettrait la relation. Si vous n'avez dans votre répertoire comportemental que la fuite, l'attaque et le figement, vous ne pouvez pas créer de relations. (...) Le système de Porges permet de comprendre à la fois le figement (c'est la branche dorsale du système parasympathique qui vient verrouiller le système orthosympathique et qui crée l'immobilisation) et le système parasympathique ventral (...) qui permet d'entrer en relation par le système d'engagement social (...) qui permet la communication et la relation. Ce n'est ni l'attaque, ni la fuite, ni le figement. 

(51:30) En modifiant le tonus parasympathique, vous pouvez créer de la relation. Par exemple, si vous diminuez légèrement votre système parasympathique ventral, (...) vous créez une petite activation. Par exemple, vous tirez la queue d'un chat qui dort. Il n'est pas content, mais il ne va pas passer directement en système orthosympathique. (...) Il va vous envoyer un signal qu'il n'est pas content. (...) Si vous arrêtez de tirer sa queue, son système parasympathique ventral revient comme avant. (...) Par contre, si vous augmentez légèrement votre système parasympathique ventral, vous créez une espèce d'état de relaxation, voire d'extase. (...) En modulant votre système parasympathique ventral, vous pouvez, sans engager les deux autres systèmes, soit faire face à un danger sans passer à l'action, soit répondre de manière positive à une interaction.




Sexe et bipédie



C'est quoi le rapport? J'y viens.

L'explication généralement acceptée pour expliquer que nos ancêtres soient devenus bipèdes, c'est la disparition des forêts humides africaines au profit de la savane. Nos ancêtres se seraient donc adaptés à ce nouvel environnement en marchant debout, ce qui leur permettait de voir très loin au-dessus des hautes herbes.

L'explication semble parfaitement plausible. Le problème, c'est qu'on a alors fait la découverte de Ardi: une créature bipède qui vivait avant la disparition des forêts.

On a donc besoin d'une autre explication. Voici celle qui est proposée par Owen Lovejoy de la Kent State University:

In apes (...) males find mates the good old-fashioned apish way: by fighting with other males for access to fertile females. Success, measured in number of offspring, goes to macho males with big sharp canine teeth who try to mate with as many ovulating females as possible. Sex is best done quickly—hence those penis bristles, which accelerate ejaculation—with the advantage to the male with big testicles carrying a heavy load of sperm. Among females, the winners are those who flaunt their fertility with swollen genitals or some other prominent display of ovulation, so those big alpha dudes will take notice and give them a tumble, providing a baby with his big alpha genes.


Let’s suppose that some lesser male, with poor little stubby canines, figures out that he can entice a fertile female into mating by bringing her some food. That sometimes happens among living chimpanzees, for instance when a female rewards a male for presenting her with a tasty gift of colobus monkey.


Among Ardipithecus’s ancestors, such a strategy could catch on if searching for food required a lot of time and exposure to predators. Males would be far more successful food-providers if they had their hands free to carry home loads of fruits and tubers—which would favor walking on two legs. Females would come to prefer good, steady providers with smaller canines over the big fierce-toothed ones who left as soon as they spot another fertile female. The results, says Lovejoy, are visible in Ardipithecus, which had small canines even in males and walked upright.


Lovejoy’s explanation for the origin of bipedality thus comes down to the monogamous pair bond. Far from being a recent evolutionary innovation, as many people assume, he believes the behavior goes back all the way to near the beginning of our lineage some six million years ago.


But there is one other, essential piece to this puzzle that leaves no trace in the fossil record. If the female knew when she was fertile, she could basically cheat the system by taking all the food offered by her milquetoast of a provider, then cuckold him with a dominant male when she was ovulating, scoring the best of both worlds. The food-for-sex contract thus depends on what Lovejoy calls “the most unique human character”—ovulation that not only goes unannounced to the males of the group, but is concealed even from the female herself.


Regular meals, monogamy, and discretion--who would have thought our origins were so sedate?



C'est une théorie fort intéressante qui a le mérite d'expliquer d'autres caractéristiques physiques humaines, en plus de la bipédie: les testicules moins volumineuses des mâles et l'ignorance complète du moment de l'ovulation des femelles.
 
 
Image trouvée ici.





 

Sauvés par nos gènes

Il y a 100 000 ans, la race humaine est passée très près de l'extinction. Une nouvelle étude démontre qu'une mutation génétique pourrait alors avoir insufflé un second souffle à notre espèce en la protégeant de certaines maladies infectieuses mortelles:


These two genes could play a large role in the evolution of humans. A bottleneck had occurred around 100,000 years ago that reduced the population of our ancestors to around five to 10,000, note researchers. The reason for this bottleneck is unknown; it could have been due to several combined factors, such as extreme climate change or a disease outbreak. The response to infectious diseases by turning off two genes could have protected a small group of Homo sapiens who then passed this mutation to their offspring and may be one factor in the evolution of modern ancestors, conclude researchers.




 

SEX AT DAWN de Ryan et Jetha



Je viens de terminer ce bouquin que j'ai trouvé tout simplement captivant. Et en plus d'avoir un contenu fascinant, c'est écrit en des termes clairs et avec beaucoup d'humour.

Rarement ai-je lu un livre qui a foutu en l'air autant d'idées préconçues que je croyais inébranlables depuis toujours. Les auteurs s'attaquent particulièrement à ce qu'ils appellent le "standard narrative" de la sexualité humaine: théorie selon laquelle la normalité pour notre espèce est la monogamie et la famille nucléaire (papa, maman et leurs enfants biologiques). Selon eux, lorsqu'on regarde les preuves scientifiques, on se rend vite compte que c'est de la pure foutaise.

Or, jusqu'ici, il semblerait que la science ait été extrêmement frileuse et puritaine lorsqu'il a été question de la sexualité de nos ancêtres préhistoriques. Plusieurs scientifiques auraient pratiqué ce que les auteurs appellent la "Flinstonization", c'est-à-dire la projection de notre mode de vie moderne dans la préhistoire afin de justifier notre mode de vie actuel. Bref, on nous aurait jusqu'ici dépeint une image fausse des origines de la sexualité humaine et ce livre vise à rétablir les faits.

J'ai tellement tripé que j'ai décidé de vous offrir ici un résumé plus détaillé des différents chapitres. Toutefois, si vous aimeriez lire le livre, je vous conseille d'arrêter votre lecture de ce billet ici afin de ne pas gâcher votre plaisir.

LE "STANDARD NARRATIVE"

Afin de mieux le mettre en pièces pat la suite, les auteurs explorent ce qu'ils appellent le "standard narrative". Voici donc ce scénario, qu'on nous répète inlassablement depuis l'ère victorienne et qui a complètement intégré notre culture et notre perception de ce que nous sommes: chaque femme préhistorique se choisissait un homme qui serait en mesure de la protéger et de la nourrir, elle et sa progéniture. L'homme, lui, cherchait une compagne jeune et vierge de préférence. Nos deux ancêtres acceptaient alors de former un couple pour la vie, ce qui est considéré être la "condition fondamentale de l'espèce humaine". Elle accepte alors de se soumettre et de le laisser la baiser, mais il s'agit pour elle d'une pénible obligation puisqu'elle ne possède à toute fin pratique aucune libido. En échange de son corps (ce qui fait d'elle rien de plus qu'une pute), l'homme accepte de la protéger et de lui fournir ce dont elle a besoin, tant qu'il a la conviction que les enfants sont de lui, d'où sa féroce jalousie. Mais, parallèlement, il ne se gênera pas pour baiser d'autres femmes "on the side" puisqu'il est avantageux pour lui de propager ses gênes autant que possible.

Quand on y pense bien, ce modèle n'est pas très édifiant. À toute fin pratique, le mariage ne serait rien de plus qu'un contrat d'exploitation mutuelle. Et bien qu'il puisse sembler naturel à première vue puisqu'il ne semble pas trop contredire l'histoire récente de l'humanité (individualisme, mariage, patriarcat, capitalisme, etc.), nos ancêtres préhistoriques vivaient dans des conditions bien différentes des nôtres. En d'autres termes, le "standard narrative" a tout faux.

LES BONOBOS

Pour avoir une meilleure idée de nos origines, il est pertinent de tourner notre regard vers nos plus proches parents vivants.

Les deux espèces de grands singes qui sont nos plus proches cousins sont les chimpanzés et les bonobos. Génétiquement, nous sommes plus près d'eux que les éléphants d'Afrique le sont des éléphants d'Asie et que les chiens le sont des renards. Ils sont également beaucoup plus près de nous qu'ils ne le sont des autres grands singes, comme les gorilles ou les orang-outans. Comme quoi il ne faut pas nécessairement se fier à l'apparence physique des espèces pour juger de leur proximité génétique.

Les ancêtres communs des humains, des chimpanzés et des bonobos vivaient il y a seulement cinq ou six millions d'années. C'est à ce moment que notre lignée s'est séparée de la leur. Ils sont à leur tour devenus des espèces distinctes plus récemment (entre trois millions d'années et 860 000 ans). Les similitudes frappantes qui existent entre notre espèce et les chimpanzés n'ont pas manqué d'étonner l'anatomiste Nicolaes Turp lorsqu'il a disséqué un singe pour la première fois, en 1641.



Puisque ces grands singes nous ressemblent tant physiquement et que nos ancêtres communs vivaient encore très récemment, il est très pertinent de considérer que leur mode de vie est en mesure de nous en apprendre beaucoup sur celui de nos ancêtres.

Les premiers scientifiques à tenter l'exercice se sont intéressés aux chimpanzés (on ne connaissait pas alors l'existence des bonobos). Or, ce qu'ils ont observé n'était pas toujours très beau. Les chimpanzés mâles sont parfois agressifs, forment des alliances pour repousser leurs rivaux et peuvent être très violents. Ils ont été décrits comme étant népotistes et machiavéliques. Ces bandes de mâles patrouillent de larges territoires. Les femelles sont plus nomades et ne forment pas de lien privilégié ni avec les mâles et ni avec les autres femelles.

Il faut noter que les observateurs, par leur présence, ont exacerbé certains comportements chez les chimpanzés. Ceux-ci se manifestent probablement beaucoup plus rarement lorsque l'animal vit dans son milieu naturel, sans être dérangé. Mais c'est tout de même sur la base de ces observations et de ces conclusions erronées que plusieurs généralisations à propos de nos origines ont été tirées, en particulier à propos de la nature violente de l'homme et de l'organisation sociale de nos lointains ancêtres.

Il est pourtant beaucoup plus intéressant d'observer les bonobos, qui sont aussi près de nous que les chimpanzés, et dont le mode de vie s'apparente beaucoup plus à celui qui est observé dans les anciennes sociétés de chasseurs-cueilleurs à travers le monde. En effet, les bonobos vivent dans des communautés égalitaires et pacifiques qui sont principalement maintenues par les liens très solides qui unissent les femelles et, dans un moindre degré, les femelles aux mâles. Le statut du mâle est dépendant de celui de sa mère, avec qui il entretient des liens privilégiés qui durent toute la vie. Si une hiérarchie existe chez les bonobos, elle est établit en fonction de l'âge. Les femelles plus âgées ont généralement plus d'influence que les plus jeunes.

Si les chimpanzés règlent leurs conflits sexuels avec des luttes de pouvoir, les bonobos règlent leurs conflits de pouvoir avec le sexe. La sexualité de ces grands singes est beaucoup plus qu'une simple méthode de reproduction. Il s'agit d'une façon de renforcer les liens entre les membres de la bande. Les relations sexuelles y sont très fréquentes et les femelles s'accouplent avec de multiples mâles à chaque fois. Contrairement aux chimpanzés, les bonobos s'accouplent face à face en se regardant dans les yeux. On les a observés marcher bras dessus, bras dessous et se serrer longuement en s'embrassant tendrement en utilisant la langue, comme nous avec nos French kiss. Ils s'accouplent en tout temps, indépendamment du cycle d'ovulation de la femelle.

Les bonobos démontrent plusieurs autres comportements qui sont également observables chez les humains, mais pas chez les chimpanzés. Par exemple, les bébés se développent plus lentement chez les bonobos et les humains. Ils ne commencent à jouer avec les autres que vers un an et demi, beaucoup plus tard que les bébés chimpanzés. Les femelles bonobos ne s'isolent pas après la naissance de leur bébé et ne semblent pas craindre l'infanticide (qui n'a d'ailleurs jamais été observé chez cette espèce, que ce soit dans la nature ou en captivité). Les bonobos aiment s'accoupler dans diverses positions. La vulve est située vers l'avant chez les bonobos et les humains, alors qu'elle est située vers l'arrière chez les chimpanzés et les autres primates. Le partage de la nourriture est hautement associé aux relations sexuelles. L'homosexualité est présente chez les bonobos et les humains, mais très rares chez les chimpanzés. En fait, chez les bonobos, la pratique des caresses féminines vulve contre vulve est omniprésente dans toutes les bandes observées. Finalement, si le sexe occupe d'abord et avant tout une fonction reproductive chez les chimpanzés et les autres primates, les bonobos et les humains ont recours au sexe pour des motivations sociales (réduction des tensions, renforcement des liens, résolution des conflits ou amusement pur et simple).

LES CHASSEURS-CUEILLEURS

Les différentes études menées sur le fonctionnement des sociétés de chasseurs-cueilleurs pré-agraires (le mode de vie le plus près de celui qui a caractérisé nos ancêtres pendant des millions d'années) nous font découvrir des sociétés bien différentes des nôtres. Elles exhibent également de grandes similitudes entre elles, bien qu'elles soient séparées par de grandes distances et des milliers d'années d'histoire. L'interaction entre les individus y est d'une intensité et d'une profondeur que peu d'entre nous pouvons imaginer, dans nos sociétés fondées sur les principes de l'individualisme et de la propriété privée. Loin d'être solitaire, la vie du chasseur-cueilleur en est une d'interaction constante et de complète interdépendance. Son identité elle-même est davantage collective qu'individuelle.

Et cette philosophie communautariste est clairement présence dans la sexualité. Les anthropologues y ont observé une perception très différente de la grossesse. Chez beaucoup de chasseurs-cueilleurs, toutes les femmes sexuellement actives sont considérées comme étant "un peu" enceintes. La croyance générale est que c'est par les relations sexuelles répétées et l'accumulation de sperme que le bébé est formé. Il est donc considéré avantageux pour une femme d'avoir plusieurs partenaires puisque chacun contribuera de ses forces et de ses qualités au futur bébé. Dans ce contexte, les relations sexuelles multiples sont considérées comme un devoir moral.

Loin du narratif traditionnel qui est fondé sur le besoin de protection de la femme par son mari, ce qu'on observe dans ses sociétés est fort différent. Les enfants du groupe sont les enfants de tout le monde et leur existence n'est menacée de personne. Si chaque enfant a une mère, la notion de paternité est communautaire et les enfants considèrent avoir plusieurs "pères". Loin d'être considérés des bâtards, les enfants bénéficient ainsi d'avoir un grand nombre d'hommes qui s'intéressent à eux et qui prennent une part active à leur éducation. Et loin d'être jaloux, les hommes de ces société ressentent de la gratitude envers les autres hommes qui prennent part à la création d'un bébé plus fort et en meilleure santé. Les liens entre les hommes sont d'ailleurs grandement renforcés par cette paternité partagée.

Cette forme de sexualité a été observée à travers les siècles partout sur la planète dans pratiquement toutes les sociétés de chasseurs-cueilleurs, mais également au sein des premières civilisations. La Grèce antique pratiquait encore une forme de liberté sexuelle lors des célébrations d'Aphrodite, de Dionysos et des Lénéennes. César, à son arrivée en Grande-Bretagne, a noté que les hommes avaient tous plusieurs femmes qu'ils partageaient entre eux, phénomène encore plus marqué entre frères. À Rome, les disciples de Bacchus tenaient des orgies environ cinq fois par mois. En 1769, le capitaine Cook a observé qu'à Tahiti, chacun gratifiait ses passions sans gêne avec qui il lui plaisait sans même se cacher. Les femmes mohaves ont étonné les explorateurs de l'Ouest à cause de leur grand appétit sexuel et leurs multiples partenaires. Encore de nos jours, lors d'un festival dans les îles Trobriand, les jeunes femmes initient des relations sexuelles avec des hommes des autres villages, mordant les sourcils de ceux qui repoussent leurs avances. Plusieurs îles du Pacifique continuent de pratiquer une sexualité sans contraintes, malgré les nombreux efforts de missionnaires qui ont tenté de leur inculquer un sentiment de honte. Il est important de souligner qu'il n'est pas du tout question ici d'exploitation, les femmes participaient à tout cela avec engouement et anticipation, ce qui démontre bien que la supposée réticence féminine, considérée comme normale et vertueuse chez nous, est davantage une imposition sociale qu'un impératif biologique.

On est à des années-lumière de la monogamie universelle comme élément fondamental de la nature humaine!

LE MYTHE DE LA MONOGAMIE

Les auteurs se questionnent à propos de la persistance de ce discours qui perdure non seulement dans la conscience populaire, mais également dans plusieurs écrits scientifiques.

Pourtant, soulignent-ils, ce ne sont pas les preuves du contraire qui manquent. En plus de tout ce qui a été mentionné ci-dessus, ils nous rappellent que le nombre d'espèces de primates qui vivent en groupes sociaux et qui pratique la monogamie est de précisément ZÉRO. On peut considérer que 3% des mammifères sont monogames et que seulement une espèce de vertébrés sur 10 000 peut être considérée monogame.

De plus, l'infidélité a été observée dans absolument toutes les sociétés humaines modernes et demeure une des causes principales de divorces dans le monde. Pourtant, la monogamie continue d'être considérée comme "la normalité" et les relations extra-conjugales comme des manifestations de comportements déviants.  À travers le monde, les grandes religions promulguent punitions, tortures et exécutions pour tenter d'éradiquer le fléau adultère (surtout chez les femmes), sans succès. Dans la Bible, le Lévitique déclare que les hommes et les femmes adultères doivent être mis à mort. Le Deutéronome précise que dans le cas de relations sexuelles pré-maritales, c'est la femme qui sera lapidée devant la maison de son père.

Et pourtant, malgré ces punitions sanguinaires et barbares, le phénomène est toujours très répandu. Si la monogamie était un aspect fondamental de la nature humaine, de telles mesures coercitives seraient-elles nécessaires?

ÉGALITARISME


La théorie traditionnelle est fondée sur la croyance que les femmes se soumettent à un homme afin d'obtenir nourriture et protection pour elles et leurs enfants. Or, tout ce que nous connaissons des sociétés de chasseurs-cueilleurs pointent vers un égalitarisme complet où la notion de propriété privée est complètement absente et où tout est partagé également entre les membres du groupe. De plus, les enfants obtiennent la protection de tous, sans exceptions. Dans ce contexte qui est celui dans lequel notre espèce a évolué jusqu'à sa forme actuelle et dans lequel nos lointains ancêtres ont vécu pendant des millions d'années, une monogamie motivée par un désir féminin de protection ou de nourriture n'avait tout simplement aucune raison d'exister. Nos ancêtres n'étaient pas égalitaires parce qu'ils étaient plus nobles ou admirables que nous, mais tout simplement parce qu'il s'agissait de la meilleure façon d'assurer la survie et la sécurité du groupe et l'épanouissement de chacun.

Les scientifiques ont observé que la réceptivité sexuelle des femelles bonobos réduit drastiquement les tensions et les conflits entre les mâles, comparativement aux autres groupes de primates chez qui les femelles sont beaucoup moins accessibles. Dans le contexte des bonobos, l'abondance d'opportunités sexuelles rend complètement inutiles les combats de mâles pour y avoir accès. Inutile également de se regrouper en bandes de mâles pour faire fuir la compétition, comme c'est le cas chez les chimpanzés. Bref, la cohésion sociale du groupe s'en retrouve grandement renforcée. Les premiers hominidés vivaient dans des conditions similaires. Les femelles étaient également capables de faire l'amour en tout temps, ce qui laisse entendre qu'il s'agit là de l'état naturel dans lequel notre espèce s'est développée et pour lequel elle est le mieux adaptée.

Il est également intéressant de noter que chez les bonobos et les humains, et seulement chez ces deux espèces, aucun signe extérieur ne signale l'ovulation de la femelle, ce qui explique que celles-ci sont toujours sexuellement réceptives.

Lorsque la sexualité humaine est observée sous cet angle, c'est-à-dire comme une façon de tisser des liens entre les individus et d'assurer la cohésion sociale (plutôt qu'une simple méthode de reproduction), l'homosexualité devient également beaucoup moins étrange et incompréhensible.

ÉDUCATION DES ENFANTS

L'étude des anciennes sociétés de chasseurs-cueilleurs démontrent que le modèle de la famille nucléaire qui fait norme dans nos sociétés modernes est non seulement artificiel, mais ne constitue probablement pas la meilleure façon d'élever des enfants. Dans un contexte d'égalitarisme et de partage total, les enfants sont ceux de la tribus. Tous les adultes participent à leur éducation et à leur protection. Dans plusieurs cas à travers le monde, on rapporte que les enfants se promènent d'une hutte à l'autre, sans problème. Ils sont chez eux partout et tous les adultes leur font preuve de la même affection. Chez les enfants, ce contexte crée un puissant sentiment d'appartenance et plusieurs autres bénéfices psychologiques y sont associés. Encore de nos jour, lorsque nous voyons un bébé ou un jeune enfant qui nous est inconnu, cet instinct d'affection et de protection est toujours présent chez la plupart d'entre nous.

Au 17e siècle, lorsque le père Paul Le Jeune faisait la morale à un Montagnais à propos de l'immoralité de leurs traditions polygames puisqu'il ne pouvait pas savoir avec assurance que ses enfants étaient vraiment de lui, ce dernier lui répondit que ce qu'il disait n'avais aucun sens, que tous les enfants de la tribu était ses enfants et qu'il les aimait tous.

Est-il possible que ce soit ça, la structure familiale originelle et naturelle pour notre espèce? Se pourrait-il que l'aberration soit plutôt la cellule familiale nucléaire refermée sur elle-même? Cela expliquerait certainement beaucoup de problèmes.

LA JALOUSIE

Difficile pour nous d'imaginer des relations sexuelles libres qui ne créeraient aucune jalousie. En effet, ce sentiment est si commun et répandu chez nous qu'il semble être tout naturel, au point où des chansons comme "When a man loves a woman" et "Every breath you take" qui décrivent pourtant des comportements obsessionnels et malsains, sont considérés être de belles chansons d'amour.

La jalousie est également observable chez les petits lors de la naissance d'un autre enfant. Or, il est possible de rassurer le premier enfant, de lui faire comprendre que l'on ne l'aime pas moins, que le nouveau venu ne représente pas une menace pour lui et qu'il y a suffisamment d'amour pour tout le monde.

Alors, demandent les auteurs, n'est-il pas possible d'imaginer le même phénomène dans le contexte de l'amour entre adultes? Pourquoi l'amour pour les enfants serait-il infini mais celui pour un autre adulte très limité? Et si nous vivions dans une société où l'amitié sexuelle était acceptée et dépourvue de toute honte? Et si une femme n'avait pas à craindre pour son bien-être ou celui de ses enfants en mettant fin à une relation? Et si nous n'avions pas à nous inquiéter de l'avenir parce que nous saurions que nous ne serons jamais seuls et qu'il se trouvera toujours une multitude de gens pour nous aimer? Et si nous grandissions non pas avec la notion qu'il existe un prince charmant pour nous quelque part, mais plutôt que nous pouvons retirer différentes gratifications de différentes relations? Et si nous vivions dans une société où la dignité, l'autonomie et la liberté des gens que nous aimons était une valeur primordiale? Si on enlève la peur de la jalousie, demandent les auteurs, que reste-t-il de cette dernière?

LA VIE PRÉHISTORIQUE

Ce billet commence à prendre des proportions gargantuesques, alors je vais passer plus rapidement là-dessus, bien que le sujet soit tout simplement fascinant. Les auteurs s'attaquent à cette affirmation de Thomas Hobbes, encore de nos jours considérée comme véridique, selon laquelle la vie préhistorique était "solitaire, pauvre, cruelle, brutale et courte."

Preuves à l'appui, les auteurs s'emploient à démontrer que la période préhistorique semble avoir plutôt été le véritable âge d'or de notre espèce. Nos ancêtres vivaient des jours heureux dans des groupes étroitement liés et dans une abondance de ressources. Les guerres étaient quasi-inexistantes. D'excellente santé, nos ancêtres préhistoriques étaient aussi grands que nous et vivaient plus longtemps que la plupart des humains modernes.

Ce qui est venu mettre fin à cet Eden, c'est l'adoption de l'agriculture. C'est hyper-intéressant et si cela vous chante, j'y reviendrai dans un futur billet.



LES PREUVES PHYSIOLOGIQUES DE NOTRE PASSÉ SEXUEL

Les auteurs se tournent ensuite vers l'étude de l'anatomie humaine à la recherche de preuves qui viendraient valider ou invalider l'hypothèse de notre passé polygame.

Il est d'abord question de dimorphisme sexuel. Chez les espèces où la compétition est féroce pour l'obtention des femelles, les mâles sont beaucoup plus grands que celles-ci. Les gorilles mâles, par exemple, sont deux fois plus gros que les femelles. Chez les humains et les bonobos, bien que le dimorphisme soit encore observable, il n'est pas aussi frappant et démontre que nos ancêtres n'ont pas eu à se battre pour avoir accès aux femelles pendant plusieurs millions d'années.



LA GUERRE DES SPERMATOZOÏDES

Une autre question que soulève la polygamie de nos ancêtres, c'est son apparente contradiction du principe de sélection naturelle de Darwin. En effet, sans compétition des mâles, tout semble à première vue s'écrouler.

Or, il ne s'agit pas d'une contradiction du tout, mais plutôt d'une lutte qui se déroule au niveau moléculaire. Le concept est le même: lorsque les spermatozoïdes de plusieurs mâles sont présents dans l'utérus d'une femelle en ovulation, ce sont ces spermes qui entrent en compétition les uns contre les autres. Dans ce contexte, il n'est donc pas nécessaire que le mâle victorieux soit plus gros ou plus fort que les autres, mais plutôt qu'il produise davantage de spermatozoïdes, afin d'avoir plus de billets pour la grande loterie de la vie. Dans ce contexte, les mâles possèdent également des testicules plus massives situées dans un scrotum externe et ont des éjaculations plus volumineuses qui contiennent une plus grande concentration de spermatozoïdes, ce qui est le cas des chimpanzés et des bonobos, mais pas des autres primates pour qui les femelles ne s'accouplent qu'avec un seul mâle par cycle.

La comparaison de la taille des testicules par rapport à la masse corporelle est utilisée pour établir avec exactitude les habitudes sexuelles des différentes espèces. Le principe est simple: des relations sexuelles fréquentes exigent de plus gros testicules. Et dans les espèces où plusieurs mâles s'accouplent avec la même femelle (compétition spermatique), les testicules sont ENCORE plus gros.

Cela se vérifie facilement en prenant, par exemple, un gorille et un bonobo. Bien que physiquement plus imposant, le pénis du gorille ne mesure que 2,5 cm et ses testicules sont de la taille de haricots. Le bonobo, pourtant beaucoup plus petit, a un pénis trois fois plus long et des testicules de la taille d'oeufs de poules!



Les humains se situent quelque part à mi-chemin entre le gorille et le bonobo pour ce qui est de la taille relative des testicules. Cela signifie-t-il que nous sommes plus près de la polygynie du gorille ou de la polygamie du bonobo? En d'autres termes, le scrotum humain est-il à moitié vide ou à moitié plein? Les auteurs nous révèlent une série d'études qui démontrent que les testicules sont des organes capables d'une évolution très rapide à de nouvelles conditions. Ils arguent donc que les testicules de nos ancêtres préhistoriques étaient beaucoup plus gros que les nôtres qui vivons dans des sociétés monogames depuis très longtemps.

Mais, bien que les testicules de nos ancêtres ne se soient pas fossilisés, de nombreuses preuves de notre passé subsistent. Par exemple, l'analyse chimique du sperme révèle que la première giclée de sperme contient une substance qui protège le sperme d'une attaque chimique. De quelle attaque chimique est-il question? Des substances présentes dans les dernières giclées de sperme du mâle qui a précédé. La compétition spermatique semble donc être anticipée dans la constitution chimique de l'éjaculat.

L'intérêt de plusieurs hommes pour la pornographie qui met en scène une femme est plusieurs hommes est également avancée comme preuve par les auteurs. Ils citent également une étude qui a démontré que la concentration de spermatozoïdes est plus grande dans l'éjaculat d'un homme exposé à du matériel porno où figurent une femme et deux hommes.

LE PÉNIS HUMAIN

Le pénis humain est unique chez les grands singes, tant par sa taille que par sa forme. Comme j'en ai déjà parlé ici, je ne vais pas m'éterniser là-dessus. La forme du pénis et les mouvements vigoureux de va-et-viens ont comme fonction d'éjecter du vagin le sperme de l'amant précédent afin d'y déposer le sien. Encore une fois, les preuves ne pointent pas du tout vers un passé monogame.

LA SEXUALITÉ FÉMININE

Les auteurs consacrent une section fort intéressante aux mythes et aux tabous entourant la sexualité des femmes. Il y est question de "l'hystérie" qu'on diagnostiquait aux femmes frustrée sexuellement (certains médecins masturbaient leurs patientes jusqu'aux années 1920, pratique supplantée par l'invention du vibrateur en 1902), en passant par l'interdiction qui pesait sur les femmes de se masturber elles-mêmes! En 1858, un médecin réputé de Londres est allé jusqu'à déclarer que cette pratique pouvait causer la folie et la mort et a effectué de nombreuses clitorectomies sur ses patientes). En 1936, un manuel de médecine recommandait encore l'ablation du clitoris pour mettre fin à la masturbation des jeunes filles.

Or, si des mesures aussi radicales sont avancées pour supprimer un phénomène, il est clair que le phénomène en question est d'une force prodigieuse. La réalité, bien sûr, c'est que l'appétit sexuel des femmes est beaucoup plus grand que ce que l'on peut croire et, arguent les auteurs, plus grand même que ce que bien des femmes sont prêtes à s'avouer à elles-mêmes. Cette puissante libido serait un héritage de nos ancêtres féminines qui ont évolué dans des bandes où la polygamie était la norme.

Les cris que poussent les femmes lorsqu'elles font l'amour en serait une première indication. Ces vocalisations sonores, dangereuses parce que susceptibles d'alerter des prédateurs, doivent bien avoir une fonction importante qui contrebalance le risque. Les scientifiques relèvent que ce type de cris chez les animaux et en particulier chez les primates sert d'appel et vise à attirer l'attention des autres mâles, ce qui vient soutenir la thèse des relations sexuelles en rafale avec plusieurs hommes. Les cris d'une femme en plein orgasme ont d'ailleurs un effet immédiat et puissant sur n'importe quel homme hétérosexuel à sang chaud qui les entend.

Les seins possèdent évidemment une puissance d'attraction extraordinaire pour les hommes, rien de bien surprenant ici. Et encore une fois, avoir des seins est une adaptation qui cause plusieurs problèmes, des maux de dos à un grand inconfort quand vient le temps de courir, par exemple. Si l'évolution en a tout de même encouragé le développement, c'est qu'ils doivent également être d'une grande importance. Il ne s'agit clairement pas simplement d'organes producteurs de lait, les humains sont d'ailleurs les seuls mammifères chez qui les femelles développent leurs glandes mammaires avant même de tomber enceintes. Leur rôle sexuel est indéniable. Certains scientifiques soupçonnent que le développement des seins ait été rendu nécessaire par le développement de la bipédie. En effet, la posture quadrupède met en évidence le postérieur des femelles, ce qui n'est pas le cas de la position verticale. Une autre façon d'exciter la convoitise des mâles aurait alors été nécessaire. Les auteurs attirent d'ailleurs notre attention sur la ressemblance entre les seins et les fesses, ce qui pourrait appuyer la thèse.

L'orgasme féminin n'est pas exclusif aux humains, mais est présent chez plusieurs autres primates. On observe également, en toute logique, que les espèces où les femelles sont le plus orgasmiques sont celles où la promiscuité entre les individus est la plus grande. La capacité pour une femme d'atteindre l'orgasme à répétition (contrairement aux hommes qui ne l'atteignent qu'une fois en relativement peu de temps) est un autre indicateur de la polygamie de nos ancêtres. Le corps de la femme aurait tout simplement évolué pour fonctionner de cette façon. Cela expliquerait bien des problèmes sexuels qui apparaissent dans un contexte de monogamie, que ce soit l'éjaculation précoce ou la difficulté de nombreuses femmes d'atteindre l'orgasme.

Plusieurs autres études de l'appareil reproducteur féminin viennent renforcer la théorie de la compétition spermatique. Il est tout d'abord intéressant de noter qu'environ 35% du sperme s'écoule du vagin dans la demi-heure qui suit la relation sexuelle, un pourcentage très élevé. Le corps de la femme est également plutôt hostile au sperme qu'il perçoit comme des antigènes et qui les attaque à coups de leucocytes. Ajoutez à cela la compétition avec les spermatozoïdes des autres donneurs et vous avez une course à obstacles pratiquement insurmontable. Pourtant, de récentes études indiquent que le corps de la femme serait capable de détecter les combinaisons d'ADN les plus favorables et de les favoriser. Ces mécanismes permettraient au corps de ces dames de déterminer, au niveau cellulaire, qui ferait le meilleur père génétique de leur enfant. Mais pour que ce système soit efficace, encore faut-il qu'il y ait plusieurs contributeurs. Et une indication de plus!

D'autres études ont démontré que les hormones qui sont sécrétées lors de l'orgasme ont des effets fort différents sur les hommes et les femmes. En effet, si la production de prolactine cause chez l'homme une satisfaction temporaire (qui a également pour effet de laisser la voie libre aux autres mâles), la plupart des femmes, elles, demeurent excitées et réceptives à d'autres orgasmes. Loin de la notion victorienne de l'absence de libido chez la femme, tout indique plutôt que les femmes ont le potentiel d'être tout simplement insatiables et que ses capacités dépassent largement de n'importe quel homme.

EN CONCLUSION

En terminant, les auteurs passent en revue les effets sociaux néfastes causés par le fait de prendre pour acquis un modèle sexuel qu'ils jugent irréaliste, utopique et contraire à la nature de l'être humain.

Il y est question du tabou entourant la sexualité des adolescents, qui est une contradiction majeure entre les dictats de la société et les exigences biologiques. Les auteurs citent plusieurs études qui semblent démontrer que cette diabolisation de la sexualité des adolescents (surtout aux USA) cause de graves problèmes, allant d'une augmentation de la violence chez les jeunes hommes, frustrations et confusion sexuelles, combat dévastateur de l'éducation sexuelle par certains groupes religieux, etc.



Comme exemple extrême de la lutte à la sexualité des jeunes, les auteurs citent John Harvey Kellogg. Comme diabolisation de la sexualité, il se fait difficilement mieux que ce coucou-là.

Une autre conséquence de ce refus de voir notre nature pour ce qu'elle est, selon les auteurs, est le haut taux d'infidélité dans les couples mariés.

En effet, qu'est-ce qui pourrait bien pousser tant d'hommes mariés et heureux à tout risquer (couple, famille, amis, réputation, etc.) pour une aventure? La réponse, selon les auteurs, est simple et incontournable: la variété et le changement est l'épice nécessaire à l'épanouissement sexuel des hommes.

Une explication intéressante est avancée pour expliquer ce désir de nouveauté. Afin d'éviter la stagnation génétique et les relations sexuelles avec des individus de la famille, nos ancêtres auraient développé un intérêt marqué pour la nouveauté sexuelle et une robuste aversion pour les individus trop familiers. Il s'agirait d'une réaction normale et logique dans un contexte de polygamie, mais hautement problématique dans celui de la monogamie.

La monogamie, avancent les auteurs, a un effet dévastateur sur les niveaux de testostérone et sur la libido des hommes. Des études ont démontré que les niveaux de testostérone étaient beaucoup plus bas chez les hommes mariés que chez les célibataires et que même une brève conversation avec une jolie femme inconnue faisait bondir ce niveau de testostérone de 14%! La monogamie, selon eux, mène inexorablement à la monotonie et cela n'a rien à voir avec l'attirance ou l'amour ressentis pour la conjointe. Il s'agirait tout simplement cet intérêt programmé pour la nouveauté.

Le véritable drame de la répression de cette réalité, expliquent les auteurs, est que cette baisse graduelle de testostérone crée chez les hommes une baisse de libido, d'énergie et une distanciation vis-à-vis des plaisir de la vie. Puis, la hausse drastique de libido qui accompagne une aventure extra-conjugale ramène avec force tout ce qui semblait avoir été perdu. Or, certains hommes sont si chavirés par l'expérience qu'ils croient être amoureux, ce qui est rarement le cas. Plus souvent qu'autrement, ces hommes réalisent (trop tard) que leur épouse constituait une compagne beaucoup adéquate que leur maîtresse. De plus, la nouvelle relation avec la maîtresse mène elle aussi, éventuellement, à la monotonie. Le cercle vicieux causé par ce déni de la nature humaine se perpétue ainsi, inlassablement.

Alors que faire?

Il est temps, déclarent les auteurs, de repenser le modèle monogame artificiel imposé par la société et les religions. Il est temps de lever les tabous et de regarder la réalité en face.

Or, chers lecteurs, pour quelqu'un comme moi qui (je l'avoue) a toujours été un croyant convaincu et preux défenseur de la monogamie, pour avoir jugé tous les autres modèles comme des déviances, la lecture de ce bouquin a été tout un choc.

Et il y a peu de choses que j'aime plus qu'un livre de science qui vient foutre en l'air tout ce que je croyais savoir et que je prenais pour acquis!

Beaucoup de matière à réflexion dans ce livre fascinant.

Évidemment, comme tout autre ouvrage, il n'est pas à avaler tout cru comme s'il s'agissait de la Vérité absolue. Certains scientifiques n'y vont d'ailleurs pas de main morte dans leurs critiques:

''The book was criticized for "biased reporting of data, theoretical and evidentiary shortcomings, and problematic assumptions" in a book review by Ryan Ellsworth in the journal Evolutionary Psychology. Ellsworth concludes the review by saying, "if promiscuity even slightly approaching bonobo levels were characteristic of (post-Homo erectus) ancestral sexuality, there would be much more evidence for it than Sex at Dawn manages to drum up," and urges scientists to pay more attention to popular accounts such as Sex at Dawn which he believes present "a distorted portrayal of current theory and evidence on evolved human sexuality" to the general public.''

Mais cela n'enlève rien à l'intérêt des questions posées. Et tout ce qui fait réfléchir est, à mon humble avis, une maudite bonne affaire.

J'ai dévoré ce livre avec une fascination grandissante à chaque page et je vous le recommande fortement.





 

Évolution humaine