(45:30) Dans la conscience corporelle, il y a aussi les émotions et les cognitions. Uniquement sentir le corps et mobiliser le corps n'a pas d'intérêt. C'est cette conjonction du corps avec l'émotion avec les sensations avec les mouvements et avec les pensées qui donne un accès. (...) C'est cette capacité curieuse qu'a l'être humain qui doit gérer trois cerveaux en même temps qui sont apparus à des époques radicalement différentes. Le cerveau sensori-moteur date de 4 ou 500 millions d'années, le cerveau émotionnel de 80 millions d'années et le cerveau cognitif 100 000 ans. Il est tout récent. Ces trois cerveaux doivent fonctionner en même temps et ça c'est la grande difficulté. Mais ils peuvent fonctionner en même temps si on les laisse fonctionner en même temps et si on ne donne priorité à aucun d'eux. Être un être humain, ce n'est pas être un être cognitif, ce n'est pas non plus être un être émotionnel, c'est pas être un être instinctuel et sensori-moteur, c'est être les trois en même temps de manière harmonieuse. Et c'est un défi.
(47:50) Tout notre fonctionnement est lié au fonctionnement antagoniste des deux branches du système nerveux. (...) Quand tout va bien et que nous ne sommes pas en danger, notre organisme est géré par le système parasympathique qui s'occupe de toutes les fonctions qui sont importantes pour assurer notre survie quand nous ne sommes pas en danger: le sommeil, l'alimentation, la digestion, la reproduction et plus tard l'engagement social. Le système orthosympathique prend les commandes quand nous sommes dans un danger immédiat. Ce modèle-là n'explique pas deux choses: ni le figement, ni la négociation.
(49:00) Le modèle de Stephen Porges ajoute quelque chose qui permet de comprendre ce qu'est le figement et ce qu'est la négociation. (...) C'est un cardiologue, c'est pas du tout un psychiatre ou un psychologue. Il étudie les morts prématurées chez les nourrissons et il a une capacité de mesurer le système parasympathique chez les nouveaux-nés. Ce qu'il observe, c'est un paradoxe: les nouveaux-nés qui ont un tonus parasympathique élevé ont plus de chances de survie (...) ce qui est normal puisque le tonus parasympathique est protecteur généralement. Mais quand ils meurent, ils meurent d'un tonus parasympathique élevé. Donc là, il y a un paradoxe. Voilà un système qui peut à la fois protéger et tuer l'individu.
(50:10) Lui est venue l'idée qu'il y avait deux systèmes parasympathiques, ce qu'il appelle la branche dorsale et la branche ventrale, laquelle serait apparue chez les mammifères avec le système limbique et qui permettrait la relation. Si vous n'avez dans votre répertoire comportemental que la fuite, l'attaque et le figement, vous ne pouvez pas créer de relations. (...) Le système de Porges permet de comprendre à la fois le figement (c'est la branche dorsale du système parasympathique qui vient verrouiller le système orthosympathique et qui crée l'immobilisation) et le système parasympathique ventral (...) qui permet d'entrer en relation par le système d'engagement social (...) qui permet la communication et la relation. Ce n'est ni l'attaque, ni la fuite, ni le figement.
(51:30) En modifiant le tonus parasympathique, vous pouvez créer de la relation. Par exemple, si vous diminuez légèrement votre système parasympathique ventral, (...) vous créez une petite activation. Par exemple, vous tirez la queue d'un chat qui dort. Il n'est pas content, mais il ne va pas passer directement en système orthosympathique. (...) Il va vous envoyer un signal qu'il n'est pas content. (...) Si vous arrêtez de tirer sa queue, son système parasympathique ventral revient comme avant. (...) Par contre, si vous augmentez légèrement votre système parasympathique ventral, vous créez une espèce d'état de relaxation, voire d'extase. (...) En modulant votre système parasympathique ventral, vous pouvez, sans engager les deux autres systèmes, soit faire face à un danger sans passer à l'action, soit répondre de manière positive à une interaction.
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