Pygmalion et Galatée



La légende grecque (chypriote pour être plus précis) vieille de plus de 2000 ans, raconte comment un talentueux sculpteur appelé Pygmalion était dégoûté par les comportements des femmes de l'île de Chypre qui se comportaient comme des prostitués impudiques et des cruelles sorcières. Il se résigna donc au célibat et investit tout son désir et son amour inexprimé dans la création de son oeuvre ultime: la statue de marbre (ou d'ivoire) représentant la femme de ses rêves. Il y consacra tellement de temps et y travailla avec tant de passion que le résultat fut parfait. Il donna à son chef-d'oeuvre le nom de Galatée. 

Le lien qui unissait l'artiste à son oeuvre était si grand et si intime, il y avait investi tant de passion, d'attention, de minutie et de dévouement qu'il tomba amoureux de sa statue. Lors d'une fête religieuse, il se rendit au temple d'Aphrodite (l'équivalent de la déesse Inanna pour les Grecs), se prosterna devant la statue de la divinité et se mit à pleurer. Il exprima la lourdeur de son célibat et de sa solitude et supplia la déesse de mettre sur son chemin une femme aussi merveilleuse que sa Galatée.

Lorsqu'il revint à son atelier, esseulé et désespéré, il embrassa la bouche de sa statue et fut étonné de ressentir que les lèvres de cette dernière était chaudes. Il l'embrassa à nouveau et cette fois-ci, elles étaient douces et tendres! Il recula d'un pas et fut estomaqué de voir sa Galatée prendre vie sous ses yeux. Le marbre devint chair, ses yeux le virent, elle descendit de son piédestal et l'enlaça dans ses bras. Aphrodite, la déesse de l'amour, avait exaucé son voeu le plus cher.

Ce mythe, plus de deux fois millénaire, a bien évidemment inspiré nombre d'artistes à travers les âges. Ce n'est pas étonnant puisque les peintres et les sculpteurs sont souvent des rêveurs romantiques solitaires qui se reconnaissent bien dans Pygmalion, j'en sais quelque chose.

Voici quelques tableaux que j'affectionne particulièrement:

1785: Jean-Baptiste Regnault (château de Versailles):


1863: Étienne Maurice Falconet (musée de l'Ermitage de Saint-Pétersbourg):


1890: Jean-Léon Gérôme (New York Metropolitan Museum of Art):


J'ai également trouvé ce magnifique photoshoot moderne qui réincarne l'histoire avec des modèles:


Le même artiste a d'ailleurs créé plusieurs oeuvres captivantes qui mélangent sculptures et modèles vivants, utilisant parfois le numérique pour donner l'impression que des statues prennent vie:


L'histoire a aussi inspiré d'autres productions artistiques telles que des ballets:


Dans la littérature et au cinéma, tu devineras que l'idée a été reprise avec l'histoire de Pinocchio. Et dans un film peu conne de 1992 que j'avais complètement adoré à l'époque: Cool World. Il racontait l'histoire d'un bédéiste solitaire qui crée la femme de ses rêves sur papier. Cette dernière prend vie sur le papier et l'attire à l'intérieur de la BD, dans le monde qu'il a créé. Mais dans cette histoire-là, la création s'avère être fourbe, manipulatrice, manichéenne et complètement hors de contrôle: https://www.youtube.com/watch?v=_kJAVgY8DMk




 

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