Kimberella: plus vieil ancêtre commun?



Extrait de l'article:

Si l’explosion du Cambrien marque l’apparition de la plupart des lignées animales modernes, notre plus vieil ancêtre commun pourrait bien être encore plus ancien et avoir vécu il y a plus de 545 millions d’années, durant l’Édiacarien.

Si nous pouvions remonter le temps et observer l'environnement terrestre il y a environ 600 millions d'années, nous découvririons un monde totalement différent de celui que nous connaissons aujourd'hui. Aucune vie animale ni végétale n'occupe alors les terres émergées désertiques et couvertes de glace. Mais dans les eaux du gigantesque océan qui occupe une très large part du Globe, les choses sont cependant bien différentes.

Les étranges créatures de l’Édiacarien

La période de l'Édiacarien (635 à 538,8 millions d'années) est en effet caractérisée par l'apparition des premiers organismes multicellulaires complexes. Cette faune pourrait pourtant sembler particulièrement étrange à nos yeux. Sur le fond de la mer évoluent des créatures au corps mou, en forme de feuille, de disque, de tube ou de sacs remplis de boue, certains pouvant mesurer plusieurs mètres.

Les squelettes n’existent pas encore et seuls quelques organismes présentent une ébauche de coquille. Cette absence de parties dures est d'ailleurs certainement responsable de la faible quantité de fossiles retrouvés datant de cette période, les tissus étant très difficiles à conserver. Néanmoins, de nombreuses empreintes de ces organismes ont permis de retracer, au moins partiellement, les caractéristiques de cette faune étrange. Il apparaît que si certaines espèces semblaient être dotées d'une bouche et d'un tube digestif, d'autres étaient totalement dépourvues d'organes internes, ce qui pose la question de leur mode de vie et de reproduction. C'est le cas notamment des vendozoaires, ces organismes plats et segmentés par des motifs fractals, qui devaient absorber les nutriments présents dans l'eau par échanges d'ions à travers leurs tissus (osmose).

La quasi-totalité de ces formes de vie n’a laissé aucun descendant

Il est difficile de retracer en détail l'apparence et le fonctionnement de ces organismes, car la grande majorité des espèces constituant la faune de l'Édiacarien a totalement disparu à la fin de cette période, ne laissant quasiment aucun descendant. Suite à une extinction de masse, ces organismes seront en effet remplacés par le développement rapide de nouvelles espèces durant le Cambrien, période durant laquelle vont apparaître les formes d'organisation animales existant aujourd'hui. Et pourtant, certains éléments laissent penser que notre ancêtre commun prendrait ses racines non pas au Cambrien, mais bien à l'Édiacarien.

Notre plus vieil ancêtre connu ressemblerait à une limace broutant les algues du fond océanique

C'est ce que suggère une nouvelle étude publiée dans Current Biology. Les chercheurs de l'Australian National University ont analysé d'anciens fossiles édiacariens à l'intérieur desquels ils ont retrouvé des molécules de phytostérol, un composé chimique présent dans les plantes. Ces molécules seraient en quelque sorte les traces du dernier repas de ces organismes. C'est en analysant ces molécules que les chercheurs ont réussi à déterminer que l'espèce Kimberella possédait une bouche et un tube digestif qui lui permettait de digérer ses aliments d'une façon, certes primitive, mais assez semblable aux animaux modernes. Cet organisme ressemblant à une limace serait donc l'une des créatures les plus évoluées de l'Édiacarien et peut-être l’un des plus lointains ancêtres communs des espèces animales actuelles, qui soit observable dans les séries fossiles.

Les analyses moléculaires ont notamment permis de mettre en évidence que Kimberella se nourrissait des films d'algues couvrant le fond de la mer. Ces algues étaient particulièrement riches en nutriments et en énergie, ce qui pourrait expliquer pourquoi les formes de vie de l'Édiacarien pouvaient atteindre des tailles si imposantes pour des êtres si primitifs et descendants directs de simples organismes unicellulaires.





Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire