Une piste fossile vieille de 106 millions d’années découverte en Corée du Sud montre la démarche d’un des ancêtres des oiseaux modernes. Les premières empreintes sont rapprochées, signifiant qu’il marchait lentement, à environ deux kilomètres par heure.
Mais plus loin, l’espace entre les traces de pattes s’allonge à 30 centimètres. Comme ce petit dinosaure mesurait seulement 5 cm à la taille, cela signifie qu’il courait à 40 km/h.
Selon l’auteur principal de l’étude, Hans Larsson, de l’Université McGill, ce dinosaure n’aurait jamais pu atteindre cette vitesse en utilisant uniquement ses muscles.
« Les muscles n’étaient pas non plus assez forts. Il fallait qu’il ait un autre mode de propulsion que ses deux pattes. »
C’est la première preuve que des dinosaures à plumes se servaient de leurs ailes pour courir plus vite.
L’étude a été publiée dans la revue universitaire PNAS.
Cousin du vélociraptor
Comment M. Larsson sait-il qu’il s’agit d’un dinosaure et non d’un oiseau – les premiers étant apparus il y a 150 millions d’années ? « Ce sont des empreintes à deux doigts, et pendant tout le Crétacé [il y a 145 à 66 millions d’années], les oiseaux avaient trois ou quatre doigts », répond M. Larsson.
Il sait aussi qu’il s’agit d’un Dromaeosauriformipes rarus, un « microraptor » cousin du vélociraptor des films Jurassic Park, parce qu’aucun autre groupe de dinosaures n’avait deux doigts. Il s’agit d’un des plus petits dinosaures connus.
Boue séchée en Corée du Sud
Les empreintes ont été découvertes sur une plaque préservée de boue séchée, trouvée près de Jijun, en Corée du Sud. « On voit tout, même les traces de gouttes d’eau et d’insectes », souligne M. Larsson.
L’absence d’autres empreintes exclut que l’animal ait utilisé ses pattes d’en avant pour aller plus vite.
M. Larsson est spécialiste de l’évolution des squelettes, des jointures et des musculatures. « Alex [Dececchi, coauteur de l’étude venant de l’Université d’État du Dakota] m’a parlé de ces empreintes quand elles ont été décrites dans Scientific Reports en 2018. Il me disait qu’il devait y avoir une erreur. »
Un biplan sur quatre pattes
Dromaeosauriformipes rarus avait des ailes sur ses quatre pattes. « Comme il ne pouvait pas bouger les ailes autant que les oiseaux d’aujourd’hui, ça lui donnait l’air d’un biplan. »
Ce microraptor aurait pu faire des bonds de 100 à 200 mètres. « Un chercheur dans les années 1990 avait suggéré cette possibilité. Nous avons confirmé que c’était possible avec des modèles de squelettes, mais c’est la première preuve fossile. »
La prochaine étape consistera à reconstruire un modèle numérique du squelette du microraptor pour simuler la marche, la course et les bonds.
Évolutions
Cette découverte montre qu’il y a eu plusieurs évolutions du vol animal. « À l’origine, on avait l’idée que des dinosaures sont montés dans les arbres et ont commencé par planer, dit M. Larsson. Il y a plus de diversité que ce que nous pensions. »
Les dinosaures arboricoles planeurs ont existé, mais ils étaient très rares. « Et ils ne sont pas les ancêtres des oiseaux, comme les microraptors. »
Comme ce microraptor est apparu avant les oiseaux, il y a 164 millions d’années, il pourrait être celui qui a « inventé » le vol.
Les reptiles volants, comme le ptérodactyle, sont apparus plus tard, il y a 150 millions d’années.
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