Ordovicien (vers 420 Ma)



André Desrochers:

Bonjour Patrick,

Je commence par résumer quelques éléments clés du contexte géologique gaspésien.
Ordovicien : l’est de Laurentia passe d’une marge passive tranquille à une zone tectoniquement 
active, ce qui entraîne l’orogenèse taconienne et la formation des premières montagnes 
appalachiennes. 

Silurien : la grande collision continentale se produit au large de Laurentia, mais la Gaspésie 
demeure une région stable, baignée par une mer tropicale peu profonde où se forment d’épaisses 
successions de calcaires et, vers 420 Ma, une imposante barrière récifale. 
Fin du Silurien : la fusion de Laurentia, Baltica et Avalonia mène à la création du 
supercontinent Laurussia.

Il existe plusieurs reconstructions paléogéographiques pour le Silurien; il faut donc choisir une 
carte fiable, cohérente et adaptée précisément à la fin du Silurien (~420 Ma). En géologie 
sédimentaire, on utilise fréquemment les cartes de Scotese : elles ne sont pas parfaites, mais elles sont très lisibles et situent correctement la Gaspésie dans un environnement marin peu profond.

Maintenant une mise en contexte pour la grande barrière récifale silurienne. Il y a environ 420 millions d’années, la Gaspésie tropicale abritait une immense barrière  récifale aujourd’hui fossilisée. Construite par des coraux anciens et des  stromatoporoïdes, elle formait un système continu long de plus de 500 km, comparable aux grandes barrières récifales actuelles. Cette barrière s’est développée sur des hauts-fonds créés par des failles actives, entre une mer peu profonde au nord et un bassin plus profond au sud. À l’échelle moderne, c’est l’équivalent de la distance entre Montréal et Rimouski. Elle était donc plus grande que les barrières récifales actuelles de l’Atlantique Ouest comme celle du Bélize (~300 km), même si elle restait plus courte que la Grande Barrière de corail d’Australie (~2 000 km). La formation des Appalaches a ensuite cassé, déplacé et érodé cette structure, ne laissant aujourd’hui que des fragments isolés visibles à West Point et dans la baie des Chaleurs. Malgré sa fragmentation, elle demeure l’un des plus impressionnants récifs fossiles du Silurien au monde.

Carte montrant à la fin du Silurien, que la barrière récifale de West Point ne se limitait pas du tout à un petit secteur isolé comme aujourd’hui. Les reconstructions palinspastiques (c’est-à-dire avant la déformation des roches) montrent qu’elle formait une véritable ceinture récifale presque continue. Elle s’étendait le long de toute la marge nord du bassin gaspésien, depuis l’ouest de la Baie des Chaleurs jusqu’à l’est de la péninsule. Source (Malo, D., Lavoie, D., and Brisebois, D. Hydrocarbon Systems in Gaspé Peninsula: a Tour of Source Rocks, Reservoirs and Traps; Geological Association of Canada-Mineralogical Association of Canada, Joint Annual Meeting, Québec 2008, Guidebook to Field Trip B2, 157 




 

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