Commentaire de Sylvain Campeau

Voici un extrait de ce billet publié sur le blogue En toutes lettres:


Dans son livre La Préhistoire du Québec, Patrick Couture interroge tout ce qu’il peut pour en arriver à nommer ce que nous sommes. Il sonde la terre, la réalité géologique de notre coin de pays; en plus des arrivées humaines en ce Nouveau Monde, celles d’avant Champlain. Il a fallu du temps et bien des métamorphoses, bien des migrations pour que le Québec devienne ce qu’il est, habité des gens tels qu’ils sont! Quelle est donc cette préhistoire de notre coin de pays?

Une petite anecdote pour commencer, un brin triviale mais combien révélatrice!

Je m’apprête à visiter la Tour de Londres en Angleterre et je me demande si, oui ou non, je devrais suivre un guide. Il y en a un justement à ce moment-là qui est en train de rapatrier ses ouailles. Dans l’attente du rassemblement, il demande s’il y a des gens parmi nous qui viennent d’Australie, du Canada… Il enchaîne en disant que nous allons, nous particulièrement, trouver la visite intéressante puisque nous n’avons pas d’histoire! Est-ce utile de dire que je n’ai pas suivi le guide?

(...)

Patrick Couture s’est ainsi donné la tâche, importante, de nous livrer dans le détail ce que la recherche a réussi à faire dire à tout ce potentiel de savoir historique. Il va même, comme l’a fait avant lui Pierre Monette avec son Onon:ta’1, jusqu’à exhumer le passé géologique de ce coin de terre. Car le Québec est très vieux, géologiquement parlant.

Puis, il va chercher à attacher tous les fils de notre identité et de ce qu’il a bien pu falloir de précédents de toutes sortes pour arriver jusqu’à nous. Le passé de la terre et des montagnes et des cours d’eau se mesure aux passés de nos ancêtres divers, européens comme américains. Après tout, nous sommes autant du Nouveau que de l’Ancien Monde.

Il remplit son objectif à merveille, y allant de cours chapitres identifiés par la période dont il sera question. L’idée de brèves sections sert bien le propos. Car il y a dans chacune un résumé et un condensé de tout ce que les recherches, anciennes comme actuelles, parviennent à témoigner de l’histoire de cette terre.

Pour celui qui voudra y revenir, ce découpage est heureux puisqu’il permet de revenir sur le sujet et de rapidement retrouver ses repères. On y apprend même que la grippe est probablement apparue il y a 6000 ans à cause d’une plus grande proximité entre humains et animaux depuis peu domestiqués. Ce serait des volailles que cela originerait.

Le livre s’arrête évidemment au seuil de l’arrivée de Champlain. Avec lui, sans doute, vraiment, commence l’histoire et finit la préhistoire.

Il a fallu, pour écrire cette préhistoire, faire l’examen et le récapitulatif d’une somme impressionnante de connaissances et de recherches assez pointues. Sans parler de l’effort de vulgarisation qui est ici manifeste et réussi!

Un seul bémol, une sorte de réflexe qui appartient peut-être aux restes d’une habitude de communication plus orale qu’écrite : le besoin continuel de nous rapporter sans cesse au présent, à ce qui se verrait si nous gambadions aujourd’hui dans les lieux anciens dont on nous trace le portrait. Ou à se demander ce qui serait advenu si les choses s’étaient présentées autrement! Comme si on doutait de notre capacité à imaginer les choses autrement, à prendre notre condition actuelle comme le résultat attendu d’une évolution dirigée vers un but final et définitif : nous, tels que nous sommes présentement, dans l’environnement qui est tel qu’il s’offre à nous maintenant!

L’auteur préjuge, en quelque sorte, de notre inaptitude à considérer les choses autrement. Il est bien triste de constater qu’il a peut-être raison! Peut-être, en effet, nous prenons-nous parfois pour une sorte de quintessence finale d’un processus d’évolution visant à une amélioration constante et continue.

L’évolution n’a ni boussole, ni plan à respecter! Si on ne retenait que cela de notre lecture, nous en sortirions plus sages et plus riches. Il y a cependant infiniment plus à retirer de cette aventure qui, en même temps qu’elle est la nôtre, est celle de toute l’humanité. En ces temps où on la sent précaire et fragile, cette humanité, une telle expérience n’est pas à dédaigner!




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