Quand les loups rôdaient dans Paris…




Extraits de cet article:

Sans remonter jusqu’au Haut Moyen Âge (V-IXe siècles) – période obscure lors de laquelle les loups étaient omniprésents dans les campagnes franciliennes – nous pouvons évoquer la récurrence des attaques de loups pendant la guerre de cent ans (1337-1453). Alors que la guerre entre les Armagnacs et les Bourguignons fait rage, la misère frappe de plein fouet les Parisiens. La fin du Moyen Âge, période de catastrophes (la peste, la faim, les hivers froids…) est la période où tout le monde a faim, y compris les animaux, les loups entrent dans les villes et les villages, et suscitent une grande peur…

Les nombreux corps sans vie des hommes et femmes décédés au cours de la guerre, qui jonchent le sol parisien, attirent les carnassiers. A partir de 1421 notamment, au plus fort de la guerre de cent ans, les archives signalent plusieurs vagues d’attaques de loup. Ces derniers déterrent les corps inhumés et n’hésitent pas à entrer dans les rues parisiennes pour y chercher une nourriture facile d’accès : le loup s’attaque aux populations les plus vulnérables, c’est à dire les personnages âgées et les enfants. Surtout, dans les années 1430 on compte 60 à 80 victimes, en région parisienne. En plein cœur de la capitale, au marché des Halles, un enfant est même dévoré par un loup, à la stupeur des Parisiens. En 1439, un loup particulièrement meurtrier est tué par des Parisiens : celui-ci était surnommé « courtaut » du fait de son absence de queue, et aurait été à l’origine de plusieurs dizaines de massacres dans les environs de Paris.

Cette forte présence des loups serait liée à la multitude des petits massifs forestiers qui existaient à l’époque juste autour de Paris. La frontière entre les bois et la ville était extrêmement fine et les Parisiens n’osaient s’aventurer dans les sombres forêts… Le loup y était endémique.

Plus d’un siècle plus tard, pendant les guerres de religion, on signale un nouveau cas de loup ayant pénétré à Paris pour dévorer un enfant place de Grève.

Au XVIIe siècle les loups restent fortement présents en île de France, comme en témoigne la diffusion de gravures, d’estampes représentant le loup sous une figure menaçante. La littérature s’empare du thème du loup et on peut notamment citer Le petit chaperon rouge, publié par Charles Perrault en 1697, dans lequel le personnage du méchant est incarné par un loup. Les mentalités et les imaginaires du XVIIe siècle restent marqués par les images des loups agressant et dévorant les villageois et les citadins.

Toutefois, ce serait sous l’effet des grandes chasses royales, et notamment des chasses organisées par le Grand Dauphin (fils de Louis XIV) que l’on assiste à une forte baisse de la population de canidés près de Paris : du 12 juillet 1684 au 16 janvier 1711, on enregistre 1 027 chasses au loup ! Les grands personnages de la Cour chassaient le loup au Bois de Boulogne, à Versailles ou encore dans la forêt de Meudon ce qui a fortement contribué à sa chute démographique. Le Mercure de France (le grand périodique de l’époque) n’hésite pas à écrire ainsi, en janvier 1688 : « En France, on ne voit que des loups pour tous animaux féroces. Il n’y en a plus guère présentement aux environs de Paris : Monseigneur le Dauphin les en a purgés. »

Si le loup n’a pas encore totalement déserté l’île de France au début du XVIIIe siècle, l’homme semble bel et bien avoir remporté la bataille. Cela ne saurait néanmoins faire oublier les récurrentes attaques de loups dans les autres régions de France, notamment dans le sud-ouest : on peut citer la série d’attaques meurtrières perpétrée par la fameuse bête du Gévaudan, entre 1764 et 1767 dans le sud de l’Auvergne actuelle. On note plus de 120 morts à la suite de ces attaques de canidés…





 

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