La colline aux corbeaux



De la même manière que Rome a été fondée en -753 par les légendaires Romulus et Rémus, la ville de Lyon dispose également d’un récit mythique de sa fondation.

Celle-ci aurait eu lieu vers -650 nous raconte Pseudo-Plutarque et repose sur le même schéma que pour Rome : Lyon aurait été fondée par deux frères.

Le premier est roi, il s’appelle Atepomaros, étymologiquement « le très grand cavalier » en gaulois. Le deuxième est druide, il s’appelle Momoros, ce qui signifierait le « cygne ».

Le récit légendaire est calqué sur la fondation de Rome mais appliqué aux caractéristiques gauloises : les deux frères sont roi et druide, les deux fonctions suprêmes en Gaule celtique depuis l’ère de La Tène (-450 ; -50).

Le premier dispose en effet du pouvoir militaire, le second de ce que deviendra le pouvoir civil à la fin de l’ère de La Tène, à travers le Vergobret (magistrat civil élu par des assemblées) ou les Sénateurs ; fonctions auxquelles les druides vont tous se convertir au premier siècle avant Jésus-Christ.

Atepomaros est par ailleurs « le très grand cavalier », selon l’usage voulant que les chefs militaires gaulois sont parmi les meilleurs cavaliers de l’Antiquité.

Atepomaros et Momoros sont donc deux frères venus du nord, à une époque où les peuples de la Gaule seraient dirigés par des roi et où le territoire de la Celtique se confond avec le monde celte, au-delà des Alpes et du Rhin.

Chassés de leur royaume par Seseroneus, leur rival, un oracle leur a commandé de fonder une nouvelle cité sur une colline nue en bordure de la Saône.

Le druide doit y mettre son savoir et sa sagesse, le roi son discernement et son intelligence. Quand ils se mettent à creuser les fondations de la ville, une nuée de corbeau apparaît et se pose autour d’eux.
Annonciateur de bon présage, Momoros déclare alors : « cet endroit s’appellera Lougdounon » la colline (« dounon ») aux corbeaux (« lougos » en gaulois).

On a longtemps considéré que ce récit de Pseudo-Plutarque relevait du mythe et que la ville de Lyon n’était qu’une colonie romaine fondée en -43.

Jusqu’en juillet 2014 où on a découvert en bordure de colline de Fourvière les fondations de remparts gaulois antérieurs de plusieurs siècles aux remparts romains. 

L’histoire ne dit pas si les corbeaux sont apparus au moment de cette découverte.

Illustration : portrait de soldats gaulois, chiné sur Pinterest, si vous avez la source je suis preneur.
Pour aller plus loin sur Lyon pendant l’antiquité : Amable Audin, « Lyon, miroir de Rome dans les Gaules », éditions Fayard, 1965.


Trouvé ici.


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