Creux de 320 mètres, le lac Manicouagan est le plus profond des lacs du Québec, comme une nouvelle étude de l’Université Laval a permis de le découvrir. Toutefois, ce lac est bien humble. Malgré cette reconnaissance, il se cache bien loin du regard des curieux, sous le réservoir Manicouagan.
Les travaux qui ont mené à cette découverte ont débuté en 2014 sous la gouverne du professeur du Département de géographie Patrick Lajeunesse. Déjà à l’époque, le lac Manicouagan n’était plus qu’un vague souvenir pour ceux qui avaient assisté, dans les années 1960, à la création du réservoir Manicouagan à la suite de la construction du barrage Daniel-Johnson.
L'ennoiement du contour du cratère, formé par la chute d’une météorite il y a 214 millions d’années, préserve sous quelque 140 mètres d’eau les paysages d’autrefois. On y voit encore des buissons enracinés, des arbres, comme si la vie s’était arrêtée, témoigne le professeur Lajeunesse.
On y trouve aussi, vers l’est, les berges d’un lac en forme d’arc, d’une profondeur insoupçonnée. Étrangement, on n’avait aucune idée de l’ampleur de ce bassin, avoue M. Lajeunesse.
En effet, personne ne connaissait la profondeur véritable du lac Manicouagan jusqu’à maintenant, mais certains indices suggéraient qu’elle était considérable. On a entendu dire que des pêcheurs perdaient le signal de leur sonar à la hauteur du lac, raconte le professeur.
Son équipe et lui ont donc fait appel à un outil de pointe, un échosondeur multifaisceau, pour établir enfin la véritable profondeur du lac Manicouagan, qui s'est avéré de 40 mètres plus creux que le record précédent pour un lac québécois, le lac Walker, lui aussi sur la Côte-Nord.
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Trois cents vingt mètres de profondeur en plus des 140 mètres du bassin Manicouagan sous lequel il est englouti : c’est à presque un demi-kilomètre que se trouvent les endroits les plus profonds du lac Manicouagan.
En plus d’établir un record, cette distance à partir de la surface présente un véritable intérêt scientifique, puisqu’elle isole son fond des intempéries et même des ères glaciaires. Résultat : quelque 280 mètres de sédiments accumulés, de la boue, du sable, du gravier.
L’hypothèse que nous avons, c’est que les glaciers n’ont peut-être pas eu la possibilité de racler le fond du lac, explique M. Lajeunesse. Ainsi, le fond du lac Manicouagan pourrait détenir la clé de sols, de végétations et d’écosystèmes vieux de dizaines de milliers d’années.
Quant à l’explication de la surprenante profondeur du lac Manicouagan, elle reste un mystère. L’onde de choc de la météorite pourrait être en cause, mais d’autres facteurs pourraient avoir joué un rôle, soupçonne le professeur Patrick Lajeunesse. On n’en a aucune idée, convient-il. C’est pour ça qu’on veut retourner là-bas.
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