Un cratère météoritique au large de Sept-Îles



Extraits de cet article:

JEAN-FRANÇOIS CLICHE
Le Soleil

Tout indique que la Côte-Nord, qui était déjà l'heureuse propriétaire du plus grand cratère visible sur Terre, le réservoir Manicouagan, vient de s'enrichir d'un autre cratère d'origine météoritique - de 4000 mètres de diamètre celui-là, et situé à seulement quelques kilomètres au large de Sept-Îles.

Les détails de la «découverte», dont le premier auteur est le géologue de l'Université Laval Patrick Lajeunesse, seront publiés dans le prochain numéro de la revue Meteoritics and Planetary Science. Le cratère est situé juste au sud de l'île de Corossol, dans le golfe du Saint-Laurent, à environ 13 kilomètres en face de Sept-Îles. Elle est bien sûr au fond de l'eau, mais la «petite bête» fait 4 km de diamètre et près de 250 m de profondeur.

«C'est une structure circulaire qui avait déjà été repérée en 2001 par les gens du Service hydrographique du Canada, qui cartographient des fonds marins et des habitats pour le homard et d'autres espèces. Eux ont vu la structure, ils ont trouvé ça intéressant et ont agrandi leur image au sonar, mais depuis ce temps-là, personne n'avait fait d'étude géologique sur le cratère pour en éclaircir les origines», explique M. Lajeunesse lors d'un entretien avec Le Soleil.

Et c'est un exercice qui devait être fait parce que beaucoup de trous en forme de cratères ne sont pas creusés par la chute de météorites, mais par divers processus géologiques. Par exemple, l'érosion souterraine causée par l'écoulement de l'eau dans le sol peut provoquer des affaissements en surface; le passage des glaciers peut également laisser des «cratères» aux endroits où le sol est plus friable.

L'examen mené par M. Lajeunesse et six autres chercheurs laisse toutefois peu de doute : l'impact d'un météorite est de loin l'hypothèse la plus réaliste. La forme du cratère, avec son rebond central, est typique des cratères météoritiques. De même, des relevés sismiques ont permis de voir que le fond marin est très craquelé dans le cratère, mais que les fissures se font plus fines et plus rares à mesure que l'on s'éloigne du centre - ce qui trahit un impact violent. Enfin, les chercheurs ont prélevé des échantillons de sol au fond du cratère, y trouvant notamment des espèces de petites billes de verre qui ne peuvent s'être formées que sous des pressions et des températures extrêmement fortes.

Il manque encore toutefois un morceau important à ce casse-tête : un morceau de météorite. M. Lajeunesse et son équipe n'ont pas pu en trouver parce que leur équipement ne leur permettait pas de forer à plus de 9 mètres sous le fond marin. Or, il y a environ 50 mètres de sédiments qui se sont accumulés au fond du cratère depuis sa formation. Avant d'avoir trouvé cette preuve directe, dit le géologue, il faudra parler d'un cratère météoritique au conditionnel, même s'il y a peu de chance pour qu'il ait une autre origine.

Les chercheurs Guillaume St-Onge de l'UQAR, Jacques Locat de l'Université Laval, Mathieu Duchesne de la Commmission géologique du Canada, Michael Higgins de l'UQAC, Richard Sanfaçon de l'Institut Maurice-Lamontagne et Joseph Ortiz de l'Université Kent State ont également contribué à cette découverte.



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