Comment les chevaux ont-ils perdu leurs orteils ?



L’évolution des équidés est marquée par trois modifications essentielles. Si Hyracotherium vit en milieu forestier et se nourrit essentiellement de feuilles, ses descendants s’adaptent à la vie en plaine et à l’ingestion d’herbacées. Les équidés deviennent alors de plus en plus grands et adaptés à la course. Leurs dents, initialement à couronnes basses, brachyodontes, évoluent en des dents à l’émail complexe et à couronnes hautes (hypsodonthes) : “Une adaptation à la mastication d’herbe, plus abrasive que les feuilles,” analyse le chercheur. Au niveau des pattes, on passe aussi progressivement de quatre orteils, ou plutôt "doigts", chacun muni d’un sabot, chez Hyracotherium, à un seul doigt chez le cheval moderne.

En comparant les os de pied d’équidés modernes avec les fossiles de leurs ancêtres et cousins, les chercheurs ont constaté la fusion des os des mains et des pieds, ainsi que la disparition progressive des doigts. D’après les chercheurs de cette récente étude, la patte d’Hyracotherium ressemblerait à peu près à celle des tapirs actuels : 4 doigts disposés autour d’un coussinet central. Une disposition particulièrement efficace en forêt, sur des sols mous et irréguliers.

“Les fossiles ont révélé qu’il n’y avait que trois orteils par patte. L’orteil supplémentaire, connu sous le nom d’orteil latéral, était plus petit et plus court que chez le tapir”, précise l’équipe de chercheurs dans leur étude. Ainsi, n’était-il probablement pas utile dans des circonstances de marche normale, mais a toutefois pu servir d’appui dans des situations exceptionnelles, telles qu’un glissement ou un impact violent.

Fausse alerte

À mesure que les équidés s'adaptent à la vie en milieu ouvert et à la course, leur pied se modifie. “Il y a à la fois un allongement et une réduction des doigts, en un seul doigt médian, qui correspondrait au majeur chez l’humain,” explique Jean-Philip Brugal. Ce doigt unique est protégé par un sabot bas et large, avec un ongle très développé composé de kératine. Adaptés à la course, les équidés sont également munis d’un amortisseur appelé “fourchette”.

Un précédent article, datant de 2018 et rédigé par la même équipe, relatait de traces relictuelles des doigts latéraux au sein de cette fourchette, malgré l’absence d’os dans cette partie de la patte. Les chercheurs s’appuyaient alors sur Hipparion, un genre éteint d’équidés, daté de 3,5 millions d’années et sur une autre lignée que celle des chevaux modernes. Elle possédait trois doigts, dont l’un allongé et deux latéraux, plus vestigiels, mais aucune fourchette. Les paléontologues en avaient alors déduit que cette dernière, présente chez les chevaux modernes, était un reliquat des doigts latéraux de chevaux comme Hipparion. “En réalité, la fourchette a évolué indépendamment des orteils latéraux, en tant que structure unique offrant une absorption des chocs et une traction pendant la locomotion,” reconsidère le professeur Alan Vincelette, premier auteur de l’étude.


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