Carte génétique de la population québécoise d’ascendance française



Nos gènes peuvent révéler qui nous sommes, mais aussi d’où nous venons ! Grâce aux registres paroissiaux de l’Église catholique, des scientifiques ont réussi à concevoir une carte génétique de la population québécoise d’ascendance française à une résolution encore jamais vue dans le monde ! Leurs résultats ont été publiés dans Science.

Une carte génétique est un modèle généré par ordinateur qui permet de comprendre comment la diversité génétique se répand sur le territoire à travers le temps.

« Le modèle le plus simple pour une population en est un qui n’a pas de barrières spatiales, où chacun choisit au hasard le partenaire avec qui se reproduire, indique Simon Gravel, professeur en génétique humaine à l’Université McGill et un des auteurs de l’étude. Mais dès que l’on commence à prendre en compte le fait qu’en réalité, il est généralement plus facile de voyager dans une direction que dans une autre, on se retrouve avec tellement de paramètres que cela devient difficile à modéliser. »

Sauf au Québec! En effet, les Québécois et Québécoises d’ascendance française, dont les ancêtres se sont surtout établis ici aux 17e et 18e siècles, possèdent une généalogie précise grâce aux paroisses catholiques. « Dans les actes de mariage anglicans, on écrivait le nom de l’homme et de la femme alors que chez les catholiques, on notait aussi celui de leurs parents, explique Simon Gravel. Ce petit détail fait toute la différence! » Seuls quelques peuples dans le monde ont accès à de telles informations.

Les scientifiques ont donc associé des données génétiques (provenant principalement des bases de données CARTaGENE, Genizon et SUVIMAX) et généalogiques (de la base de données BALSAC) – pour comprendre comment cette population s’est distribuée au Québec.

Suivre les cours d’eau
Sans surprise, on voit que les migrations suivent les cours d’eau. Si la ville de Québec s’avère le lieu fondateur principal de cette nation, l’équipe en a tout de même déniché quelques autres d’importance dans certaines régions.

Par exemple, le Saguenay aurait été établi à partir du village de Baie-Saint-Paul et des terres de l’astroblème de Charlevoix. Les dix premiers colons seraient responsables de 37 % de «l’apparentement» (quand deux personnes partagent un ancêtre commun) dans la région !

Saint-Joseph-de-Beauce et la rivière Chaudière ont joué ce rôle pour la Beauce et Rivière-Ouelle fut une pierre d’assise dans le Bas-Saint-Laurent.

Pour s’assurer que cette généalogie rédigée au cours des derniers siècles ne comprenait pas trop d’erreurs, les scientifiques ont simulé la dispersion de la variété génétique et ont comparé ce modèle informatique à ses résultats expérimentaux.

Coup de théâtre, les deux s’agençaient presque parfaitement. « C’est la première fois que cela a été fait, dit Simon Gravel. J’en ai encore des frissons. »

Analyses sophistiquées
Pavel Hamet, professeur à la Faculté de médecine de l’Université de Montréal et spécialiste des questions touchant la génétique, a été impressionné par la sophistication de l’analyse présentée dans l’article scientifique.

Du même souffle, il regrette que l’étude n’approfondisse pas davantage l’aspect pratique de la création d’une telle carte: celui qui a trait aux maladies. « C’est peut-être volontaire d’avoir laissé la pathologie de côté, mais c’est pour la pathologie qu’ils l’ont fait », croit-il.

Son souhait pourrait bien être exaucé. L’équipe désire désormais utiliser la même méthode pour identifier les variants génétiques responsables de maladies tout en évitant les biais pouvant être causés par la géographie et l’environnement.

Une autre preuve que prendre des notes exhaustives est payant !

Trouvé ici.


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