Jusqu’ici, le consensus dictait que le déclin des colonies Vikings au Groenland était dû aux températures extrêmes du petit âge glaciaire. Or, une nouvelle étude, examinant pour la première fois les sols du site où a vécu cette ancienne colonie, apporte une autre hypothèse : c’est une sécheresse, et non pas le froid qui aurait chassé les Scandinaves de ce territoire.
Des anthropologues, historiens et scientifiques ont longtemps cherché à comprendre pourquoi les Vikings, après des centaines d’années de prospérité, ont quitté le Groenland au début du XV siècle. Appelée par les Scandinaves, « colonie de l’Est », la fertilité des terrains groenlandais permettait de planter de l’herbe, qu’ils utilisaient comme pâturage pour leur bétail. Les Vikings ont ainsi prospéré pendant 400 ans et leur population a atteint environ 2000 habitants à son pic.
Des études antérieures avaient estimé qu’une période de froid extrême avait rendu la vie agricole des colonies Vikings insoutenable. Toutefois, ces recherches se sont basées sur des échantillons pris à plus de 1000 kilomètres au nord du lieu colonisé par les Scandinaves. Une nouvelle étude, parue dans la revue Science Advances, a essayé de régler cette erreur méthodologique. « Avant cette étude, il n’y avait aucune donnée sur le site réel des colonies Vikings » signale dans le communiqué, Raymond Bradley, professeur émérite universitaire de géosciences à l’Université du Massachusetts Amherst et l’un des co-auteurs de l’étude.
Quels étaient les conditions climatiques rencontrées par la civilisation viking au Groenland ?
Pour dévoiler ce mystère, les chercheurs de l’Université du Massachusetts ont examiné les variations de climat qui ont frappé les fermes de cette civilisation. Ils se sont donc rendus au Lac, intitulé « Lake 578 », où il y a eu l’une des concentrations majeures de fermes Vikings. Pourquoi examiner les sédiments d’un lac? Parce que leur analyse chimique expose les températures subies par ces sédiments depuis 2000 ans.
Les sédiments du lac ont été analysés avec deux marqueurs différents. Le premier, un lipide nommé « BrGDGTé ». Il a permis de reconstruire les changements de température enregistrés par les sédiments. Le deuxième marqueur est un revêtement cireux qui se trouve sur les feuilles des plantes. Il enregistre le taux d’évaporation d’eau de ces plantes, permettant ainsi de déterminer l’humidité ou la sécheresse enregistrées au long des années.
Le résultat? Les changements de température étaient à peine perceptibles! L’élément qui a marqué les chercheurs était plutôt la sécheresse qui a frappé ces territoires. «Ce que nous avons découvert, c’est que, alors que la température a très peu changé au cours de la colonisation nordique du sud du Groenland, elle est devenue de plus en plus sèche au fil du temps» relate Boyang Zhao, chercheur et auteur principal de l’étude. Les auteurs de l’étude suggèrent que cette sécheresse a affamé le bétail de la civilisation Viking.
Cette étude aide à mieux comprendre un grand mystère de, et montre également comment les facteurs environnementaux peuvent avoir un rôle crucial dans la prospérité ou le déclin des civilisations humaines.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire