La cro-magnonne féministe

Savez-vous comment fonctionne la science? C'est simple: on observe objectivement la réalité, on l'analyse et on laisse nos observations nous mener vers une théorie, que celle-ci nous plaise ou non.

Savez-vous ce qui est le contraire de la science? Commencer avec une idéologie biaisée et interpréter la réalité pour valider notre idéologie de départ.

On en a un bel exemple ici.

Selon cet article, la paléontologie est sexiste:

La femme de Cro-Magnon n'était pas, comme l'ont avancé les paléontologues du 19e siècle, une personne passive dont le seul rôle social était la maternité. 

Vous voyez, dès le départ, on n'est pas dans la science, on est dans la propagande idéologique. 

Les paléontologues n'ont jamais dit que la femme préhistorique était "passive". Au contraire, on a dit qu'elle était très active et qu'elle jouait un rôle primordial dans l'éducation des enfants (ce qui est d'une importance capitale pour la survie de l'espèce) ainsi que dans de multiple autres tâches telles que la cueillette, la préparation des peaux, l'entretien du campement, les soins aux blessés, la spiritualité, etc. Il n'y a rien de "passif" là-dedans.

Pour ce qui est de ce dégoût de la maternité, on voit bien ici l'application de l'idéologie féministe moderne à la lecture du passé. Pour cette auteure, le soin des enfants est quelque chose qu'il faudrait mépriser, quelque chose de réducteur, quelque chose qui empêche les femmes de s'épanouir et de réaliser leur potentiel.

Or, pour nos ancêtres préhistoriques, le contraire était assurément vrai. Nos aïeules voyaient ce rôle dans toute sa beauté et sa noblesse. Rien n'était plus important. Après tout, sans elles, notre espèce se serait éteinte depuis longtemps.

Je suis enseignant et je consacre ma vie aux enfants. Je n'y vois absolument rien qui mérite le mépris. Les enfants ne m'empêchent pas de m'épanouir comme être humain, bien au contraire.

Mais que nous dit le féminisme moderne? Simple, le message est le suivant: être mère, c'est nul. Pour être un membre respectable de la société, il faut être sur le marché du travail. Sans quoi, t'es une cruche. Tes enfants, tu dois les balancer à la garderie le plus vite possible et retourner travailler. Si tu ne le fais pas, tu ne te respectes pas toi-même. Tu es exploitée. Tu es une esclave. Une victime du patriarcat.

Et que fait l'auteure de cet article? Elle prend ses perceptions modernes, complètement distordues par son idéologie féministe, et elle les applique sans réfléchir à des gens qui vivaient au sein de tribus préhistoriques il y a des milliers d'années.

Complètement ridicule. Et antiscientifique.

Pas grave! C'est féministe, alors ce doit forcément être vrai! Accordons-lui une entrevue sur les ondes de Radio-Canada!

Les recherches actuelles, entamées dans les années 1970, montrent qu'elle a pu être chasseuse à ses heures et qu'elle n'était pas confinée à la satisfaction sexuelle des hommes, selon la philosophe et historienne des sciences Claudine Cohen.

Tout d'abord, pour ce qui est de la chasse, personne n'a jamais dit qu'aucune femme n'a jamais chassé dans l'histoire de l'humanité. Il n'y a pas d'absolus en sciences humaines. Ce que démontrent les études, c'est que la chasse est une occupation traditionnellement masculine. Évidemment que pendant la préhistoire de notre espèce qui a duré des centaines de milliers d'années, il y a bien dû y avoir des femmes qui ont chassé! Mais elles ne constituaient pas la majorité.

Mais voilà, ce que révèle cette phrase, c'est que dans l'esprit de l'auteure, les tâches traditionnellement masculines sont nécessairement enviables et glorieuses tandis que celles qui sont traditionnellement féminines sont nécessairement méprisables. Pour elle, il n'y a donc rien de prestigieux à être une mère, mais être un chasseur, alors là, ça c'est formidable! 

Or, dans la réalité, la chasse était  une occupation exigeante, épuisante et extrêmement dangereuse que la vaste majorité des femmes de l'époque devaient être très heureuses d'éviter. Les études abondent qui démontrent que, chez notre espèce, ce sont les mâles qui aiment davantage prendre des risques tandis que la plupart des femelles privilégient la sécurité. Cela se traduit de multiples façons. Vous n'avez qu'à penser à votre dynamique de couple pour en être convaincus. 

En ce qui a trait à être "confinée à la satisfaction sexuelle des hommes", là, vraiment, on tombe à pieds joints dans le délire. Les paléontologues n'ont jamais affirmé une chose pareille et je n'ai jamais lu un livre ou un article scientifique à propos des sociétés de chasseurs-cueilleurs qui avance une thèse aussi loufoque. 

L'auteure se crée un homme de paille, un adversaire imaginaire, pour mieux le pourfendre. On croirait voir Don Quichotte à l'assaut d'un moulin à vent.

Or, bien évidemment, dans la réalité, nos ancêtre féminines ne constituaient pas un cheptel de femelles maintenu en captivité pour le plaisir sexuel de nos ancêtre masculins. Aucun chercheur n'a jamais affirmé quelque chose d'aussi ridicule. Les femmes jouaient un rôle absolument primordial au sein du clan. Le fait que leurs occupations quotidiennes différaient souvent de celles des hommes ne signifient pas qu'elles avaient moins de valeur ou qu'elles étaient moins respectées. Bien au contraire.

Les hommes et les femmes sont différents de multiples façons, tant physiquement que psychologiquement. C'est ce qui nous rend si redoutablement efficaces lorsque nous collaborons et que nous valorisons les habiletés de chacun. C'est ça qui est au coeur de l'expérience humaine et non pas une domination d'un sexe sur l'autre, comme voudrait le croire cette dame.

« Ce que l’archéologie et la paléontologie nous ont raconté sur les sociétés primitives du paléolithique a complètement occulté la femme, donnant le beau rôle exclusivement aux hommes », dénonce Claudine Cohen, auteure de deux livres sur le sujet. Particulièrement en France, selon elle, les chercheurs ont appliqué à leur travail des grilles d’analyse «exclusivement masculines».

Ironiquement, Madame se rend coupable de ce qu'elle accuse les hommes d'avoir fait. 

Elle applique sa grille d'analyse féministe à la paléontologie. Et le résultat est bien évidemment plus près de la propagande que de la réalité.

Est-il possible que le fait que la majorité des archéologues et des paléontologues soient des hommes ait créé certains angles morts dans leur interprétation des données et que la contribution de femmes à ces recherches permettent le pallier à cela? Bien sûr! Tant que ces femmes demeurent fidèles à la méthode scientifique!

Mais ce n'est clairement pas ce que fait Madame Cohen. Encore une fois, elle qualifie les occupations traditionnellement masculines de "beau rôle". C'est son jugement à elle, ça, et il est motivé par son idéologie féministe. Ce n'est pas de la science, c'est de la propagande.

Seule une féministe moderne comme elle est capable de ne voir rien de "beau" dans le rôle primordial et extraordinaire joué par nos ancêtres féminines dans l'éducation des enfants et la survie de l'espèce.

Or, depuis les années 1970, grâce à l’apport de spécialistes américains, la préhistoire au féminin est mieux connue. «Des mouvements féministes américains ont permis d’entreprendre des études sur la femme sapiens, explique Claudine Cohen. Dans une perspective militante, c’était important de prouver le pouvoir de la femme de Cro-Magnon, dont la femme émancipée d’aujourd’hui suit fièrement les traces.»

Regardez le vocabulaire utilisé.

Dans une PERSPECTIVE MILITANTE, il faut prouver LE POUVOIR de la femme de Cro-Magnon.

Ce n'est pas de la science. C'est de la propagande féministe.

On n'essaie pas de décrire la réalité. On essaie d'instrumentaliser l'histoire à des fins idéologiques.

Tragique.

«L’une des nouvelles données que nous connaissons, indique Claudine Cohen, est que la femme sapiens n’était pas enceinte en quasi-permanence, comme on a pu le croire jadis. La recherche actuelle nous permet d’imaginer que les naissances étaient plus espacées, ce qui laissait du temps personnel à la femme. Elle pouvait aller à la chasse. Voilà qui démolit les idées reçues.»

Fausse conclusion.

En quoi le fait que les naissances étaient plus espacées est-il une preuve que les femmes chassaient?

N'importe quoi. Pas l'ombre de processus scientifique ici. Juste du fantasme.

Les femmes qui n'étaient pas enceintes ou qui n'avaient pas de nourrissons auraient pu se consacrer à mille occupations autres que la chasse. Elles auraient pu s'occuper collectivement des enfants du clan. Elles auraient pu prendre soin de leurs compagnes enceintes, âgées ou malades. Elles auraient pu préparer les peaux. Elles auraient pu s'adonner à la poterie. Elles auraient pu voir au bon fonctionnement du camp. Elles auraient pu rendre la justice en cas de dispute. Elles auraient pu étudier les plantes de la région afin de découvrir lesquelles ont des propriétés médicinales. Elles auraient pu s'occuper de la diplomatie entre clans. La liste est interminable.

Mais la seule possibilité qui intéresse cette auteure, c'est de nous convaincre qu'elles devaient forcément chasser. Parce que pour elle, seules les occupations traditionnellement masculines sont respectables.

L’étude des sociétés de chasseurs-cueilleurs encore en activité aujourd’hui sert souvent de point d’appui pour mieux analyser les fossiles de la préhistoire qui sont à notre disposition.

Nommez-moi une société de chasseurs-cueilleurs actuelle dans laquelle ce sont majoritairement les femmes qui s'occupent de la chasse. Ou même une société où les femmes constituent la moitié des chasseurs.

Je ne suis pas exigeant, une seule me satisfera pleinement.

Non?

Rien?

Tiens donc... tant pis pour les preuves scientifiques!






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