Après celle de Claudine Cohen, voici une autre tentative de jeter un regard "féministe" sur la préhistoire de notre espèce.
Les résultats seront-ils plus heureux? C'est ce que nous verrons.
Extraits de cet article:
Pendant la Préhistoire, les femmes aussi chassaient de grands mammifères, peignaient sur les parois des grottes et partaient en guerre. C’est la préhistorienne Marylène Patou-Mathis qui l’affirme, preuves à l’appui et société patriarcale dans le viseur avec son livre L’homme préhistorique est aussi une femme.
Et quelles sont ces soi-disant preuves? Pour l'instant, aucune idée.
Toutefois ce qui est clair dès le départ, c'est que l'auteure a un biais idéologique féministe. On le voit tout de suite lorsqu'on affirme qu'elle a la "société patriarcale dans le viseur".
Alors? C'est une scientifique ou une militante?
Continuons notre lecture pour le découvrir.
(...) «Non, les femmes préhistoriques ne consacraient pas tout leur temps à balayer la grotte et à garder les enfants en attendant que les hommes reviennent de la chasse», affirme Marylène Patou Mathis, préhistorienne et directrice de recherche au CNRS.
Évidemment. Aucun chercheur sérieux n'a jamais affirmé le contraire. Madame Patou Mathis invente des arguments loufoques dans le but évident de caricaturer et de ridiculiser les gens qui ne sont pas d'accord avec elle.
Nos ancêtres féminines ont joué un rôle absolument primordial au sein des clans. Et ce n'est pas parce qu'elles s'occupaient de tâches différentes de celles des hommes que cela signifie qu'elles avaient moins de valeur, moins de prestige, moins de pouvoir ou moins d'importance. En fait, le contraire est assurément vrai.
De plus, on voit bien ici poindre le mépris des féministes modernes à propos du soin des enfants. Or, il n'y a rien de méprisable là-dedans. Je suis enseignant et je consacre ma vie aux enfants. Je le fais depuis presque un quart de siècle et je n'y vois absolument rien qui justifie le mépris de Madame Patou Mathis. Il me semble évident que les jeunes sont ce que nous avons de plus précieux et je considère mon travail comme l'un des plus nobles qui soit. Il en allait sans doute de même pour nos ancêtres, avant que l'idéologie féministe vienne tenter de nous convaincre du contraire.
(...) elle (...) est aussi une femme, un essai qui raconte une (pré)histoire débarrassée des préjugés sexistes qui l’ont construite et qui s’appuie sur les nouvelles découvertes archéologiques.
Avant de débarrasser la préhistoire de ses préjugés sexistes, encore faudrait-il qu'elle démontre que ces préjugés existent. Cela devrait être la première étape.
Puis, une fois cela accompli, il faudrait qu'elle nous offre une description de la vie de nos ancêtres qui se rapproche davantage de la réalité. Cela devrait être la deuxième étape.
Ce n'est pas en remplaçant les soi-disant préjugés "sexistes" par des préjugés "féministes" qu'on se rapprochera de la réalité.
(...) Je me suis aperçue au cours de mes années de recherche que la place des femmes dans les sociétés préhistoriques était méconnue, le sujet peu traité.
J'ai beaucoup lu sur le sujet et je ne suis pas d'accord. J'ai vu de multiples références aux rôles des femmes dans les sociétés préhistoriques de chasseurs-cueilleurs.
Si Mme Patou Mathis est incapable de quantifier ses dires, si elle n'a pas d'exemples, de statistiques ou de preuves concrètes à nous offrir, alors on est dans l'interprétation. On est dans l'impression. On n'est pas dans l'objectivisme scientifique.
Non seulement le vocabulaire évince totalement la question de leur rôle à cette période – on parle de « l’Homme préhistorique », du « musée de l’Homme », de « l’évolution de l’Homme » plutôt que d’« humains » – ;
Première preuve concrète que le travail de Mme Patou Mathis n'est pas scientifique, mais plutôt militant.
Quiconque possède un minimum de culture sait bien que traditionnellement, l'utilisation du mot "Homme" avec une majuscule fait référence à toute la race humaine, incluant les femmes. Même enfant, lorsque je visitais Terre des Hommes avec mes parents, je comprenais très bien qu'il était question de toute l'humanité et que cela n'excluait nullement les femmes. Ni les enfants, d'ailleurs.
Mais voilà, Mme Patou Mathis est féministe, alors elle veut nous faire croire que cet usage signifie qu'on ne s'intéresse pas aux femmes. Or, c'est faux. Et c'est de la mauvaise foi.
Je pourrais jouer à ce petit jeu moi aussi. Je pourrais affirmer, par exemple, que puisque le mot "femme" est exclusif aux femmes, mais que le mot "Homme" n'est pas exclusif aux hommes, que cela signifie qu'on considère les femmes comme étant spéciales et dignes de leur propre mot exclusif. Tandis que les hommes, eux, n'ont pas de mot qui les décrit exclusivement, ce qui signifie qu'on les considère moins importants, comme s'ils ne pouvaient pas être étudiés séparément des femmes.
Vous voyez comme c'est facile d'inventer des âneries quand on veut voir du sexisme et de la discrimination partout, jusque dans les mots?
En passant, si le sujet du soi-disant "sexisme" de notre langue vous intéresse, je vous réfère à cette fascinante entrevue avec le linguiste Alain Bentolila.
Mais revenons à nos moutons. Oups, désolé, je veux dire, revenons à nos brebis. Pardonnez mon sexisme!
(...) Mais sur le plan culturel, l’idée que l’homme est l’auteur de toutes les inventions majeures (outils, feu…) est dominante. De plus, les actions supposées masculines, comme la taille du silex, la chasse ou la peinture, ont été valorisées. La plupart des représentations dans les films ou dans les reconstitutions, hormis quelques exceptions, donnent par exemple une image exclusivement masculine des peintres de Lascaux. Or pourquoi seraient-ils uniquement des hommes ? Personne n’a pris une photo qui montre qu’eux seuls tenaient le pinceau en poils de blaireau.
Ah, alors on ne parle plus des études scientifiques. On parle de la culture populaire. On n'est plus dans les sciences. On est dans la lutte militante. Ça a le mérite d'être clair, pour une fois.
Mais qu'en est-il des affirmations faites ici? Allons-y méthodiquement.
Est-il inexact d'affirmer que la plupart des chasseurs préhistoriques étaient des hommes? D'après toutes les études sérieuses que j'ai lues, tant sur les sociétés de chasseurs-cueilleurs que sur la psychologie humaine, pas du tout. Cela ne signifie pas qu'aucune femme a jamais chassé. Cela signifie que la plupart des gens qui s'adonnaient à cette activité étaient des hommes.
Est-il inexact d'affirmer que la plupart des gens qui s'adonnaient à la taille du silex étaient des hommes? Peut-être, toutefois ce que l'on sait à propos de la psychologie humaine tend à le confirmer. Différentes études et méta-analyses illustrent cette constatation bien connue: «les hommes et les choses, les femmes et les personnes.» En effet, les femmes sont généralement plus intéressées par le contact humain et les hommes, par la mécanique des choses. Selon ces méta-analyses, il existe des différences qui favorisent les hommes au niveau de l’ingénierie, des sciences et des mathématiques.
Est-il inexact d'affirmer que la plupart des gens qui s'adonnaient à la peinture étaient des hommes? Tout à fait possible. Il serait intéressant qu'on étudie les traces de mains que l'on retrouve souvent dans l'art rupestre. Mesurer ces traces pourrait peut-être permettre de déterminer si ce sont des mains de femmes ou d'hommes et de voir si un sexe est plus représenté que l'autre.
Voilà ce qui manque à la démarche de Mme Patou Mathis: des preuves objectives qui nous informent à propos de la réalité. Toutefois, on voit bien que ce n'est pas ce qui l'intéresse vraiment. Sa démarche n'est pas scientifique, elle est militante. Elle veut valider son idéologie, pas décrire la réalité.
(...) il n’y a pas de raisons, ni physiologiques ni intellectuelles, qui excluraient d’office les femmes de certaines activités.
Qui les en exclueraient complètement? Effectivement, je suis d'accord.
Toutefois, les différences entre les hommes et les femmes, tant physiques que psychologiques, existent bel et bien. Et ces différences prédisposent les membres d'un sexe à certaines activités plus qu'à d'autres. Cela se vérifie dans toutes les cultures: certaines occupations attirent davantage les hommes et d'autres intéressent davantage les femmes. C'est ça la réalité.
Mais ce n'est pas exclusif, évidemment. Seuls les fanatiques voient tout en absolus et seuls les ignares croient que tout est noir ou blanc.
(...) Non seulement on présuppose que les femmes faisaient telles activités et pas telles autres, mais en plus, on a hiérarchisé les tâches supposées masculines en les rendant plus nobles que les féminines.
Les seules qui ont dépouillé l'ultime activité féminine (la maternité) de sa noblesse, ce sont les féministes. Ce sont elles qui la méprisent, qui répètent aux femmes que pour se réaliser pleinement comme êtres humains, elles doivent balancer leur nourrisson à la garderie le plus rapidement possible et retourner sur le marché du travail. Ce sont elles qui méprisent les femmes qui restent à la maison et qui les décrivent comme des esclaves opprimées et des idiotes qui n'accomplissent rien d'important.
Encore tout récemment, on déclarait que le fait que davantage de femmes s'occupent de leurs enfants pendant la pandémie de COVID-19 représentait un "RECUL" pour elles!
Bref, Mme Patou Mathis fait de la projection, ici.
(...) On s’est aperçus par exemple, grâce à des études réalisées sur plus de 1000 squelettes, que les femmes préhistoriques d’Europe centrale étaient aussi robustes que les championnes actuelles de lancer de poids ou de javelot. Ce qui indique qu’au Néolithique, les femmes s’occupaient des tâches liées à l’agriculture, tâches très physiques comme le broyage des grains à l’aide de lourdes meules.
Rien d'étonnant ici. Et je n'ai jamais lu d'études qui affirmaient que les femmes étaient des êtres oisifs qui se prélassaient au soleil pendant que les hommes faisaient tout.
Quel étrange argumentaire... avec qui Mme Patou Mathis débat-elle exactement? Qui tient les propos qu'elle dénonce? C'est comme regarder Don Quichotte attaquer des moulins à vent.
(...) Le partage des tâches apparaît plus complémentaire qu’on ne le pensait et elles devaient se répartir plus en fonction des aptitudes de chacun que du genre.
Possible, mais il ne suffit pas d'affirmer quelque chose simplement parce que cela nous conforte dans nos biais idéologiques! Encore faut-il le prouver.
De plus, cela ne signifie pas que les hommes ou les femmes n'étaient pas majoritaires dans la pratique de certaines tâches.
Par exemple, il est faux d'affirmer que tous les enseignants de primaire sont des femmes, j'en suis la preuve vivante. Toutefois, il faut être aveugle pour ne pas constater que la vaste majorité des gens qui choisissent ce métier sont des femmes.
C'est ça la réalité.
(...) L’histoire des guerrières est aussi révélatrice du biais sexiste incrusté dans les imaginaires. Je donne dans mon livre l’exemple d’une tombe Viking datant du Xème siècle qui renfermait un squelette inhumé avec des armes, deux chevaux et un plateau de jeu de stratégie. (...) Sans certitude, le bassin était mal conservé, le squelette avait été attribué à un homme. En 2017, l’analyse ADN a prouvé qu’il s’agissait d’une femme, une cheffe de guerre !
Encore une fois, le fait de découvrir UNE femme qui a été inhumée comme une guerrière ne vient pas contredire l'affirmation que la guerre était une activité très majoritairement masculine.
Toutes les études démontrent que les hommes y sont bien davantage prédisposés que les femmes. Par exemple, les hommes prennent plus de risques, ils font preuve de moins d'agréabilité, ils sont plus compétitifs, ils préfèrent l'action à la parole, ils sont capables d'une plus grande agressivité, etc.
Ne tombons pas dans la caricature. Cela ne signifie pas que tous les hommes sont des tueurs sanguinaires, ni qu'aucune femme n'a jamais pris part à une guerre. Cela signifie simplement que la guerre est une activité qui a probablement toujours attiré bien davantage d'hommes que de femmes. C'est certainement ce qui a été observé dans toutes les sociétés humaines depuis des siècles.
Il n'y a pas de sexisme là-dedans, c'est simplement un constat de la réalité telle qu'elle est, que cela nous plaise ou non.
(...) Je suis d’accord avec Françoise Héritier et Simone de Beauvoir : le système patriarcal, en infériorisant les femmes, les a maintenues sous dépendance, en a fait des subordonnées pendant une grande période de l’Histoire.
C'est son interprétation féministe, mais de multiples autres interprétations sont possibles.
On n'est pas dans la science ici, on est dans la propagande idéologique.
Mais contrairement à elles, je ne suis pas convaincue que ce système existait dès les origines. Le système patriarcal n’est pas naturel ou inscrit dans nos gènes, mais culturel. Il n’y a donc pas de déterminisme, ce qui est plutôt une bonne nouvelle, car il peut être remplacé par un autre système plus équitable, plus équilibré entre les deux sexes.
D'après ce que j'ai lu, je peux confirmer que les sociétés préhistoriques ne semblent pas avoir été patriarcales.
Et j'ajouterai que je ne crois pas que le terme "patriarcat" soit approprié pour décrire la plupart des sociétés humaines, et certainement pas la civilisation occidentale moderne.
Et lorsque le sujet de "matriarcat" est soulevé, regardez la réponse de Mme Patou Mathis:
(...) Je préfère l’expression « système matrilinéaire » (...). Dans le système matrilinéaire, les femmes ont un rôle essentiel parce que ce sont elles qui assurent la pérennité des clans en tant que mère et la transmission des savoirs et des savoir-faire.
Voyez-vous le biais idéologique évident?
Mme Patou Mathis n'hésite pas à parler de patriarcat sans la moindre nuance et à décrire ce système comme une monstruosité qui opprime les femmes.
Mais lorsqu'il est question de matriarcat, elle propose un terme plus neutre et n'y voit plus que du positif!
Un monde dirigé par les hommes ne peut être que monstrueux. Un monde dirigé par les femmes ne peut être qu'admirable.
Tout le biais idéologique féministe est là.
(...) Il faut changer le regard sur la Pré-Histoire et l’Histoire. Aujourd’hui, dans tous les domaines, nous voyons des femmes sortir de l’ombre. En fait, elles resurgissent car elles étaient bien présentes dans le passé mais gommées ou négligées par les préhistoriens et les historiens en particulier du XIXème siècle.
Mme Patou Mathis a au moins la franchise d'avouer qu'il faut remonter au XIXe siècle pour trouver du "sexisme" dans l'étude de la préhistoire.
Ce faisant, elle avoue également que ce n'est plus le cas, que les choses ont bien changé depuis et donc qu'elle est en guerre contre des gens morts depuis plus d'un siècle.
Difficile d'imaginer plus futile combat.
(...) Il faut remplacer les présupposés et préjugés par des faits réels et vérifiés.
Hahahaha! Par chance, l'ironie n'est pas mortelle! Autrement, Mme Patou Mathis se serait effondrée après avoir prononcé ces paroles!
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