Le mastodonte du baron de Longueuil




Extraits de cet article de John McKay:


L'une des premières découvertes importantes d'os de mastodonte s'est produite en 1739 à un endroit appelé Big Bone Lick, dans le Kentucky, à quelques kilomètres en aval de l'emplacement actuel du ridicule musée du créationnisme de Ken Ham à Covington. 

Ce n'était pas la première découverte européenne d'os de mastodonte, mais c'était la première à recevoir une attention scientifique sérieuse en Europe. 

(...) En 1739, une petite armée française accompagnée de leurs alliés indiens a voyagé de Québec à la Louisiane pour faire la guerre aux Indiens Chickasaw. Leur route les fit descendre les fleuves Ohio et Mississippi jusqu'à un endroit près de l'actuelle ville de Memphis où ils devaient rencontrer une deuxième armée venant de la Nouvelle-Orléans. 

À mi-chemin de l'Ohio, ils campèrent à l'embouchure d'un petit ruisseau. Un peu plus loin en amont, ils ont trouvé de gros os. Ils ont ramassé quelques ossements et, après la campagne, les ont envoyés à Paris. 

Cette histoire a été répétée, embellie, corrompue et déconstruite pendant près de trois siècles. En utilisant des documents qui ont été largement ignorés jusqu'à présent, j'espère éclaircir quelques points et apporter ma propre version de la découverte (...) 

Lorsque Jean-Baptiste Le Moyne de Bienville, le fondateur de la Nouvelle-Orléans, a tenté d'exercer une réelle puissance française sur le Mississippi, il a trouvé son chemin bloqué par la nation Chickasaw qui était installée entre Natchez et Mobile et qui s'étendait sur une zone beaucoup plus grande à l'est de la rivière. Les Chickasaws avaient déjà établi une relation commerciale avec les marchands britanniques des Carolines. 

Après plusieurs années de raids et de contre-raids, Bienville a décidé de mettre fin une fois pour toutes au problème. En 1736, il leva une armée à la Nouvelle-Orléans qui devait coordonner son attaque contre les villages des Chickasaws avec une seconde armée envoyée du pays des Illinois. Les Chickasaws vaincurent séparément les deux armées. 

Sans se décourager (...) Bienville écrit à Paris pour obtenir du soutien. Paris lui a donné tout ce qu'il voulait. Le gouvernement a envoyé des canons, des mortiers, des grenades, des milliers de livres de poudre et de fusils et cinq cents soldats. Ils ont également ordonné qu'une autre armée plus importante soit levée à Québec pour avancer du nord sous le commandement du neveu de Bienville, Charles Le Moyne de Longueuil. C'est cette expédition qui a trouvé les os à Big Bone Lick.

Cette campagne contre les Chickasaws fut un autre échec. Les canons sont restés coincés dans la boue, les animaux de trait sont morts, les soldats français sont tombés malades, les conscrits ont déserté et les Iroquois, qui constituaient la moitié de l'armée de Longueuil, ont fait une paix séparée avec les Chickasaws après avoir échangé des cadeaux de fromage et de poterie. 

Au début de l'été 1740, Bienville annula la campagne. Lui et Longueuil ont libéré leurs troupes pour rentrer chez eux. (...) Longueuil descendit le Mississippi jusqu'à la Nouvelle-Orléans avec son oncle. De là, il raccompagna un bateau en France. Une fois à Paris, il fit don des ossements au Cabinet du Roi (le musée royal).



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