Le cratère Manicouagan aura-t-il «son» extinction de masse?



Extraits de cet article du Soleil:

La météorite qui a ouvert l'énorme cratère Manicouagan - 90 km de diamètre, sixième plus grande trace d'impact au monde - sur la Côte-Nord il y a 215 millions d'années, aurait-elle causé une extinction de masse?

Jusqu'à maintenant, on ne lui en connaissait aucune (...) Mais une équipe de chercheurs japonais vient peut-être de mettre le doigt dessus...

(...) une équipe (...) dit avoir trouvé plusieurs signes suggérant qu'à tout le moins, l'impact cataclysmique aurait profondément et durablement bouleversé les écosystèmes marins de l'époque.

Les chercheurs ont trouvé une couche géologique de 4 à 5 cm d'épaisseur dans des sédiments du Pacifique qui date de 215 millions d'années et qui porte des signes patents d'un impact de grande échelle - pic soudain dans l'abondance de certains éléments (ici des éléments de la «famille» chimique du platine), microsphérules se formant à de très hautes températures, etc. Onoue et ses collègues ont examiné les sédiments qui se sont déposés par-dessus, au large du Japon, plus particulièrement à la recherche des squelettes microscopiques en silice que laissent derrière eux certains types de plancton appelés radiolaria ou radiolaires.

Résultat: avant l'impact, ces radiolaires déposaient tous les 1000 ans environ 0,1 gramme de squelettes par centimètre carré de fond marin, mais leur «productivité» s'est écroulée de 80 à 90 % immédiatement après le choc, et ce, pour environ 300 000 ans. La productivité générale de silice biogénique (il n'y a pas que les radiolaires qui en sécrètent) s'est elle aussi écroulée pour quelques dizaines de milliers d'années. Et, fait intéressant, les taux d'extinction des radiolaires ont littéralement explosé après l'impact - mais leur taux de spéciation, soit le rythme auquel de nouvelles espèces de radiolaires apparaissent, s'est lui aussi décuplé en même temps, ce qui a compensé.

Bref, la météorite a non seulement «tapé fort», elle pourrait aussi avoir complètement chamboulé la vie sur la planète.

Cela dit, cependant, on va quand même se garder une petite gêne pour l'instant, puisque ledit bouleversement n'a encore été observé que dans des échantillons au large du Japon. Mais si le même genre d'effet était documenté ailleurs sur la planète, cela deviendrait très intéressant. L'extinction de masse qui a marqué la fin du Triassique (- 252 à - 201 millions d'années) s'est étirée sur environ 15 millions d'années, notent les auteurs de l'étude, et a suivi une courbe en escalier plutôt que de survenir d'un seul coup, comme à la fin du Jurassique (la fin des dinosaures). L'impact de Manicouagan pourrait donc, si cette thèse se confirme, avoir en quelque sorte marqué le proverbial «début de la fin».



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