Les nouvelles aventures d’Homo naledi
Plutôt que publier dans une revue scientifique l’anthropologue Lee Berger a préférer se mettre en scène dans les nouvelles trouvailles d’Homo naledi : il utilisait le feu pour cuire et s’éclairer
Les premières découvertes d’Homo naledi datent de 2013 dans le réseau de grottes Rising Star en Afrique du Sud. Ces grottes sont particulièrement étroites et il n’était pas facile de pénétrer au fond de la cavité. A l’époque, seuls des chercheurs de petits gabarit avait réussi à progresser dans des boyaux ne dépassant pas, par endroit, les 17,5 cm de large.
La quantité d’ossements (1 500) et leurs particularité anatomiques ont permis aux chercheurs de définir une nouvelle espèce qui vivait il y a 300 000 ans.
Cette petite espèce d’hominidés mesurait 150 cm de moyenne pour un poids de 45 kg. Il avait ceci de particulier de mélanger des traits primitifs (de bras et des épaules de grands singes, un petit cerveau de 520 cm3), et des traits plus modernes (comme de longues jambes proportionnellement à son corps).
Une nouvelle découverte qui n’est pas encore publiée
Au cours de la dernière décennie, seules 47 personnes – toutes petites et légèrement bâties – avaient réussi à accéder à la chambre Dinaledi où les fossiles de H. naledi ont été découverts pour la première fois. A part l’énorme quantité d’ossements les chercheurs n’avaient pas trouvé d’autre éléments comme des restes de faune, de l’industrie lithique ou des éléments de torches.
Les équipes ne comprenaient pas comment et pourquoi les Homo naledi avaient pu arriver aussi dans les galeries.
Lee berger a décidé de pénétrer lui-même dans le dédale de galeries. Avec sa taille de 1,88 et son gabarit il a fallu qu’il perde 25 kilos pour se faufiler dans le réseau. Lorsque Berger est entré dans la chambre Dinaledi, il s’est rendu compte qu’il y avait des zones noircies et des particules de suie sur le plafond de la cavité. « Tout le toit de la chambre est brûlé et noirci« .
Au même moment, dans une autre partie du réseau de grottes de Rising Star, le chercheur Keneiloe Molopyane , lui aussi de l’Université du Witwatersrand, a découvert un minuscule foyer avec des os d’antilope brûlés, et un grand foyer à 15 cm sous le sol de la grotte. Puis, dans une autre zone appelée la chambre Lesedi, Berger a trouvé un empilement de roches brûlées, avec à la base des cendres et des os brûlés.
Si cette découverte est confirmée c’est une avancés importante dans la recherche. En effet cet hominidé au petit cerveau n’était pas sensé entretenir et utiliser des foyers dans un réseau de grottez. « Bien que nous ayons des preuves que les anciens humains vivant dans ce qui est aujourd’hui le Kenya pouvaient contrôler le feu il y a 1,5 million d’années , cette capacité est généralement associée à l’Homo erectus au cerveau plus gros « , explique Lee Berger.
Homo naledi en explorateur avec torche pour cuisiner au fond des grottes ?
Il extrapole sur la culture d’Homo naledi qui semble avoir utilisé l’espace de manière séparée, avec « l’élimination des corps dans un espace et la cuisson des animaux dans les espaces adjacents« , explique Berger. « La capacité de fabriquer et d’utiliser le feu nous montre enfin comment Homo naledi s’est aventuré si profondément dans des espaces dangereux et explique comment ils ont pu déplacer leurs parents morts dans de tels espaces » ce qui est probablement impossible sans source lumineuse.
Ces allégations ne tiennent bien sûr que si les datations confirment la contemporanéité des foyers et de la suie sur les parois de la grotte avec le passage d’Homo naledi. Par ailleurs les chercheurs devront expliquer comment les hominidés ont réussi à respirer avec autant de foyers et donc de fumée dans des passages aussi étroits.
Une petite controverse… et des réseaux sociaux
Les restes calcinés sont toujours en cours de datation, de sorte que la décision d’annoncer la découverte de foyers lors d’une conférence le 1er décembre, avant la publication de l’analyse scientifique formelle, s’est avérée controversée.
« Il est impossible d’évaluer correctement les affirmations de Lee Berger sans pouvoir étudier toutes les preuves, mais apparemment, cela est à venir« , déclare Chris Stringer (Natural History Museum de Londres). « Avec tout le respect que je dois à Lee et à ses équipes pour une série de grandes découvertes, ce n’est pas la façon de mener la science ou de faire avancer le débat scientifique sur des découvertes potentiellement très importantes. »
Cependant, pour Francesco d’Errico de l’Université de Bordeaux en France, la découverte que H. naledi aurait pu contrôler le feu pourrait donner un aperçu de la façon dont ils traitaient leurs morts et leur organisation sociale.
Après la conférence de presse Lee Berger a tweeté: « Alors, J’ai un aveu terrible et honteux. Les foyers. Ce n’est pas la grande découverte dont j’ai tweeté. Il y en a une plus grande. En fait, il y en a trois plus grandes que le feu à venir. Désolé. »
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