Titre : Bothriolepis canadensis
Auteur : Parc national de Miguasha
Sources : Parc national de Miguasha
Description :
Plaques thoraciques d’un spécimen de Bothriolepis canadensis. L’on comprend facilement que ce poisson a déjà été confondu avec une tortue !
Extraits de cet article:
Mystérieux poissons préhistoriques, les placodermes ont, pendant la première moitié du 19ème siècle, été confondus à maintes reprises avec des tortues et autres animaux cuirassés. Parmi les premiers animaux à mâchoires, ils n’ont aucun représentant de nos jours, ce qui explique certaines interprétations erronées quant à leurs formes inusitées. En gros, les placodermes se distinguent surtout par le fait que leur tête, leur thorax, et parfois leurs nageoires pectorales, sont recouverts d’une épaisse armure de grosses plaques osseuses.
Relativement facile à fossiliser, cette cuirasse est bien souvent tout ce qu’on retrouve de l’animal, la queue et les nageoires postérieures étant faites de tissus trop délicats pour se conserver. D’où la confusion lorsqu’on tenta d’identifier les premiers placodermes découverts.
(...) Les placodermes sont apparus au tout début du Silurien, mais ne sont devenus communs qu’au début du Dévonien. Ils ont connu à ce moment une extraordinaire radiation adaptative qui leur a fait conquérir toutes les niches écologiques aquatiques, allant du grand prédateur au petit poisson de fond filtrant les sédiments pour se nourrir. Les placodermes semblent n’avoir été que partiellement affectés par la grande extinction de masse de la fin du Frasnien, mais ils ont subitement disparu sans laisser de descendants à la frontière Dévonien-Carbonifère.
Bien qu’équipés de plaques osseuses solides en surface, leur squelette interne était cartilagineux comme celui des requins - on prête d’ailleurs une origine commune aux deux groupes -, ce qui explique la difficulté de trouver l’arrière du corps bien conservé. Mais lorsque c’est le cas, comme parfois à Miguasha, on distingue une queue épicerque, avec un lobe principal pointant vers le haut, une nageoire dorsale unique et quelquefois les points d’attache de nageoires pelviennes.
(...) Pendant 50 millions d’années, ils ont dominé les eaux du Dévonien, aussi bien salées, saumâtres que douces. Ce n’est qu’à leur disparition que les requins ont pu commencer leur diversification et devenir à leur tour les grands prédateurs des mers.
De tous les groupes de placodermes, deux sont présents à Miguasha, les antiarches et les arthrodires. Dans les deux cas, la Formation d’Escuminac, fidèle à elle-même, a livré des spécimens étonnamment bien conservés.
LES ANTIARCHES
Titre : Reconstitution de Bothriolepis canadensis
Auteur : Illustration de François Miville-Deschênes
Sources : Parc national de Miguasha
Description :
Le premier poisson découvert à Miguasha en 1842, Bothriolepis fut d’abord attribué à une tortue. Il s’agit plutôt d’un poisson primitif, un placoderme appartenant au groupe des antiarches. Sa tête, son thorax et même ses nageoires antérieures sont recouverts de plaques osseuses.
Extraits de cet article:
Après les arthrodires, les antiarches arrivent deuxième en terme de diversité chez les placodermes. Ils sont aussi les plus étranges. Les cuirasses de la tête et du thorax étaient jointes l’une à l’autre pour former une lourde boîte fermée, percée d’une petite ouverture antérieure laissant place aux narines et à deux yeux proéminents. Une autre ouverture se trouvait en avant du côté ventral et faisait office de bouche. Chaque nageoire pectorale était complètement caparaçonnée dans de l’os et s’articulait, chez certains genres, de façon rappelant plus les arthropodes, comme les crabes, que les vertébrés.
Étant donné leur profil bas, leurs yeux placés sur le dessus de la tête, leur bouche ventrale et leur allure un peu pataude pour laquelle on n’imagine pas une nage très adroite, on les a classiquement associés à un mode de vie benthique. Sondant le fond des sédiments pour se nourrir de petits invertébrés ou de matière végétale, ils utilisaient peut-être leurs "bras" pour se recouvrir de boue lorsqu’il fallait se cacher. (...)
Mais les découvertes récentes de spécimens de Bothriolepis non déformés dans les sédiments de Miguasha ont montré que leur corps était moins aplati qu’on l’avait cru et qu’ils avaient les yeux plutôt orientés vers l’avant. C’est l’ensemble des espèces de Bothriolepis de la planète qu’on voit maintenant d’un autre oeil.
LES ARTHRODIRES
Extraits de cet article:
Leur nom signifie "cou articulé". En effet, l’armure qui recouvrait la tête des arthrodires et celle de leur thorax étaient réunies par des joints mobiles qui permettaient certains mouvements verticaux. Puissamment équipés pour la nage active et dotés de grandes mâchoires denticulées ou aux rebords acérés, ces poissons étaient des prédateurs efficaces. Le groupe rassemble près des deux tiers de tous les placodermes.
Lorsque cette mâchoire s’ouvrait vers le bas, la partie supérieure du crâne, elle, s’orientait vers le haut, histoire d’augmenter au maximum l’ouverture buccale et d’engouffrer les plus grosses proies possibles. (...)
Les fossiles de Miguasha comptent l’un d’entre eux, Plourdosteus, qui pouvait faire un mètre de long.
Titre : Reconstitution de Plourdosteus canadensis
Auteur : Illustration de François Miville-Deschênes
Sources : Parc national de Miguasha
Description :
Le placoderme Plourdosteus canadensis était un prédateur de l’écosystème dévonien de Miguasha. Le nom Plourdosteus souligne l’apport de la famille Plourde dans l’histoire de Miguasha. Les Plourde ont participé aux fouilles dans la falaise pendant près d’un siècle.
Extraits de cet article:
Petit mais vorace, tel était probablement Plourdosteus canadensis. Comparé à son cousin américain, le géant Dunkleosteus de l’Ohio, l’arthrodire de Miguasha était un nain. Mais dans l’écosystème du paléoestuaire, il devait quand même faire la loi car sa taille était comparable à celle des plus grands poissons. Son corps svelte et la solide carapace sur la partie antérieure de son corps en faisaient un prédateur vif et une proie assurément coriace pour qui l’attaquait de face.
Ses mâchoires étaient composées de deux mandibules inférieures dont la jonction centrale, appelée symphyse, était partiellement mobile. Elles se fermaient derrière quatre plaques supérieures plus petites à l’avant du crâne. Chez les juvéniles, de petites dents distinctes étaient présentes sur chacun de ces éléments, mais elles s’usaient durant la vie de l’animal et ses mâchoires finissaient par arborer un tranchant continu.
(...) Si les arthrodires ont normalement un squelette interne de cartilage, celui de Plourdosteus montre une colonne vertébrale partiellement ossifiée, ce qui ne pouvait qu’améliorer encore l’efficacité de la nage.
Titre : Plaque gnathale inférieure de Plourdosteus
Auteur : Parc national de Miguasha
Sources : Parc national de Miguasha
Description :
Les plaques osseuses constituant la mâchoire de Plourdosteus s’usaient durant la vie de l’animal et elles finissaient par arborer un tranchant continu. La plaque gnathale de la partie inférieure de la mâchoire ici illustrée montre encore quelques unes des petites dents non usées qui ornaient la mâchoire des jeunes individus. Spécimen préparé à l’acide par Daniel Vézina.
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